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Décoration

DÉCORATION

L'habit(at) ne fait pas le moine : en matière de mobilier ou de décoration, le « style » naturel ou les motifs végétaux ne suffisent généralement pas pour respecter vraiment la planète et ceux qui l'habitent... . Voici notre petit guide vert de l'intérieur (vraiment) écologique.

La déco écolo, c’est une tendance de fond, affirment les bureaux de styles et autres chasseurs de tendance. Mais derrière l’expression déco écolo, faut-il seulement voir des motifs avec des feuillages, des fleurs, des animaux, des couleurs empruntées à la nature ? Une dalle en PVC imprimée d’une scène bucolique avec des solvants issus du pétrole respecte-t-elle vraiment la planète et notre santé ? Non évidemment. Choisir ses meubles, ses tapis, ses coussins sans polluer l’atmosphère de nos nids douillets et en s’assurant que les personnes qui les ont fabriqués sont traitées dignement, c’est un tout petit peu plus compliqué que de se fier à des motifs floraux. Mais ça reste tout à fait faisable et un grand plaisir.

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Le saviez-vous ?

  • L'Union européenne représente encore  77% des importations de meubles en France, mais cette tendance risque d'évoluer rapidement avec la montée en puissance des produits importés de pays comme la Chine (premier exportateur mondial de meubles, la Roumanie ou l'Indonésie  où la main d'œuvre est très compétitive et permet dans certains cas de faire baisser les prix de près de 30% .
  • Les meubles représentent aujourd’hui moins de 1% du budget des Français mais la consommation de meubles a augmenté de 7,3% dans l’hexagone en 2007.
  • 40% des importations françaises de bois tropical seraient illégales.
  • Tous les matériaux utilisés pour le mobilier et la décoration ne se valent pas sur le plan de l’environnement : ainsi, sur la base de la consommation d'énergie nécessaire à la transformation et à la production d’un kilo de produit, le bois massif vaut mieux que le contreplaqué, qui vaut mieux que l’acier, qui vaut mieux que certains plastiques (polyéthylène ou PET moulé), qui vaut mieux qu’un tissu en polyester.
  • Courant dans le mobilier et surtout la décoration, le polychlorure de vinyle (PVC) est un mélange d’hydrocarbure, de chlore et de phtalates, des polluants très toxiques. La combustion du PVC génère notamment de la dioxine. Or la production de ce plastique est en hausse constante. Elle aura augmenté de 30% en 2010 et de 80% en 2020 (selon Planète Attitude Santé, éditions WWF et Seuil).
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Les trucs verts à connaître

1. LES TEXTILES

Beaucoup de tissus d’ameublement contiennent des retardateurs de flamme bromés et des composés perfluorés aux propriétés anti-tâches. Ces substances toxiques ne sont malheureusement pas mentionnées sur les étiquettes. Evitez donc les tissus qui se ventent d’être anti-tâches. Et tournez-vous vers les matières naturelles dès que possible : le lin, dont la culture exige peu d’eau, peu d’engrais ou pesticide, la soie fabriquée par des vers depuis toujours, le chanvre qui pousse sans aucun intrant chimique.  Et le coton ? Bof… Sa culture consomme énormément d’eau et un quart des pesticides dans le monde pour 3% des surfaces cultivées. En version bio, c’est évidemment beaucoup mieux. Mais si vous cherchez du tissu au mètre en coton bio pour vos rideaux, vous aurez un choix plutôt limité (voir nos quelques adresses à la fin). En revanche, côté serviettes éponges, le coton bio est aujourd’hui assez accessible. La marque Jardin Bio a lancé toute une gamme colorée en grandes surfaces (en vente aussi sur www.leanatureboutique.com). La marque Aquanatura (dans les magasins spécialisés et à la Camif) offre aussi une jolie collection en éponge bio, et même du linge de lit. En prime, son coton n’est pas blanchi au chlore et les teintures sont sans métaux lourds.
L’Ecolabel européen (une petite fleur avec douze étoiles en guise de pétales) a aussi un cahier des charges pour le textile. Guettez son logo sur le linge de lit ou les tissus de revêtement. Il garantit, y compris pour les textiles synthétiques, que l'emploi des substances nocives pour le milieu aquatique et pour l'atmosphère a été limité lors de la production des fibres, et que le risque de réactions allergiques est réduit.

2. LA LITERIE

Puisque nous y passons grosso modo un tiers de notre vie, autant être exigeant avec la qualité de nos lits. Pour faire des rêves sans allergènes ou produits toxiques, on choisit les matières naturelles, plutôt que la mousse. Chez Ardelaine, la coopérative ardéchoise, on adore compter les moutons. Avec leur laine, on garnit des couettes enveloppées de coton bio, des matelas qui procurent une bonne isolation et une régulation de la température et de l’humidité, des plaids tissés main tout doux et légers. On propose aussi des sommiers en bois Douglas du plateau de Millevaches (Limousin), sans colle et avec un vernis écolo.
Chez Futaine, il y a un lit en frêne des Pyrénées, des tatamis en paille de riz et natte de jonc, tout le coton est certifié bio et se décline en linge de lit, oreillers, couettes en pilou (la flanelle de coton qui régule la température), futons.
Chez Green Sleep, on choisit des coussins en noyaux de cerise ou un lit en bois massif (pour bébé aussi). Il y a même un modèle avec des tiroirs sous le sommier et une version canapé-lit. Le tout avec du latex naturel, du coton bio, de la laine.
A défaut de toutes ces matières nobles, on se rabat sur les matelas portant l’écolabel européen. La petite fleur garantit que le risque de réaction allergique est réduit et que la pollution de l'eau et de l'air lors de la fabrication est limitée.

3. LES TAPIS


300 000, c’est le nombre d’enfants qui travailleraient dans l’industrie du textile en Asie. Et pour beaucoup dans des conditions de quasi-esclavage. Quelques ONG tentent d’améliorer leur sort et les pratiques des fabricants de tapis. Care & Fair regroupe des importateurs qui reversent 1% de la valeur des tapis pour financer la scolarisation, le soin médical, la formation des adultes, etc (ils sont seulement trois en France). De son côté, la Fondation Step encourage tous les acteurs économiques de la chaîne du tapis à améliorer progressivement leurs pratiques sociales et environnementales : salaires plus juste, alternatives au travail des enfants, recyclage des eaux résiduelles ayant servi à la teinture (une quinzaine de commerçants labellisés en France, plus de trente en Suisse).
Côté entretien, il est bon de passer souvent l’aspirateur sur vos tapis (avec un appareil doté de filtres), surtout s’il y a des asthmatiques à la maison. Si vous pouvez les sortir pour les battre, les nettoyer et les sécher de temps en temps, c’est bien aussi. Quand il sont neufs, laissez-les quelques temps au grand air pour qu’ils évacuent un maximum de substances toxiques avant de s’installer chez vous. Et évitez d’en placer dans l’entrée, ils se chargeraient de tous les polluants de l’extérieur.

4. LE BOIS

Local ou exotique ?
Les forêts européennes sont en expansion, elles sont gérées par des forestiers qui veillent à replanter les arbres qu’ils coupent. Et acheter des meubles en bois local (pin, hêtre, chêne) évite les émissions de CO2 dues au transport. En revanche, les forêts tropicales sont gravement menacées. En vingt ans, un quart de celle de Bornéo a disparu. Les bénéfices issus du teck de Birmanie profitent à la junte militaire Birmane. Bref, la mode des bois exotiques fait des ravages. D’autant que 40% de ceux qui sont importés en France proviendrait de l’exploitation illégale des forêts (selon le WWF). Donc, si vous craquez pour un salon de jardin en teck (ou une table en wenge, un tabouret en ébène, une console en iroko…), vérifiez bien qu’il porte le logo du FSC. Le Forest Stewardship Council délivre un label certifiant des forêts gérées durablement, c’est le seul reconnu par les ONG. On trouve des conseils pour choisir le bon bois dans toutes les pièces de la maison ainsi qu’une liste de revendeurs par département, sur le site www.greenpeace.fr/ecobois.
Brut ou aggloméré ?
Le bois aggloméré, recouvert de placage ou de vernis, est une des principales sources de polluants dans la maison. La commode toute neuve aux tons pastel, installée dans la chambre de votre nouveau-né, n’a rien d’inoffensif. Elle dégage des COV (composés organiques volatils) et en particuliers du formaldéhyde, reconnu cancérogène. Alors c’est tout vu, on opte pour le bois brut et massif.
Traité ou non ?
Ce serait dommage de vernir de produits toxiques un joli bois sain. Pour l’éviter, on privilégie les essences qui n’ont pas besoin de traitement (chêne, châtaigner, mélèze, robinier…). Ou alors on choisit les produits les moins toxiques possibles (des produits labellisés bio dans les magasins spécialisés) pour le faire soi-même. Et chez les marchands de meubles, on pose des questions pour connaître le traitement subi. Pour l’entretien, on utilise des résines naturelles, de l’huile de lin, de la cire d’abeille ou même de l’huile d’olive. Et pour éloigner les insectes xylophages, voilà une recette de grand-mère (issue de Planète attitude Santé, éditions WWF, Le Seuil) : vaporiser le meuble avec de l’huile essentielle de clou de girofle, de mirbane ou de bois de cèdre (mélangée à de l’eau).

5. FAITES-LE VOUS-MEME…

Une vieille robe détournée en coussins fleuris, un pochoir et de la peinture de couleur pour redonner vie à une vieille commode, des boîtes à chaussure recouvertes de tissus ou de joli papier… Le fait maison, ça n’est pas réservé aux artistes. Avec un minimum de temps et d’inspiration, les moins doués peuvent aussi réaliser des objets de déco avec trois fois rien, sans tomber dans le ridicule. Pour des idées géniales et pas infaisables, rendez-vous sur www.espritcabane.com, « le magazine des idées créatives et écologiques ». Et si vous décidez de passer le niveau supérieur question technique, lancez-vous par exemple dans la fabrication de meubles en carton de récup’. Ils sont baroques, loufoques ou épurés et des ateliers se sont développés dans toute la France (www.compagnie-bleuzen.com).

6. LA RECUP’

La déco récup’, c’est une très bonne habitude prise depuis longtemps déjà. On ne saurait plus se passer du service des boutiques d’Emmaüs. Primo elles nous envoient des déménageurs pour ramasser nos vieux meubles. Secundo on y fait des affaires d’enfer. Voilà que donner une seconde vie aux objets n’est plus seulement un acte de charité ou d’économie. C’est désormais écologique. Alors on ne va pas bouder notre plaisir de chiner dans les dépôts-ventes et les vides greniers. Et puis, pour vivre avec son temps, on emprunte les nouveaux circuits de la récup’. Sur E-Bay, d’abord, qui est devenu le rendez-vous mondial des bonnes affaires de seconde main. Et sur Freecycle ensuite. Ce réseau, né en 2003 aux Etats-Unis, compte aujourd’hui plus de 4 200 000 membres répartis dans plus 4 200 groupes dans le monde. Le principe ? Donner au lieu de jeter et épargner à la planète chaque jour un tas de déchets. On s’inscrit dans le newsgroup de sa ville (plus de trente en France), on poste un message pour offrir un canapé, une paire de ski ou une chaise bébé et on attend que d’autres membres se manifestent. C’est cadeau ! Pour les autres et pour la planète.

7. LES PRODUITS ECOCONÇUS

Réfléchir à l’impact d’un objet tout au long de sa vie, depuis l’acheminement des matériaux nécessaires à sa fabrication jusqu’à son recyclage, en passant par son usage dans la vie quotidienne, voilà ce que font les professionnels de l’écoconception. Ils se cassent la tête pour savoir combien la production de cette chaise va consommer d’eau, quelle quantité de CO2 elle va émettre, si ses matériaux seront biodégradables. De plus en plus de sociétés s’y mettent, parce que c’est l’avenir et parfois par souci d’économies. La société néerlandaise Stokke a développé une chaise et un lit qui évoluent avec l’enfant depuis sa naissance jusqu’à son adolescence. Conforama a développé un concept de chambre d’enfant évolutive et éco-conçue, avec des exigences particulières sur l’origine des bois et les émissions toxiques.  Roche Bobois propose une console et une étagère en chêne de Bourgogne, au vernis à l’eau et dont le site de fabrication est certifié ISO 14000 (respect de normes environnementales). Le fabricant anglais de papiers peints chics Graham & Brown a lancé une gamme dont le papier et les étiquettes sont issus de forêts gérées durablement, dont le film autour des rouleaux et les cartons d'expédition sont biodégradables, les encres à base d'eau et sans solvant. Et la Camif, engagée depuis longtemps pour l’environnement, propose chaque année dans son catalogue plusieurs modèles (lits, étagères) écoconçus. Boir aussi les meubles Reestore du designer Max McMurdoqui prend des objets quotidiens en fin de vie et les transforme en une curieuse famille de meubles ou accessoires élégants et créatifs (des caddies de supermarché, par exemple).

8. L’ARTISANAT COMMERCE EQUITABLE

Ca a commencé il y a quelques décennies avec des babioles d’Amérique latine, d’Inde ou d’Afrique. On les achetait pour la bonne cause et pour ajouter une touche de folklore dans nos maisons. Aujourd’hui l’offre de produits équitables, garantissant un salaire juste aux artisans, une prime au développement, l’absence de travail des enfants, s’est considérablement étoffée. Une nouvelle génération est venue mettre son nez là-dedans, dénichant des artisans hors pair, les accompagnant pour adapter leurs créations aux goûts occidentaux, intégrant une touche de design par-ci, par là… La déco équitable a fait sa mue. Plus question de l’acheter par pitié, juste par plaisir. Les entreprises françaises de commerce équitable sont regroupées au sein de deux fédérations : la plateforme du commerce équitable et Minga. On trouve des points de vente dans toute la France sur leur sites.

9. LES PLANTES DEPOLLUANTES

C’est un travail ingrat de jouer les plantes vertes dans une maison écolo ? Sûrement pas. Depuis qu’on sait que certaines d’entre elles ont un pouvoir dépolluant, on en met dans toutes les pièces, en les couvant d’un œil reconnaissant. L’aloe vera, le ficus et le philodendron absorbent le formaldéhyde, l’azalée se charge de l’ammoniac, le lierre du benzène, le philodendron du Pentachlorophénol (un produit de traitement du bois)…
Gare quand même aux plantes vertes s’il y a des allergiques dans la famille : l’une des premières choses que demande un allergologue en consultation à un patient souffrant d'asthme, même léger, c'est s’il a des plantes vertes à domicile. La raison ? Certaines plantes sont allergisantes (ficus, papyrus, etc.) et de manière générale les plantes favorisent l'humidité, les poussières et les moisissures, qui se répandent dans l’air et peuvent déclencher des allergies. Restez donc vigilant en cas d’allergie, aérez régulièrement les pièces où se trouvent des plantes, évitez de les mettre dans les chambres à coucher et dans tous les cas dépoussiérez-les régulièrement avec des chiffons en micro-fibres humides, sans produit chimique toxique…
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La question qui tue !

Une déco écolo est-elle forcément baba cool ?

Certes, les yourtes et les cabanes, meublées de rotin, de créations récup’ brinquebalantes et de toile écru, c’est charmant, bohème même. Mais on n’a pas tous envie de vivre toute l’année dans une atmosphère de communauté hippie des années 70. Dieu merci, une nouvelle vague de créateurs déferle qui font rimer écolo et design. Des preuves, on en trouve chez Ekobo qui a envahi les boutiques de déco avec ses saladiers en bambou laqués aux couleurs vives, ou chez Brindi, qui propose des lampes et objets design en matériaux écolo. Chez le collectif 5x5 qui fait de la récup’ super pointue, enfin pardon, de la « médecine des objets ». Sur le site Neomansland qui a le chic pour dénicher des tapis bouches d’égouts en pneu recyclé ou des corbeilles en vieux vinyle. Pour rêver carrément, on va visiter le site du designer belge Charles Kaisin qui crée des banquettes-accordéon ou des chaises froufroutantes en papier journal. Et on reste baba (tout court) devant la collection sublime de meubles de Vivavi société américaine qui a son show room à Brooklyn et déniche le plus pointu de l’écolo-design.
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