- PETITE HISTOIRE DU SOUTIEN-GORGE
Le soutien-gorge est une invention centenaire (le terme « soutien-gorge » est en effet apparu en 1904 dans le dictionnaire Larousse), même si depuis l’Antiquité les femmes ont toujours porté divers accessoires pour maintenir leur poitrine. Les ancêtres du soutien-gorge ont connu bien des formes : le strophium (sorte de bande de tissu enroulé sous la poitrine), le bandeau, la brassière, la tunique à lacets, puis le corset (ajusté et lacé dans le dos) qui ne cessera d’évoluer à travers l’Histoire et au rythme des modes. Le premier soutien-gorge, appelé le corselet, est né en 1889, sous la main de la française Herminie Cadole, qui décide pour plus de confort, de couper en deux le corset au niveau de la poitrine. D’innovations en révolutions (de formes et de matières), on est arrivé au soutien-gorge que nous connaissons.
- LA FACE CACHEE DU COTON CONVENTIONNEL
Fibre textile la plus largement utilisée dans le monde, couvrant 50 % des besoins de fabrication textile, le coton est l’une des cultures les plus polluantes au monde. Le cotonnier est une plante particulièrement exigeante en eau et en éléments nutritifs chimiques. Sa culture (provenant surtout des Etats-Unis, d’Afrique, d’Inde, de Chine et du Pakistan) engloutit 24% des pesticides utilisés dans le monde pour une surface agricole mondiale de seulement 2,4%. Un usage intensif de produits chimiques qui empoisonnent gravement les sols et diminuent leur fertilité, déséquilibre l’écosystème environnant et nuit à la santé des récoltants qui les inhalent. Très gourmande en eau, elle utilise les réserves nécessaires à la survie de nombreuses populations. Sans parler des OGM qui représentent aujourd’hui plus de 20% des plantations de coton.
Longtemps associés à l’esclavage, les plantations de coton apportent encore aujourd’hui leur lot de misère et d'inégalités sur un marché concurrentiel : non respect des droits de l’Homme, travail des enfants, endettement des petits exploitants, etc.
- LE MARCHE DE LA LINGERIE
En 2005, la lingerie représente 19% des dépenses d'habillement, en légère hausse par rapport à 2004. Les soutiens-gorge ont la cote puisqu’ils entrent dans 42,7% des dépenses de lingerie. Une Française acquiert en moyenne plus de deux soutiens-gorge, un peu plus de cinq culottes ou string par an. Les plus grandes consommatrices de lingerie sont les femmes de 15 à 24 ans, avec un budget moyen annuel de 133,1€ (référence année 2005).
Avec des dépenses de 2,5 milliards d’euros, soit un budget moyen annuel de 100,8€ par femme en 2005, les françaises sont en seconde position dans le classement européen, juste après les anglaises (110€ par an et par femme) et devant les italiennes (79€). Sources : Fédération française de la lingerie et Institut français de la mode.
La France a un véritable savoir-faire en matière de lingerie et se démarque avec de grands créateurs de lingerie reconnus sur le marché mondial : Aubade, Chantal Thomass, Chantelle, Dior, Lejaby… Aujourd’hui seules quelques grandes maisons subsistent, de nombreux ateliers et usines ayant mis la clef sous la porte face à la concurrence des pays en voie de développement.
- LES DIFFERENTES MATIERES TEXTILES
A côté des matières naturelles (coton, chanvre, lin, bambou…), on trouve les matières synthétiques (nylon, polyester, acrylique, aramide), obtenues par synthèse de composés chimiques, venant quasi exclusivement d'hydrocarbures ou d'amidon. Et aussi les matières artificielles, obtenues par des traitements chimiques de matières naturelles comme les caséines de lait pour le lanital, la cellulose de divers végétaux (écorce de pin, bambou, soja, bouleau) pour la viscose. Bien entendu, synthétiques ou artificielles, ces matières ne valent guère mieux en terme d’éthique, d’environnement et de santé et sont particulièrement nocives au regard des nombreux produits chimiques utilisés pour les obtenir, lesquels entrent ensuite en contact avec la peau.
- C’EST PARFOIS PLUS PARLANT EN IMAGES
On aime à croire que la lingerie est un univers merveilleux de séduction et de perfection, où tout est beau et sans accros. Sauf que vous n’avez peut-être pas encore vu cette vidéo sur
www.morethanprettyknickers.com, réalisée par la marque anglaise Eco-Boudoir en partenariat avec la BBC, elle risque de vous faire descendre de votre nuage sur la lingerie et l’éthique. On vous y apprend notamment que la fabrication d’un kilo de coton nécessite 20 000 litres d’eau et la création d’une petite culotte émet à elle seule 18 kg de CO2.
- CAMPAGNE DE SENSIBILISATION
En 2006, un grand défilé de mode sur le thème « Moda sin toxicos » (mode sans toxiques) a été organisé à l’initiative de Greenpeace. Son objectif : faire face au lobby de l’industrie chimique en montrant qu'il est parfaitement possible d'allier esthétique et respect de l'environnement, et faire alors adopter par le Parlement européen le nouveau projet REACH (en français, « Enregistrement, évaluation et autorisation des produits chimiques) visant à protéger la santé des consommateurs et l’environnement contre les risques liés à l’utilisation de milliers de substances chimiques en votant en faveur du principe de substitution. Etaient proscrits des modèles présentés par 16 créateurs, les six principales substances toxiques qu’il est encore possible de trouver dans des textiles vendus en Europe, à savoir le plomb, le nickel, les phtalates, les formaldéhydes, le chrome et l’arylamine.
- DERRIERE LA COULEUR
Métaux lourds, colorants azoïques, formaldéhyde, chlore, et autres produits chimiques toxiques aux noms tous plus effrayants les uns que les autres, souvent utilisés au cours du processus de teinture. Ceci pour obtenir les teintes les plus diverses, mais à quel prix pour la santé et l’environnement. N’oublions pas que les procédés de blanchiment puis de teinture nécessitent également de grandes quantités d’eau. Sans compter le cocktail de produits chimiques ajoutés pour obtenir des tissus brillants, souples, résistants au lavage, à la lumière, au chlore, au nettoyage à sec, à la transpiration, au frottement…
- PETITE PRECISION UTILE
Attention, le terme 100% coton signifie seulement que le textile est composé de 85 à 90% de coton, les 10 à 15% restants sont des résines et autres apprêts chimiques.
- CONSEILS DE LAVAGE
Afin de préserver la lingerie et d’éviter la déformation des armatures, il est préférable de la laver à la main, ou sinon d’utiliser un filet protecteur pour tout lavage en machine. Sans oublier d’utiliser une lessive douce. La plupart des lessives traditionnelles sont pourvues d’agents lavant chimiques (appelés tensio-actifs) nocifs pour la santé d’une part puisqu’ils peuvent générer des réactions allergiques au contact de la peau. Nocifs aussi pour l’environnement puisque seuls 5 à 20% des composants sont dégradés et que le reste se retrouve dans nos canalisations, contamine les nappes phréatiques et les rivières. Nocifs enfin pour le textile en lui-même puisque les agents blanchisseurs d’origine pétrochimique abîment les fibres et l’éclat des couleurs. Attention à ne pas sur-doser la lessive en machine – la quantité de lessive dépendant du degré de saleté et de la dureté de l’eau – et à mettre la bonne température de lavage – 40°C suffit pour du linge normalement sale. Plutôt que d’utiliser le sèche-linge, trop agressif pour les textiles délicats, il est préférable de faire sécher à plat pour préserver les matières et les coloris.