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Lunettes

LUNETTES

S'il y a bien un accessoire capable de définir un style à lui tout seul, c'est bien la paire de lunettes...

De vue ou de soleil, elle habille bien plus que votre visage. Les préoccupations écologiques gagnant du terrain dans le monde de l'optique, il est grand temps de changer sa manière de voir et d’affirmer sa personnalité écolo-chic. Entre les soudures productrices de plomb, les peintures polluantes, les matières plastiques toxiques, les lunettes éco-conçues vont enfin pouvoir pointer au bout de votre nez. Tour d’horizon des premières versions “éco-friendly” de cet objet du quotidien.

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Le saviez-vous ?

Petite histoire des lunettes
Les lunettes ont fait leur apparition en Italie à la fin du 13ème siècle. Le physicien florentin Salvino Degli Armati découvre que, si on amincit la lentille de verre d’une loupe ou si on change simplement sa courbure, on voit nettement les objets situés à une certaine distance. Il conçoit alors les premières lunettes biconvexes pour presbytes, faites de deux lentilles reliées entre elles. A noter que les verres concaves pour les myopes n’apparaîtront que deux siècles plus tard, à la Renaissance. Les lunettes portent d'abord le nom de « bousicles », puis « bésicles », et sont surtout présentes dans le milieu monastique, les moines étant alors les seuls à savoir lire et écrire. Le mot « lunettes » découlera ensuite de la forme des verres, laquelle rappelle celle de petites lunes. Nombreux furent les systèmes plus ou moins ingénieux inventés au fil des époques pour stabiliser les lunettes sur le nez : le « pince-nez » (fort désagréable pour la respiration) dans des versions multiples, les lunettes à rubans, les lunettes à bonnet ou encore les lunettes frontales (fixées sur une sorte de cerceau en acier). Puis le monocle, constitué d’un verre unique avec une monture ronde et tenant grâce aux muscles de la paupière, les binocles à ciseaux que l’on tient devant les yeux, le face-à-main, etc. Ce n’est qu’au 18ème siècle que l’on songe à fixer des branches à la monture. En 1746 naissent alors les lunettes à tempes (faites de branches rigides courtes et toutes droites). Avec la fin des perruques, les branches sont rallongées pour s’appuyer sur les oreilles. Les révolutions s’enchaîneront alors, avec en 1752 les branches articulées, en 1796 la première monture en fil métallique, en 1857 l’invention du support nasal. Le design des lunettes que nous connaissons aujourd’hui devient une réalité dans les années 1920.

Le marché français de l’optique
Le marché français de l’optique est un marché qui se porte bien, en grande partie grâce au vieillissement de la population. En 2004, le chiffre d’affaires du secteur a progressé de 3,5%, pour atteindre 3,5 milliards d'euros. Les verres représentent 58% du CA (soit plus de 2 milliards d’euros), les montures 24,5% et les solaires plus de 6% (en léger recul). C’est un marché de renouvellement important, de plus en plus concurrentiel, à forte compétence ajoutée et délocalisé (75% des montures distribuées en France sont en effet produites à l'étranger). Le secteur de l'optique est particulièrement concentré : les dix premières enseignes (Optic 2000, Krys, Alain Afflelou, Les Opticiens mutualistes, GrandOptical, Générale d’Optique, Atol, Optical Center, Lissac, Lynx Optic) réalisent les trois-quarts du chiffre d'affaires total du secteur. Avec 40% du marché et un point de vente sur deux portant leurs couleurs, Optic 2000, Krys et Alain Afflelou constitue le TOP 3.
Le marché français de la lunetterie est aujourd’hui à maturité, les enseignes sortent d'une phase d'occupation du terrain durant laquelle le développement des magasins a été la grande priorité. Avec 8 760 points de vente et les nombreux nouveaux entrants sur les réseaux discount, la distribution arrive aujourd’hui à saturation. Source : Bien Vu.

Panorama mondial
La France occupe le 4ème rang mondial des producteurs de lunettes (7,6%), derrière l’Italie (28%), le Japon (19%), et la Corée (10%). Les USA sont le premier marché mondial pour la consommation de lunettes (35,4%), suivis de l’Allemagne (14%), du Royaume-uni (5,7%) et de la France (5,1%). Attention, la contrefaçon représente aujourd'hui entre 5 et 10% du commerce mondial. Elle a donc un impact sur la qualité et sécurité des lunettes.
Source : Les lunetiers du Jura, Syndicat professionnel des fabricants de lunettes.

La lunetterie, un savoir-faire français
Morez est reconnu comme le berceau de la lunetterie française, la toute première monture en fil de fer, ultra légère, y ayant été réalisée par l’artisan cloutier Pierre-Hyacinthe Caseaux à la fin du 18ème siècle. Le travail du métal est en effet, depuis le 16ème siècle, la spécialité des artisans du Haut-Jura. Une véritable industrie s’y est créée peu à peu et en 1900, grâce à sa réputation de qualité et de créativité, Morez s'impose alors comme la capitale de la lunetterie française. Morez et sa région représentent aujourd’hui 55% de la lunetterie française et rassemblent 60 entreprises de la lunetterie. 10 millions de montures (essentiellement en métal) y sont fabriquées chaque année. Une lunette sur deux est d’ailleurs destinée à l’exportation, et ce, dans 40 pays du monde, principalement en Europe, aux USA, au Japon et dans le sud-est asiatique. Avec Oyonnax, plus spécialisée dans les montures plastiques, Morez forme aujourd’hui l’un des pôles mondiaux de la lunette.
Source : Les lunetiers du Jura, Syndicat professionnel des fabricants de lunettes.


La fabrication d’une monture
En lunetterie, il existe trois grandes familles de matériaux pour la fabrication d'une monture. Les matériaux organiques ou plastiques, dont la matière première de base est le pétrole. Citons le polyamide, le polycarbonate, les élastomères et le caoutchouc (surtout pour les zones en contact avec la peau), divers polymères exotiques comme la résine époxy ou le polyuréthane. On utilise aussi beaucoup l’acétate de cellulose qui est un matériau artificiel puisque c’est une sorte de plastique fabriqué avec de la cellulose naturelle tirée par exemple du bois ou de coton. Du côté des matériaux naturels, on trouve de nombreuses essences de bois (souvent exotiques), généralement vernies mais aussi la corne et l’écaille de tortue ainsi que du caoutchouc naturel, surtout pour les zones de contact. Les métaux les plus utilisés sont l’acier inoxydable, le titane et différents alliages - titane, aluminium, cuivre, nickel et bronze. Ensuite les montures subissent des traitements de surface spécifiques, soit des traitements galvaniques à base de métaux nobles (or, palladium...) ou plus communs (tels que le chrome, le ruthénium, le bronze, le nickel...), soit des traitements organiques (peintures, vernis époxy ou polyuréthane) transparents ou opaques, incolores ou teintés nécessitant une cuisson après dépôt par pulvérisation sur la monture. Autant de matières contreversées au regard des substances nocives qu’elles contiennent et de leur faible biodégradabilité. Suffisamment signifiant, une paire de lunettes en plastique mettra plus de 400 ans pour se dégrader. Sans parler des procédés de traitements et de soudure utilisés particulièrement polluants.

La vue, la préoccupation de santé n°1 des français
Les Français sont soucieux de leur vue, c’est ce que révèle l’enquête annuelle de l’ASNAV (l’association nationale pour l’amélioration de la vue) menée par l’Institut Opinion Way. Pour 89% des Français, les problèmes liés à la vue arrivent en effet en tête des préoccupations de santé au quotidien (devant les problèmes cardio-vasculaires, dentaires, d’audition, etc.). A noter, 1 Français sur 2 porte des lunettes correctrices et les Français changent leurs lunettes en moyenne tous les 3 ou 4 ans.

Les lunettes, un besoin mondial
Selon l'Organisation Mondiale de la Santé, 153 millions de personnes des pays en voie de développement souffriraient de troubles oculaires non corrigés (myopie, presbytie ou astigmatisme), qui pourraient pourtant être rapidement diagnostiqués et facilement traités à l'aide de verres correctifs. Des millions de personnes qui sombrent alors dans la misère parce qu'elles ont une mauvaise vue, faute de lunettes. Les enfants ne peuvent pas apprendre, les adultes se retrouvent limités sur le marché de l’emploi, et les personnes âgées sont dépendantes.
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Bonnes nouvelles

-    La toute première paire de lunettes entièrement éco-conçue existe enfin. Lancé par la marque Linkskin en 2006, ce concept écologique est alors une première mondiale dans le monde de l'optique. L'innovation de cette collection verte tient dans la prise en compte du cycle de vie complet du produit, avec l'objectif de réduire au maximum l’impact environnemental en puisant au minimum dans les ressources naturelles et énergétiques, tout en conservant design, confort, solidité et légèreté (10 g). La face et les branches sont fabriquées en matériaux (métal et plastique) recyclés (à hauteur de 50% minimum) et recyclables un système d’assemblage novateur en acier chirurgical permet des fixations sans vis, ni soudures ni charnières, et les traitements sont réalisés dans la masse avec des couleurs sans substance nocive pour l'environnement ou pour le porteur. Plusieurs modèles (chacun accompagné de son étui en polymère 100% recyclé) en différents coloris pour femmes et hommes existent (pour un prix de 229€). Une collection enfants devrait voir bientôt le jour. La charte éco-design a d’ailleurs été récompensée par un Silmo d’Or en 2009 – prix décerné chaque année lors du Mondial de l’optique. L’entreprise est par ailleurs membre du Club 1 % pour la planète (voir notre guide des labels).

-    D’autres initiatives soucieuses de l’environnement dans le secteur de la lunetterie se développent petit à petit. Quelques marques se convertissent aux matériaux recyclés et/ ou recyclables. Citons les lunettes loupes en métal et plastique recyclés, et depuis peu les lunettes classiques en bambou (un matériau naturel renouvelable rapidement) de la marque californienne ICU Eyewear. Les solaires ont pris la vague de l’éco-conception. Pour les sportifs, rien de tel que les lunettes de soleil "Bob Burnquist Gascan" de Oakley en référence au skateur brésilien, connu pour son engagement en faveur de l’écologie. Une lunette fabriquée à partir d’excédent de matières d’autres lunettes de la marque et, dont les motifs ont été réalisés en bambou. Voilà en plus de la responsabilité environnementale, du recyclage intelligent ! La marque a poussé le détail écolo jusqu’à l’étui, composé en fibre de bambou bio. Sans oublier l'emballage qui a été conçu avec des matériaux recyclés et des encres de fèves de soja. Comptez 120€ (dont une partie est reversée à l'association Action Sports Environmental Coalition). Autre choix pour l’été, la ligne "Dragon Expérience E.C.O" (pour Environmentally Conscious Optics) conçue en matériaux 100% recyclable, et co-signée par le surfeur le plus en vue de la côte-ouest américaine Rob Machado et Dragon Alliance. Une monture accessible à 130€ et accompagnée d’un packaging certifié FSC (voir notre Guide des labels), en coton bio et imprimé avec des encres à l’eau.

-    Le plastique, ce n’est pas fantastique ! Si vous êtes convaincu par cette chanson bien connue, découvrez des lunettes toute en bois. Elles ont de l’allure et réussissent le pari d’une touche originale et écolo facile à porter. Une inspiration au naturel qui nous vient essentiellement de l’étranger. Parfaites pour protéger les yeux du soleil et la planète tout en restant chic, les lunettes en bois iWood sont faites à la main aux Etats-Unis à partir de bois exotique récupéré sur des chantiers de fabrication de yachts de luxe et certifié FSC. Il faudra compter environ 300€ la paire. Avec leurs faux airs de Ray Ban, les lunettes Shwood sont également fabriquées à la main aux Etats-Unis, à partir de bois local ou de bois exotique en provenance de forêts durablement gérées. Il existe 3 modèles proposés à 120€.

-    La première monture 100% biodégradable vient d’être présentée au Silmo 2010. Elle s’appelle B-Wear et est élaborée à partir de maïs. Demetz Optique de Sport utilise pour cette monture d’un tout nouveau genre, un matériau plastique composé d'acide polylactique (PLA), obtenu à partir de la fermentation d'un sucre ou d'un amidon. Du coup, il suffira de 45 jours dans un compost industriel ou de 120 jours dans un compost domestique à la B-Wear pour se dégrader. Autres atouts: la couleur utilisée est à base de teinture alimentaire, la monture pèse moins de 20 g et ne comporte aucune visserie. Un cocktail gagnant pour 75€.

-    Pour garantir la qualité des lunettes, l'enseigne d’optique Atol a relocalisé en France une partie de sa production jusqu'alors fabriquée en Chine et fait désormais appel à deux sous-traitants situés dans le Jura. Un parti pris responsable initié en 2005 et espérons-le annonciateur d’autres bonnes nouvelles sur le front environnemental.
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Ce que vous pouvez faire

-    Choisissez (du 1er coup d’œil) les lunettes qui vous correspondent en évitant de tomber dans le grand jeu des modes qui changent à chaque saison, vous réduirez ainsi l’impact de la fabrication d’une lunette et le volume de déchets en les gardant plus longtemps.

-    Si vous aimez (souvent) changer de look, optez plutôt pour les lunettes modulables. Les marques qui proposent une monture sur laquelle on peut changer la face ou les branches sont de plus en plus nombreuses, un effet tendance qui a le mérite de limiter l’utilisation de matière et d’éviter le gaspillage (à changer trop régulièrement de montures). Ceci sans perdre le plaisir de renouveler son style, avec en plus le loisir de personnaliser sa monture soi-même. Laissez-vous séduire par les lunettes Dilem à branches interchangeables (brevetées), qui plus est made in France, ou la collection Zenka.

-    Préférez les lunettes fabriquées en France telles que Vuarnet, Alain Mikli (pour le haut de gamme), Georges Rech, Torrente, Ines de la Fressange, New Man et Miniman pour enfant (du Groupe Albin Paget), Anne & Valentin (pour les montures en plastique), Beausoleil, Cartier (le seul lunetier de luxe a encore fabriqué elle-même ses lunettes et en France), Derome Brenner, Exalto, Elcé, Eyers ou encore la toute jeune marque savoyarde MILF Sunglasses. L’assurance de la qualité puisque les marques françaises misent davantage sur le haut (et le moyen) de gamme. Vous réduirez ainsi aussi l’impact environnemental lié au transport et participerez au maintien de l’emploi en France.

-    Evitez les grandes enseignes qui vous proposent la seconde paire de lunettes gratuite pour un euro de plus. Cette deuxième monture proposée pour vous inciter à acheter toujours plus, est souvent fabriquée à bas prix en Asie. Une fausse bonne affaire qui finira certainement juste dans un tiroir et qui encourage la production de lunettes de qualité médiocre.

-    Pour réduire l’impact carbone de vos lunettes, donnez vos anciennes lunettes pour qu'elles soient réutilisées. Sachez que l'association Lunettes Sans Frontière collecte depuis 1974 des lunettes pour les pays en développement (où vivent plus de 90% des personnes ayant une déficience visuelle) et également les plus pauvres en France. Autre option, demandez à votre opticien s’il participe à une opération de collecte de lunettes usagées comme l’enseigne Krys (la Fondation d’Entreprise Krys pour la Vue mène depuis 2007 des opérations de collecte de lunettes auprès du grand public et de remise en état, pour les envoyer ensuite vers l’Afrique, Madagascar, le Brésil ou encore l'Inde, pour aider tous ceux qui n’ont pas accès aux soins par manque de moyens ou de structures médicales) ou Optic 2000 (qui prend en charge un centre optique au Burkina Faso).

Création et écologie vont de pair. Et le mouvement ne fait que commencer. Affichez-vous désormais avec des lunettes qui voient plus loin que le bout de votre nez !


Aller plus loin :

Le Gifo, Organisation professionnelle des industriels français de l'optique
Le Silmo, Salon international de l'optique lunetterie 
Le Syndicat national Lunettes de France

Le Syndicat professionnel des fabricants
La Maison de l'Optique, un lieu d'échanges virtuel entre les professionnels et le grand public, qui rassemble tous les acteurs clés de la filière optique.
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