1. ON APPREND A LIRE LES ETIQUETTES
Les emballages restent la principale source d'information sur les produits alimentaires, cités par 49% des gens, devant les médias et la publicité. Poussés par les réglementations et l’opinion publique, les fabricants accumulent les informations nutritionnelles et environnementales, les labels de qualité sociale ou environnementale plus ou moins parlants pour le grand public… mais aussi les allégations trompeuses qui encombrent les emballages ! Au total, près de 50 logos et labels différents peuvent être trouvés aujourd’hui en France sur les produits alimentaires et non-alimentaires pour signifier un meilleur respect de l’environnement ou une « plus-value » sociale. Et pour ne rien arranger, l’absence de label ne signifie pas toujours que la démarche n’est pas fiable (sur le commerce équitable, cela peut simplement vouloir dire que la filière n’existe pas encore…). Difficile dans ces conditions pour les consommateurs de s’y retrouver ! Certes,
44 % des Français disent déjà prendre en compte dans leurs achats les engagements éthiques pris par les entreprises, et une large majorité (92 %) se dit prête à le faire demain mais ils manquent de repères : trois Français sur dix connaissent le logo du commerce équitable Max Havelaar (contre 7 ou même 9 personnes en Suisse et aux Pays-Bas), une personne sur dix seulement identifie la fleur qui sert de logo à l’écolabel européen (contre le double en scandinavie) et si neuf consommateurs sur dix qui achètent du bio connaissent le logo AB, seuls quatre d’entre eux identifient son équivalent européen. alors on prend en main votre éducation de consommateur responsable et on apprend à connaître les labels fiables et reconnus, même si tous ne se valent pas :
- le label FSC (Forest Stewarship Council) pour le bois et le charbon à barbecue,
- son équivalent MSC (Marine Stewardship Council) pour les poissons,
- le logo AB (Agriculture Biologique),
- ses concurrents Nature & Progrès ou Demeter,
- sur le commerce équitable : les marques Max Havelaar, Artisans du Monde ou Bioéquitable.
Dans tous les cas, on lit bien les étiquettes, avant l’achat mais aussi après avoir acheté les produits (on a tous droit à l’erreur ! ). Quand on découvre un logo ou un label inconnu au bataillon, on se renseigne, on pose des questions, et une rapide recherche sur Internet permet d'en savoir plus. On regarde ce qu'en pensent les associations environnementales ou les associations de consommateurs… pour se faire son propre avis !
Le
Guide des labels en ligne permet de mieux se repérer et d'en savoir plus sur les labels afin de découvrir ce qui se cache réellement derrière les logos.
2. ON CHOISIT DES FRUITS ET LEGUMES LOCAUX ET DE SAISON…
Fraises d'Israël, agneaux de Nouvelle-Zélande, haricots verts du Kenya, poires d’Argentine… : à l'inverse de la banane, ces produits existent dans l'hémisphère nord et pourtant, importés des quatre coins du monde, ils envahissent de manière croissante les étals des supermarchés à des prix défiant toute concurrence. Les études menées sur ce sujet dans plusieurs pays ont ainsi montré que les trajets, mis bout à bout, parcourus par les composants d'un seul yaourt (fraise, lait, plastique, étiquette…) pouvaient atteindre
9 000 kilomètres. Du coup, leur poids énergétique est également imbattable : en Angleterre, une étude a montré qu’un repas moyen, composé d’aliments pouvant être produits dans le pays (brocolis, fraises, bœuf, pommes de terre, carottes) mais qui seraient importés d’autres pays traditionnellement producteurs, aurait un impact carbone 650 fois supérieur à son équivalent local, à condition naturellement que celui-ci ne soit pas produit sous serre…
Même si l'étiquetage des produits n’affiche pas toujours leur région d’origine et leur mode de transport, sauf pour certains produits frais (fruits et légumes, viande, poisson, etc.), on reste attentif aux informations disponibles, en posant les bonnes questions et en redonnant à son assiette la couleur des saisons, en cessant par exemple de consommer des fraises et des tomates en janvier ! On se renseigne aussi sur les formules d’abonnement qui permettent de recevoir chaque semaine un panier de fruits et légumes de saison, et souvent produits localement – comme les AMAP (association pour le maintien de l’agriculture paysanne) ou les Jardins de Cocagne (un réseau de 120 jardins bio à vocation d’insertion sociale – voir www.reseaucocagne.asso.fr).
Le
calendrier des fruits et légumes de saison développé par Mes Courses pour la Planète librement téléchargeable permet de mieux s'y retrouver dans les saisons.
3. ON FAIT VARIER SES CHOIX ET ON LUTTE CONTRE LA STANDARDISATION
Alors que près de 7 000 espèces végétales ont été cultivées depuis le début de l'humanité, 15 variétés de plantes et 8 variétés animales seulement fournissent aujourd’hui 90% des ressources alimentaires de la planète. Cette uniformisation pose le problème de la perte des saveurs et de l’appauvrissement culturel, mais également celui de la dépendance à quelques variétés alimentaires lorsque celles-ci se trouvent menacées par un agent pathogène, un insecte ravageur ou un aléa climatique. On varie donc autant que possible son alimentation et ses achats : ce conseil nutritionnel classique est aussi une bonne façon de soutenir la diversité biologique, qui n’a rien à voir avec la diversité croissante des produits dans les supermarchés, où les produits soi-disant « nouveaux » sont souvent faits avec les mêmes matières premières – du maïs, du blé, du riz et des pommes de terre. On aiguise sa curiosité en privilégiant les variétés anciennes de légumes, mais aussi les AOC, caractéristiques d’un terroir et d’un savoir-faire traditionnel, les spécialités régionales, et les produits locaux, qui sont généralement plus frais, meilleurs, davantage chargés d’histoires et de culture… mais aussi plus écologiques (leur fabrication est moins industrialisée, ils ont moins voyagé et de ce fait ont moins besoin d’être traités après récolte, s’il s’agit de fruits et légumes). Et si vraiment le sujet intéresse, on devient membre de l’association d’origine italienne
Slow Food, qui lutte partout dans le monde contre la standardisation du goût et pour la diversité gastronomique.
4. ON CONSOMME DES PRODUITS FRAIS
Les produits "bruts" (des légumes et fruits frais en vrac ou de la viande fraîche) ne représentent plus que 20% du budget alimentaire. Le reste des dépenses est consacré à des productions de l'industrie agro-alimentaire : pâtes, conserves, surgelés, plats préparés, produits surgelés, biscuits et confiseries, boissons, etc. Or ces industries consomment de l'énergie en direct, et donc émettent des gaz à effet de serre qui alourdissent d’autant le bilan environnemental des produits qu'on achète ensuite : plus des trois quarts de l’énergie nécessaire pour l'alimentation sont consommés après la production agricole, pour les phases de transport, transformation, emballage, conservation et distribution. La production d’un aliment surgelé demande ainsi jusqu’à 10 fois plus d’énergie que son équivalent frais, de sorte que, comme le dit Jean-Marc Jancovici, « dans une pizza surgelée, il y ait bien plus de pétrole que de jambon ! » Comment faire face ?
- Si on équipe sa cuisine, on essaye de se passer dès le début de congélateur (si on le peut) et même de micro-ondes… Et si, à la réflexion, on a quand même besoin d’un congélateur, par exemple parce qu'on cuisine le week-end pour son bébé et qu'on souhaite pouvoir conserver les plats, on fait en sorte de choisir les équipements les plus éco-efficaces en utilisant judicieusement les étiquettes énergétiques affichées sur tout l’électroménager !
- Dans tous les cas (c’est évidemment plus facile si on n'a pas de congélateur car on évite la tentation – d’où le conseil précédent !), on privilégie les produits frais (fruits et légumes, viande, poisson, etc.) et en vrac, au détriment des produits en conserve ou surgelés… La mode est en ce moment aux aliments crus, car s’ils sont meilleurs nutritionnellement, les aliments crus sont aussi plus écologiques puisqu’ils font généralement l’économie de la transformation industrielle, de l’emballage et de la cuisson – autant d’étapes de préparation gourmandes en énergie.
5. ON REDUIT LES EMBALLAGES
Un tiers des déchets ménagers sont des emballages. Le tonnage d’emballages est en baisse depuis 1997, notamment grâce aux efforts faits par les industriels pour réduire « à la source » les quantités de matière entrant dans leur fabrication (allègement, substitution de matériaux pour choisir des matériaux plus légers, etc.) mais le nombre d’emballages augmente quand même : augmentation de la population et du nombre de personnes vivant seules, baisse de la taille moyenne des ménages et du temps consacré à la préparation des repas, développement des portions individuelles et des produits « prêt-à-consommer »… Cette inflation des suremballages est doublement néfaste pour l'environnement et pour le porte-monnaie des consommateurs…
Donc, quand on a le choix entre plusieurs produits, on tente de privilégier les formats familiaux, les éco-recharges, les produits concentrés ou à diluer, et les produits vendus au détail ou en vrac. A l’inverse, on évite autant que possible les produits vendus en portion individuelle ou les mini-doses. On préfère toujours, lorsque cela est possible, les emballages en matériaux renouvelables, recyclés et/ou recyclables. Enfin, pour les quelques emballages qui restent, on trie ses déchets et respectez les consignes pour améliorer la qualité de la collective sélective - notamment tous les matériaux recyclables présents dans les emballages alimentaires (verre, métaux, plastiques, cartons…).
6. ON PASSE AU BIO ET A L’EQUITABLE SUR QUELQUES PRODUITS DE BASE AU MOINS
En 2010,
43% des Français déclaraient consommer des produits biologiques au moins une fois par mois, 23% au moins une fois par semaine et 7% tous les jours. Même si la motivation principale est généralement de préserver sa santé (avant la protection de l’environnement), c’est un fait que l’agriculture bio est meilleure pour la santé de la planète… dont dépend beaucoup celles des consommateurs. La France est le pays européen qui utilise le plus de pesticides en agriculture et l’on retrouve ces produits dans
57% des eaux souterraines mais aussi de manière croissante dans le corps des adultes et des enfants (plus de
350 produits chimiques différents ont été retrouvés dans la graisse du corps féminin ). En outre, l’agriculture biologique permet de réduire les émissions globales de gaz à effet de serre par kilo de nourriture produite de 30% environ. Certes, les produits bio sont encore un peu plus chers, mais pas sur tous les produits, et si on mange un peu moins de viande rouge, cela devrait dégager un peu de budget pour les produits bio ou équitables.
On adopte donc le bio, au moins sur quelques produits quotidiens emblématiques - comme les œufs, le lait, le jus de pomme, le pain ou le café… On trouve désormais quelques produits frais bio (fruits et légumes notamment) en grande surface : ils sont certes souvent emballés pour assurer leur traçabilité jusqu’au bout, et si on préfère se passer de l’emballage, ils existent en vrac dans les magasins bio spécialisés. Mieux encore : pour les légumes et les fruits, on pense à se renseigner sur les AMAP (Associations pour le Maintien d’une Agriculture Paysanne) ou encore sur les possibilités de livraison de paniers bio hebdomadaires proposées par les Jardins de Cocagne ou le Campanier. Enfin, si on a la chance d’avoir un jardin, on se lance dans le jardinage bio avec l’aide de l’excellente revue de l’association Terre Vivante, « les Quatre Saisons du Jardinage ».
Même approche sur le commerce équitable : les produits labellisés Max Havelaar coûtent en moyenne 15 % plus cher que les autres produits, mais après tout cela ne représente plus qu’un centime d’euro sur une tasse de café. En arbitrant différemment vos achats, on peut sans difficulté passer au commerce équitable sur quelques produits-clefs : café, thé, riz, chocolat, sucre, jus d’orange, par exemple.
7. ON DIMINUE SA CONSOMMATION DE VIANDE ROUGE
Autrefois aliment de luxe réservé aux grandes occasions et aux familles aisées, la viande a vu sa consommation plus que doubler depuis cinquante ans. Pour faire face à cette demande, la production a évolué au profit d’élevages spécialisés et intensifs : aujourd'hui
90% des veaux produits en France proviennent d'élevages industriels, qui utilisent les ressources naturelles de façon inefficaces. Il faut 10 kilos de céréales pour produire un kilo de viande bovine, 5 kilos pour produire un kilo de viande de porc et 2 kilos pour produire un kilo de viande de
poulet. L’industrie de la viande commence ainsi avec la production intensive de maïs et soja (90% du soja cultivé dans le monde sert à nourrir des animaux d’élevage), puis consomme directement ou indirectement de l’énergie fossile (fabrication des engrais et des pesticides, alimentation du tracteur, éclairage et chauffage des locaux où vivent les animaux, etc.), générant elle-même de nombreuses émissions de gaz à effet de serre (CO2 mais aussi hémioxyde d’azote émanant du fumier ou du lisier, qui a un impact sur le climat 296 fois plus fort que celui du CO2, ou méthane produit par le système digestif des ruminants, qui a un impact 23 fois plus élevé que le CO2). La production de viande représente 9% des émissions mondiales de CO2 et 18% des gaz à effet de serre mesurés en équivalents CO2, soit plus que le secteur des transports.
Que faire ? D’abord, on réduit sa consommation de viande, notamment rouge. Ensuite, on préfère les viandes moins intensives en CO2 (œufs, poulet de batterie ou fermier, canard, porc) sur celles qui nécessitent beaucoup plus de consommation d’énergie « du champ à l’assiette » (bœuf, agneau, mouton, veau), et privilégiez si possible les viandes bio, produites localement (ce qui limite déjà le transport et les émissions de CO2 qu’il génère)…
8. ON EVITE LE GASPILLAGE ALIMENTAIRE
Il est loin désormais, l’art qu’avaient nos ancêtres d’accommoder les restes pour les recycler en potage, quiche, ragoût, salade, pain perdu ou ratatouille. Les supermarchés donnent l'illusion d'une alimentation toujours abondante et le coût des produits ayant baissé avec l'industrialisation, l'approvisionnement en nourriture n’est plus en tête de nos préoccupations. Du coup, on cuisine ou on achète fréquemment trop à manger, et si la perspective de manger le même plat plusieurs soirs de la semaine n'enchante guère, c’est souvent à la poubelle que finissent les aliments… même si 2 millions de personnes en France ont encore du mal à subvenir quotidiennement à leurs besoins alimentaires. Un tiers de la nourriture produite en Europe est ainsi jetée sans être consommée, et une part dérisoire de ces déchets sont compostés.
Que peut-on faire ? En Belgique, une expérience auprès de quelques familles a montré qu'il était possible de changer ses habitudes pour limiter le gaspillage, autour de trois solutions : la planification des courses (faire une liste de produits à acheter en fonction de ce qui reste dans le frigo ou les placards, en évaluant les justes quantités nécessaires, éviter de se laisser tenter par les promotions…), une meilleure conservation (respecter la chaîne du froid, prêter attention aux dates de péremption…), et l’accommodation ou la congélation des restes. On pense aussi, si on a un jardin, à faire un compost pour valoriser sur place les déchets organiques (coquilles d’oeufs, marc de café, filtres en papier, pain, laitages, croûtes de fromages, épluchures et fanes de légumes, fruits et légumes abîmés, restes de repas…), ce qui permet de réduire d’un tiers au moins le poids de sa poubelle mais aussi de produire un engrais de qualité pour le jardin.
9. ON N’UTILISE PLUS DE SAC PLASTIQUE JETABLE
Apparu dans les années 60, à l’âge d’or de la consommation de masse et des supermarchés, le sac plastique est devenu le symbole de nos modes de consommation actuels et de leurs effets sur l’environnement. 17 milliards de sacs plastiques sont distribués chaque année en France, qui sont utilisés en moyenne
20 minutes… et mettent 400 ans à se dégrader dans l’environnement. Issu de la pétrochimie et jetable par vocation, le sac plastique est aussi une source importante de pollution visuelle dans la nature, puisque 150 millions de sacs plastiques se retrouvent chaque année sur le littoral français, où ils sont une menace pour les tortues et autres dauphins qui les confondent avec des méduses… Après une initiative pionnière de l’enseigne Leclerc dès 1996, une loi votée en octobre 2005 a déclaré l'interdiction, à compter de 2010, de la distribution au consommateur final, à titre gratuit ou onéreux, de sacs de caisse à usage unique en plastique non biodégradable.
Que faire pour s’y préparer ? On pense à emporter un panier en osier, un filet à l’ancienne, un chariot à roulettes ou un cabas en coton (certains existent maintenant en version branchée « I am not a plastic bag » et même en version bio et équitable) avant de se diriger vers le supermarché. Si on peut, on vérifie que les sacs plastique proposés encore en caisse portent l’éco-label NF Environnement, et on préfère les alternatives éventuellement disponibles (sacs biodégradables, sacs papier ou sacs réutilisables, qui nécessitent environ 5 utilisations pour avoir un éco-bilan positif). Leur pollution visuelle est la même, sans compter la nocivité potentielle pour les animaux.
10. ON FAIT SES COURSES A PIEDS
En 2006, une
étude menée en Belgique a montré qu'un consommateur parcourt en moyenne 2500 kilomètres par an pour faire ses courses, la plupart du temps pour se rendre dans des supermarchés installés en périphérie des villes – des impacts qui s’ajoutent à ceux générés par la fabrication et le transport des produits. En France, 20% de la circulation automobile en ville est liée aux achats, surtout sur de courtes distances… alors même qu’une voiture consomme et pollue 10 à 15 fois plus au cours des premiers kilomètres suivant sa mise en route.
On laisse donc sa voiture chez soi et on redécouvre (à pied ou en vélo avec panier, qui reste le mode de transport le plus rapide en ville pour des trajets inférieurs à 6 kilomètres !) les commerçants du quartier pour tout ce qui concerne les produits frais : marchés mais aussi bouchers, poissonniers, fromagers, magasins de fruits et légumes, etc. A la limite, on prévoit d’aller une ou deux fois par mois à l’hypermarché pour y acquérir les produits encombrants et lourds dont on a éventuellement besoin (packs de boissons, produits d’entretien, etc.). Pour le reste, on pense à commander par Internet ou téléphone (selon une étude Télémarket, la livraison a 8 fois moins d’impact CO2 car les livraisons sont groupées et une fourgonnette livre plusieurs clients sur un trajet).