Le mouchoir en papier fait parti de ces objets du quotidien que nous consommons sans réfléchir à leur impact environnemental, qui peut pourtant s’avérer dramatique. Source de pollution, cause de déforestation et à l’origine d’allergies, il n’est pas exempt de défauts.
Utilisé pour se moucher, ou en cas de dépannage pour éponger, essuyer, démaquiller… Le mouchoir en papier est partout ! Il a tellement intégré notre quotidien que le nom de la marque Kleenex est devenu un nom commun. Il représente 8,5% de la consommation totale de papier en France, soit 15kg par personne et par an. Composé de cellulose, souvent de première qualité pour satisfaire les exigences du consommateur en terme de douceur, le mouchoir en papier constitue une source de pollution majeure (déforestation, consommation astronomique d’eau, produits chimiques répandus dans la nature pour le blanchiment…). Le mouchoir en papier est pourtant une invention récente sur laquelle il convient de s’interroger, notamment face à son ancêtre en tissu, bien plus écologique, et qui tend à revenir sur le devant de la scène !
- Le mouchoir que nous connaissons aujourd’hui est le résultat d’une longue évolution. Au cours de l’histoire, cet objet s’est adapté aux facteurs économiques ainsi qu’aux évolutions de la mode, des connaissances en matière d’hygiène et des normes de politesse. Le mouchoir ne sert pas qu’à se moucher, et son usage peut fortement varier selon les nécessités du moment.
- Les origines du mouchoir en tissu remontent à l’antiquité et il pouvait être selon les régions en coton, en lin ou en soie.
- Il n’est cependant pas un objet de première nécessité car son usage n’a pas toujours été courant, surtout aux époques où le moindre morceau de tissu avait une immense valeur. Jusqu’au début du XXe siècle il était encore fréquent de se moucher dans ses doigts ou son manteau.
- Le mouchoir est un objet très marqué moralement. Ainsi, selon le contexte, l’époque et l’endroit, se moucher peut être perçu comme un acte poli ou discourtois. Si aujourd’hui en France, le mouchoir est caché, rangé à l’intérieur d’une poche, cela n’a pas toujours été le cas.
- Le mouchoir en tissu n’a plus la cote, et revêt aujourd’hui une dimension personnelle, intime, contrairement à son homologue en papier jetable. Il peut par exemple avoir une utilisation parfois très éloignée de son usage initial, comme un objet à part entière au sein d’une garde-robe.
- Si le mouchoir en tissu est plus écologique, il est néanmoins préférable selon l’institut Pasteur d’utiliser des mouchoirs en papier jetables, jugés plus hygiéniques. Ils éviteraient ainsi la prolifération des microbes puisque certains virus peuvent survivre plusieurs jours dans un mouchoir. En cas d’utilisation de mouchoirs en tissus, il convient donc de les laver très régulièrement.
- C’est la société Kimberly-Clark Corporation qui a inventé les mouchoirs en papier en 1924, sous le nom de Kleenex. Aujourd’hui, il se vend près de 20 milliards de mouchoirs Kleenex chaque année en France ! Sachant qu’un mouchoir n’est pas recyclable et met environ 3 mois à se dégrader dans la nature, ce produit représente une source de pollution considérable !
- L’industrie des mouchoirs en papier est lourde et polluante. La séparation des fibres de bois des autres constituants contribue notamment à une déforestation massive. En outre, la production d’une tonne de papier implique de pomper entre 100 et 200 litres d’eau, avant l’étape de blanchiment au chlore, elle-même source de pollution et d’allergènes.
- Les produits en papier jetables sont en plein boom actuellement et constituent l’un des secteurs les plus dynamiques en France. Malgré la sensibilisation accrue des consommateurs aux problématiques du développement durable, la proportion de produits fabriqués à partir de fibres de bois recyclées diminue sans cesse, sans que l’on explique clairement ce recul. Pourtant, la fabrication de mouchoirs à base de papier recyclé est une bonne affaire pour les industriels, car bien moins coûteuse en eau et en énergie qu’une fabrication à partir de fibres neuves. Mais ils semblent moins attirer les consommateurs selon les entreprises…
- L’arrivée des mouchoirs en papier en France dans les années 60 a signé la fermeture des entreprises historiques fabriquant des mouchoirs en tissus. Ainsi, dans la ville de Cholet, en Maine-et-Loire, les derniers établissements qui, jusqu’en 1983 fabriquaient encore 60% des mouchoirs en tissu français, ont dû fermer leurs portes en 2003. Depuis, l’hégémonie des mouchoirs en papier est incontestable !
- Si ces deux organisations sont aujourd’hui partenaires, les relations entre Kimberly-Clark (Kleenex) et Greenpeace n’ont pas toujours été de tout repos ! La bataille fut déclenchée en 2004 par la campagne Kleercut de Greenpeace, visant à mettre en lumière les pratiques peu recommandables de la marque : selon Greenpeace, on ne trouvait alors que 22% de fibres recyclées dans les produits Kleenex, le reste étant en fibres brutes de bois issues de la forêt boréale canadienne. Ce n’est qu’en 2009 que Kimberly-Clark a accepté de rencontrer Greenpeace et de conclure un partenariat visant 100% de fibres provenant de sources écologiques et responsables. Depuis, les partenaires se rencontrent une à deux fois par an afin de faire le point sur les avancées des objectifs. Kimberly-Clark a rejoint le programme Global Forrest & Trade Network, montrant ainsi l’intérêt de la marque pour l’opinion des consommateurs sur ces problématiques de développement durable.
- Les mouchoirs en papier sont arrivés dans le commerce et les gammes à base de fibres recyclées tendent à se généraliser parmi les grandes marques. Plus respectueux pour la planète et souvent plus doux pour les peaux sensibles (moins de produits chimiques sont utilisés pour leur fabrication), leur emballage est souvent en carton recyclé comme chez Kleenex. De nombreuses marques écologiques fournissent dans leurs gammes des mouchoirs, comme Ecodoo, Memo… Souvent labellisées l’Ange Bleu.
- Même tombé en désuétude, le mouchoir en tissu inspire les créateurs ! Au Québec la marque TSHU a créé une ligne de mouchoirs en tissu à la fois écolos et design. Espérons que des produits d’une telle qualité ne tardent pas à arriver en France !
- Qu’on se le dise : le mouchoir en papier usagé ne se recycle pas ! La seule chose que vous pouvez faire, c’est le composter.
- Si vous souhaitez éviter le gaspillage de fibres de bois neuves, vous pouvez opter pour les mouchoirs en papier recyclé. Ils seront moins doux mais bien plus écologiques qu’un papier de première qualité. Un label de référence : l’ange bleu, qui assure que les fibres du mouchoir ont été recyclées au moins 3 ou 4 fois, en répondant à des critères écologiques stricts notamment au niveau du blanchiment. Le label FSC Recycled garantit qu’au moins 85% des fibres sont issues de papier recyclé. Certains labels ne sont pas aussi fiables concernant l’utilisation de matières recyclées puisque les producteurs ont la possibilité de se labéliser seuls, sans contrôle externe. Le label NF environnement n’assure quant à lui que 30% de fibres recyclées, le reste pouvant provenir de forêts en danger.
- Enfin, vous pouvez vous inspirer de vos grands-parents et utiliser des mouchoirs en tissu. Ils sont beaucoup plus écologiques puisqu’ils sont réutilisables un grand nombre de fois, présentent l’avantage d’être plus doux que ceux en papier et irritent moins le nez. D’un point de vue hygiénique, ils ne sont pas moins propres que ceux en papier s’ils sont régulièrement changés et lavés. Après avoir presque disparu, ils sont de plus en plus plébiscités par les citoyens, conscients de la pollution engendrée par les mouchoirs en papier. Choisissez toutefois de préférence des mouchoirs en coton ou en lin biologique et lavables en machine.