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Vin

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Choisissez des vins qui célèbrent et protègent la terre !

Rien d’autre que du raisin, de l’eau, un terroir, des fûts de chêne… et du temps pour la vinification : vu de loin, le vin a tout d’un produit naturel, à consommer avec modération pour d’autres raisons que son impact sur l’environnement. Mais à y regarder d’un peu plus près, sa production n’est pas si propre et saine qu’on pourrait le penser : cultures intensives utilisant force pesticides et produits de synthèse, additifs chimiques pour accélérer et faciliter l’évolution naturelle du breuvage, pour accentuer sa couleur ou améliorer sa conservation, etc. Comment, dès lors, apprécier le flacon sans donner l’ivresse à la planète ? Quelques repères peuvent vous y aider…

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Le saviez-vous ?

  • On retrouve la France parmi les premiers pays producteurs de vin dans le monde : 5 pays se partagent 50% du vignoble mondial à savoir l’Espagne en première position avec 13% suivi de la Chine avec 11% et de la France à 11% aussi. On remarque que le vin reste la boisson alcoolisée la plus consommée dans l’hexagone (39%), avant la bière et les alcools forts.
    En 2019, la production de vin français risque d’être plus mauvaise que les années précédentes. En effet, les vignes ont largement souffert de la canicule, du gel du printemps et de la sécheresse. En 2018, la production a chuté de 14% suite aux aléas climatiques… De quoi inquiéter les viticulteurs…
    Il faut dire que la viticulture française traverse une mauvaise passe. En 20 ans, la consommation de vin a chuté de plus de 20% selon les statistiques de l’Organisation internationale du vin (OIV). Avec la baisse de la consommation intérieure, la France dépend de plus en plus de ses exportations : elle cherche à reprendre des parts de marché notamment chez ses concurrents proches comme l’Italie ou l’Espagne. .a mondialisation est manifeste sur ce marché et que les vins du "nouveau monde" - Australie, Afrique du Sud, Chili, Californie…- ont le vent en poupe, avec des producteurs qui certes s'attachent moins à la tradition qu'à la recherche de nouvelles techniques, mais dont les vins sont de moins en moins considérés comme de faible qualité…
  • Les vignes qui ne représentent que 4% de la surface agricole en France sont la cible de 20% des pesticides répandus dans le pays : notre pays figure en tête des pays européens utilisateurs de pesticides dans ce domaine. Parmi les principaux produits chimiques utilisés dans les méthodes de viticultures traditionnelles, le méthyle bromide est l’un des plus critiqués même s’il est de moins en moins utilisé, du fait de son haut niveau de toxicité et de ses impacts sur le système reproducteur. Le risque de trouver des résidus de pesticides ou d’autres produits de synthèse dans le vin existe donc, même s’il est interdit de traiter les raisins trois semaines ou un mois avant la récolte. Selon une étude lancé sur les vins européens (40 vins analysés dont 6 issus de l’agriculture biologique) par le Pesticide Action Network Europe et soutenue par le mouvement des droits des générations futures (MDRGF) pour la France, Global 2000 pour l’Autriche et Greenpeace Allemagne, 100% des vins conventionnels testés sont contaminés par des résidus de pesticides. En effet chaque échantillon testé contient en moyenne plus de 4 résidus de pesticides différents : les plus contaminés d’entre eux contenant jusqu’à 10 pesticides. Il faut préciser que les niveaux de contamination observés dans le vin sont considérablement plus élevés que les niveaux tolérés pour les pesticides dans l’eau puisque qu’on a trouvé dans certains vins testés des quantités jusqu’à plus de 5800 fois supérieures aux Concentrations Maximales Admissibles (CMA) autorisées par pesticide dans l’eau du robinet.  « Cette situation est inacceptable. La contamination des raisins par des substances préoccupantes est massive. » déclare F. Veillerette, Président du MDRGF et administrateur du réseau PAN-Europe. Une enquête menée par Que Choisir en France en 2013 montre aussi que 100% de l’échantillon étudié détient des résidus de pesticides. Il y aurait 300 fois plus de pesticides dans le vin que dans l’eau potable selon eux. Afin de rassurer les consommateurs, les experts affirment cependant que les quantités de résidus restent bien inférieures aux seuils de dangerosité définis par les institutions.
  • Une chose semble néanmoins certaine : l’utilisation de pesticides en viticulture affecte directement la santé des agriculteurs. En Gironde et en Charente, les cas de cancers se multiplient à proximité des vignes notamment chez les viticulteurs.
     Stimulée par le succès commercial des appellations d'origine, l'utilisation à hautes doses d'engrais, désherbants et autres produits phytosanitaires a également des conséquences nuisibles sur la vie biologique des sols et sur les terroirs qui fondent l'identité des vins français. L’utilisation des pesticides dans les vignes entraine une forte pollution des sols, des eaux et un appauvrissement de la biodiversité locale. Les sols sont de plus en plus pauvres, fragiles et ils nécessitent alors plus d’intrants : un véritable cercle vicieux. Face à de tels résultats, le Conseil Interprofessionnel des vins de bordeaux (CIVB) a annoncé en 2016 une sortie à terme des pesticides. Ils ont aussi mis en place un site internet sur lequel on peut trouver tous les produits utilisés dans la viticulture en Gironde et qui propose des alternatives aux produits les plus controversés ou nocifs.
  • Le label bio a le vent en poupe. En 2017 le chiffre d’affaires global de la filière de vins bio en France a atteint 1,2 milliard d’euros et le nombre de conversion a été multiplié par 3 de 2014 à 2017. Depuis 15 ans, les consommateurs ont des exigences de plus en plus fortes notamment sanitaires d’où le succès des vins bio. Une étude Ifop de 2017 pour le WWF montre que 70% des français souhaitent désormais consommer des produits plus « responsables ».
    Le label AB (Agriculture Biologique), qui s’applique au vin depuis le 1er janvier 2005, est donc tout autant bénéfique pour l’environnement que pour la santé (des agriculteurs en premier lieu). Mais il n’existe pas officiellement de vin bio, car le label ne garantit que la qualité bio des raisins, c'est-à-dire les méthodes de viticulture sans pesticide, herbicide, ni produits chimiques de synthèse, etc. Le vin est donc dit « issu de raisins de l’agriculture biologique ». L’étape de vinification, où peuvent intervenir de nombreux produits chimiques (près de 300 produits de synthèse sont ainsi autorisés par la communauté européenne pour cette étape), n’est donc pas pour le moment concernée. Néanmoins, près d’un tiers des vignerons français souhaitent aller au bout de la démarche et signent, en complément, des cahiers des charges "privés" sur la vinification comme celle de Nature et Progrès (qui limite l'usage du soufre SO2 et des levures exogènes chimiques) ou encore celle de  France Vin Bio qui interdit de surcroît l'utilisation de cépages génétiquement modifiés. Ces chartes privées de vinification "bio" autorisent certains de ces adjuvants en proportion limitée comme l'anhydride sulfureux, un conservateur alimentaire bien connu qui est utilisé sur la vigne ou sur le vin pour éviter que ce dernier ne s’oxyde (mais qui est suspecté de déclencher des migraines ou des allergies, notamment chez les personnes asthmatiques, ce qui explique que leur présence doive désormais être signalée sur l’étiquette) ou encore l'acide tartrique, le tartrate neutre de potassium, l'acide citrique, etc .
  • Certains vont plus loin : ainsi les labels Demeter ou Biodyvin certifient quant à eux des méthodes de biodynamie appliquée à la viticulture, dont les produits sont essentiellement distribués en magasins spécialisés. Ancêtre de la bio, l’agriculture biodynamique date des années 1920 et s'inspire des travaux de Rudolf Steiner. Tenant compte des relations entre les éléments naturels, elle diffère notamment de l’agriculture bio avec un cahier des charges plus contraignant qui s’appuie notamment sur des principes comme le recyclage dans le sol de toute la matière organique de l'exploitation avec  notamment l'utilisation de tout le fumier, lisier et des déchets ; le compostage ; des productions adaptées au sol et au climat avec recherche de diversité des espèces ; la stimulation des processus vivants dans le sol et les végétaux; le respect des interactions entre végétaux et animaux (cultures associées,...) et de l'environnement au sens large (avec par exemple un calendrier tenant compte des positions du soleil, de la lune et des autres planètes) ; une protection des végétaux basée sur l'autorégulation, la rotation des cultures, le travail du sol; l’entretien ou l’aménagement du paysage pour conserver ou recréer la diversité des biotopes (arbres, haies, zones humides, pelouses sèches, lisières,...).
  • Selon l'association environnementale WWF, la disparition des bouchons en liège sur les bouteilles de vin engendrerait une crise en Europe, notamment en Espagne et au Portugal, où poussent les chênes à écorce de liège : près de 75% des forêts qui couvrent ces régions de la Méditerranée occidentale pourraient disparaître en une dizaine d'années si l'on n'y prend pas garde (entraînant avec elles les espèces protégées qu'elles abritent), soit parce qu'elles ne seront plus rentables ou que les surfaces seront utilisées à d'autres fins. Les ONG insistent sur le fait que la récolte du liège est un procédé écologiquement responsable, qui ne suppose l'abattage d'aucun arbre mais au contraire l'entretien de la forêt (il faut attendre 60 ans pour écorcer l'arbre, ce qui peut ensuite se faire une dizaine de fois tous les dix ans environ), là où les bouchons synthétiques issus de la pétrochimie sont bien plus gourmands en énergie et en ressources. Le WWF prévoit qu’en 2015, 95% des bouteilles de vins seront bouchées avec une autre manière que le liège : le risque est grand sachant que les zones de production du liège disparaissent et qu’elles abritent ne grand biodiversité. Aujourd'hui 69% de la production mondiale de liège sert à faire des bouchons pour le vin (15 milliards de bouchons au total), mais pour éviter les vins "bouchonnés" d'une part (environ 5% des bouteilles) et pour faire face à l'augmentation de la production mondiale par ailleurs (les bouchons en liège ne pourraient couvrir qu'un quart du marché aujourd'hui), les professionnels se tournent désormais vers des bouchons en plastique imitant le liège voire en métal dévissables. Et cela met aussi en péril les quelque 60 000 emplois dépendant de cette activité dans les pays producteurs…
  • Au-delà d'un réchauffement de 2°C, la France subira en effet un grave déplacement géographique de ses écosystèmes, qu'ils soient cultivés ou naturels, et une rupture dans la pérennité de sa production agricole. Les changements climatiques annoncent donc aussi une sérieuse remise en question des terroirs... « Le changement climatique, et notamment la hausse des températures, vont bien avoir un impact sur la vigne. Les premiers effets sont déjà visibles. La floraison se fait plus tôt, ce qui est problématique en cas de gel, tout comme les vendanges, même si cela varie selon les régions. Autre problème, le vin va voir son niveau alcoolique augmenter » énonce Yves Leers et Valéry Lamarée de Tannenberg, auteurs du livre « Menace sur le vin, les défis du changement climatique » Un rapport de Greenpeace publié en 2009 intitulé « Changements climatiques et impacts sur la viticulture en France » montrait déjà à quel point le secteur de la vigne est sensible aux aléas climatiques et si rien n’est fait, les vignes se déplaceront de 1000km au-delà de leur limite traditionnelle d’ici à la fin du siècle.
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Bonnes nouvelles

  • Depuis le 1er Janvier 2009, un nouveau règlement européen sur le bio est en vigueur (fleur étoilée) et pour le vin, la seule appellation autorisée aujourd’hui est celui de “vin issu de raisins de l’agriculture biologique”. C’est donc le raisin qui est certifié bio, selon le cahier de charges de l’agriculture biologique qui prévoit notamment la non-utilisation de produits chimiques de synthèse (pesticides et engrais chimiques) et d’organismes génétiquement modifiés (OGM). Depuis 2012, le règlement bio européen intègre des règles sur la vinification bio et précise notamment que 100% des ingrédients agricoles doivent être bio. La certification se fait donc de plus en plus de la vigne à la bouteille : la mention d’étiquetage est maintenant « vin bio » et non plus « vin issu de raison de l’agriculture biologique ».
  • Certes, bio n'est pas forcément synonyme de bon, car la qualité du vin est avant tout liée au terroir, au cépage, au millésime et au savoir-faire du vigneron qui le cultive, le vinifie et l'élève. Mais nous sommes désormais loin du stéréotype des années 70 où les vins bio avaient une qualité très approximative, au point que certains vignerons faisant du bon vin ont longtemps refusé d’afficher leur démarche biologique sur l’étiquette de peur d’atténuer la qualité perçue de leurs produits. Aujourd'hui le bio suscite de plus en plus d'adeptes et connaît un succès croissant, surtout à l'étranger (70% de la production française de vins bio est exportée à l'étranger ). En 2017, ce sont 78 402 hectares de vignes qui sont déjà certifiées bio ou sont en reconversion (10% du vignoble national contre 2% en 2007). A en croire certains, le bio pourrait même donner un sérieux coup de pouce aux vins français à l'export. Selon Jean-Marc Carité, rédacteur en chef de la revue Vin Bio (qui n'est désormais plus éditée), "dans les grandes dégustations à l’étranger, en Chine, en Amérique, au Japon, qui se font véritablement à l'aveugle, on a constaté que les vins français qui arrivaient en tête étaient issus de l’agriculture biologique et biodynamique certifiée". Et cet engouement des vignerons et des consommateurs n'est pas près de se ternir car le bio est en passe de devenir une marque de qualité et de différenciation sur le marché - comme les AOC ont pu l'être à leurs débuts. D'ailleurs, 80% des vignerons de l’appellation Baux-de-Provence sont désormais convertis au bio et proposent d’inscrire l’agriculture biologique dans le décret d’appellation (AOC), leur objectif étant de convertir 100% de l’appellation en une dizaine d'années . Déjà bio à 90% aujourd’hui, le vignoble AOC Baux de Provence compte 10 domaines viticoles et un 1/3 de la surface est en biodynamie. 
  • Les vins de cépage et de marque du Nouveau Monde, s’ils sont emblématiques de l’arrivée sur le marché de nouvelles techniques de vinification éloignées des traditions de terroir, amènent aussi avec eux des pratiques plus respectueuses de l’environnement qui pourraient inspirer les viticulteurs français dans certains cas. Ainsi, le producteur J-J. Buckley s’est engagé à réduire les émissions de CO2 liées à la production mais aussi à la distribution et au transport de ses produits, puis à compenser les émissions résiduelles en finançant des projets d’énergie renouvelable, cependant que Willamette Valley Vineyards a été le premier producteur au monde à s’approvisionner en bouchons issus de forêts gérées durablement selon la démarche FSC (Forest Stewardship Council).
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Ce que vous pouvez faire

  • Essayez les vins et les champagnes issus de l’agriculture biologique ou même biodynamique, plus respectueuse de l’environnement, même s’ils ne sont pas encore facilement accessibles dans les grandes surfaces traditionnelles. Si vous ne fréquentez pas les boutiques bio spécialisées, pensez à demander à votre supermarché habituel d’en référencer, et en attendant pensez à commander les vins et champagnes sur Internet, ce qui vous évitera d’avoir à transporter les caisses vous-même. Si vous êtes amateur de vins, notez qu’il existe un « Guide des vins Hachette bio 2019» ! 
Et pensez aussi à encourager les vins issus d’une exploitation en reconversion vers l’agriculture biologique : la reconversion d’un vignoble en bio est effective seulement au bout de trois ans, c'est-à-dire à la quatrième récolte de raisins, et entre-temps le viticulteur, qui est déjà contraint de cultiver son exploitation en bio, ne peut vendre ses produits avec le label AB…
  • Méfiez-vous des appellations « Vins naturels » et autres promesses de pureté du vin : elles peuvent être trompeuses.
  • Evitez autant que possible les produits importés, qui ont nécessairement voyagé davantage  : privilégiez les produits locaux, du terroir et de la région où vous vous trouvez, ce qui est évidemment meilleur du point de vue environnemental mais aussi pour l’économie locale. Fiez-vous aux AOC (Appellation d'origine contrôlée) mais pas uniquement : ce système a été créé il y a 70 ans pour protéger les vignerons des contrefaçons en identifiant des zones de production, à l'intérieur desquelles des cépages bien déterminés sont censés être cultivés selon un ensemble de règles communes (taille, rendement à l'hectare, densité de plantation, etc.), et les vins élaborés selon des usages «locaux, loyaux et constants ». Mais depuis, le système s’est développé jusqu’à couvrir aujourd’hui 60% volumes produits en France. Il existe aujourd’hui 375 AOC viticoles décernées par l’INAO.
    Du coup, de nombreux vignerons, y compris les meilleurs, délaissent ce système réducteur pour écouler leur production auprès d'une clientèle éclairée, sous le label « vin de pays » ou même « vin de table » à des tarifs trois à quatre fois supérieurs au cours moyen des vins d'appellation qui se retrouvent bradés en grande surface. Prenez donc votre culture en main, soyez attentifs à l’origine des vins et, à l’occasion de vos déplacements, achetez même directement auprès des producteurs…

ET N’OUBLIEZ PAS : L’abus d’alcool est dangereux pour la santé. A consommer avec modération.
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