1. LE ROMANTISME, MEILLEUR ALLIE DE LA BAISE ECOLO
Avant de passer aux choses sérieuses, vous pouvez dîner en amoureux, à la lumière tamisée des chandelles (à base de cire de soja par exemple), toutes lumières éteintes évidemment. On peut également faire l’amour dans le noir, ou la journée si l’on tient à voir son partenaire ainsi que ce qu’on lui fait.
2. UNE COUCHE NATURELLE
Où faire l’amour ? Dans un lit, on privilégiera le linge de lit en fibre de bambou ou en coton bio équitable. De plus en plus de magasins se lancent dans ces tissus naturels. Exit polyester, polyamide et satin. Si les draps de soie sont propices à l’érotisme, ils restent issus d’élevages cruels où l’on ébouillante les cocons de soie –avec leurs vers - pour nettoyer les précieux fils à tisser.
Ceux qui aiment faire l’amour dans leur voiture prendront soin de ne pas aller trop loin. Il serait absurde d’émettre du CO2 pour une simple partie de jambes en l’air !
Sous la douche. Si on la prend à deux, tiède et pas trop longue, on économise de l’eau, et celle-ci est une complice précieuse pour des jeux amoureux aquatiques en apesanteur. Dans la piscine, on évite de nettoyer son bassin avec du chlore pour éviter les allergies, et le syndrome des yeux de lapin myxomateux. Le bain bouillonnant est une autre option, à condition d’éviter d’y rester trop longtemps - car cela consomme un maximum d’énergie pour un plaisir somme toute… humide.
Près de 20% des amoureux se roulent dans l’herbe, et plus précisément au jardin. C’est une bonne raison de leur rappeler qu’asperger son gazon de désherbants chimiques est une mauvaise idée, surtout si l’on doit s’y promener cul-nu. Idem pour les champs de maïs transgéniques ou les champs de cultures intensives. Bourrés de pesticides, de fongicides et autres biocides, ils ne sont pas un lieu propice à la bagatelle écologique.
3. LES CAPOTES
On ne copule pas sans préservatif. Et il y a plusieurs raisons purement écolos à cela. D’abord, pour celles qui refusent ou ne supportent pas les contraceptifs de synthèse tels que la pilule, il n’existe rien de plus efficace que le préservatif, à part bien sûr l’abstinence. Ne pas faire d’enfant est d’ailleurs une autre option écologique que certains défendent bec et ongles…
Mais le préservatif fabriqué par centaines de millions d’unités à travers le monde est tout sauf anodin pour l’environnement. D’abord, près de la moitié des capotes sont produites en Thaïlande, au plus près des plantations d’hévéas. Ensuite, lors de sa fabrication, le latex, matériau de base du préservatif, est élaboré dans des cuves auxquelles on ajoute des conservateurs et des stabilisants chimiques. On lui donne toutes les formes, les couleurs et saveurs possibles. Pas étonnant que les capotes soient propices aux allergies. Les préservatifs en polyuréthane, quant à eux, ne sont pas biodégradables. Et des millions de capotes usagées finissent le plus souvent au fond des toilettes. Problème : elles pertubent le fonctionnement des stations d’épuration des eaux usées.
Dans les préservatifs bios, toutes les substances ajoutées au caoutchouc de base sont naturelles et tous les traitements ou lavages sont effectués avec des produits naturels. Un Suédois, le bon docteur Theiss, propose des préservatifs en latex pur, six modèles différents, dont «nam nam» à la fraise ou «Black Jack» de couleur noire. L'intérêt, c'est qu'on peut les accompagner d'un lubrifiant à la sève de l'arbre de kiwi ! Et comme on n'arrête pas l'innovation éthique, on trouve aussi désormais des préservatifs en latex issu du commerce équitable, signés de la marque de capotes anglaises…
French Letter (!) et, pour ceux qui sont plus sensibles aux droits des animaux, des préservatifs certifiés végétariens, sans traitement à base d'extrait animal et notamment de caséine (un dérivé du lait), avec les deux marques
Condomi et
Glyde.
4. LES COQUINERIES ET AUTRES INGREDIENTS DE L’AMOUR
Souvenez-vous qu’à Woodstock, on faisait l’amour en riant dans la boue et on se promenait dans le plus simple appareil. Quoi de plus beau qu’un corps nu ? Un corps sublimé par une lingerie coquine peut-être.
L’amant(e) écolo choisit sa lingerie en fibres textiles naturelles. La jeune société g=9.8 fabrique des sous-vêtements doux comme une peau de bébé en fibre de bois. Réalisée à partir de la pulpe du pin blanc canadien (issues des déchets de l’élagage), la texture, nommée lenpur, est soyeuse et confortable. Elle possède aussi des vertus attractives : isolatrice thermique, bactériostatique, thermorégulatrice, très résistante au lavage. Ils ne sont guère affriolants (pas de dentelle, ni d’échancrures, ni de fioritures érotiques), mais ils sont simplement beaux. On trouve aussi toute une gamme de lingerie en coton bio équitable et la plupart des boutiques prennent commande en ligne.
5. LES INGREDIENTS DE L’AMOUR
C’est fou ce que l’on utilise comme onguents, crèmes, gels, huiles dans le batifolage. Mais comme tout produit cosmétique, ceux-ci peuvent être truffés de molécules de synthèse pas forcément écolo-friendly. Pour éviter les cosmétiques chimiques souvent dérivés du pétrole, et réduire nos emballages, sources de déchets plastiques, on peut faire ses onguents soi-même. Infusion de thé vert, poudre d’agar-agar, gel d’aloe vera, jus de concombre, huiles essentielles, … tous les ingrédients de l’amour sont dans la nature.
Les lubrifiants bios fleurissent sur le net. A base de sève de l’arbre de kiwi, d’algues ou d’eau, il ne reste qu’à les tester pour connaître votre tolérance à leurs formulations.
6. LES SEX-TOYS
Avant de s’intéresser aux sex-toys dernier cri, souvenez-vous qu’un outillage potager peut parfaitement faire l’affaire. Concombres, courgettes, radis noir, …, chaque saison fournit de quoi batifoler avec humour. Rien de plus écolo en effet qu’un sex-toy comestible préalablement lavé ou coiffé d’un préservatif (bio of course). Votre intérieur regorge également de formes oblongues dont le détournement pourra satisfaire les plus affamé(e)s d’entre vous : bouteilles, bougies, déco. Rappelez-vous qu’une imagination créative peut amadouer les plus brûlants désirs sans impacter la planète. Car les objets multi-usages sont écologiques !
Pour celles et ceux qui cèdent aux sirènes du marketing sexuel, il existe les godemichés, vibromasseurs et autres boules vibrantes. Mais attention, la plupart de ces accessoires sexuels sont fabriqués à partir de polychlorure de vinyle, un polymère thermoplastique, connu généralement sous le sigle PVC. Pour l’assouplir, on lui ajoute très souvent des plastifiants, parmi lesquels les phtalates, une molécule ayant très mauvaise réputation. En vieillissant sous l'effet des UVs, les phtalates migrent en surface des objets souples. C'est pour cette raison que la fabrication de jouets en PVC est rigoureusement réglementée. D'autres plastifiants sont autorisés, dans la famille des adipates ou même des huiles végétales par exemple comme l'huile de soja.
La littérature scientifique regorge d’études ayant planché sur l’impact sanitaire des phtalates. Des souris exposées à des taux élevés de phtalates subissent des perturbations du système reproductif, voire même des cancers. L’exposition à ce perturbateur endocrinien peut rendre le sperme humain tout flagada. En 2006, deux études mettent en relation l’infertilité masculine avec l’exposition aux phtalates dans le ventre maternel.
L’Union européenne, le Japon, le Canada ou les Etats-Unis ont entrepris de resserrer la législation concernant l’adjonction de phtalates dans les jouets pour enfants, mais rien n’est prévu pour les jouets d’adultes. Contrairement aux jouets à machouiller ou aux appareils médicaux en contact avec des zones intimes du corps, les jouets pour adultes ne sont jamais testés et leur fabrication n’est pas régulée. En 2000, une étude allemande a trouvé 10 substances chimiques dangereuses dans des sex-toys vendus en Europe à des taux bien supérieurs aux normes en vigueur à l’époque (diéthylhexyl phtalates, toluène, phénol, etc.). Pas très appétissant. Du coup, rendre plus écolo le monde du sex-toy est devenu le cheval de bataille de quelques détaillants d’amusements érotiques – plutôt britanniques et américains (comme la coopérative pionnière
Good Vibrations ou l'enseigne
Coco de Mer créée en 2004 par la fille de la fondatrice de The Body Shop) que français.
Les plus précautionneux enfilent un préservatif en latex naturel sur leurs godemichés et autres engins pénétrants. On peut aussi utiliser du talc, sans oublier de laver les accessoires après usage.
A moins de vivre avec, le sex-toy n’est pas en contact permanent avec l’organisme. Il n’empêche, le plus sûr est de préférer des joujoux en matériaux naturels tels que le métal, le bois (issu de forêts gérées ou labellisé FSC évidemment), la pierre ou le verre. Il existe de ravissants vibromasseurs en marbre, travaillés par des artisans italiens inspirés par la période décadente de Pompéi ! En bois rare, poli, ils sont d’un douceur incomparable. En pyrex et en verre, ils ont l’avantage d’être lisses, durs et même pas cassants. Ils ressemblent à des scultpures futuristes. Mais le verre est sans conteste bien moins toxique que tous les plastiques. Surtout qu’il se remise dans la poubelle de verre quand on n’en veut plus.
Certains misent plutôt sur des formulations de PVC haut de gamme, c’est à dire si stables qu’aucune molécule toxique ne s’en échappe. Il existe des alternatives sans phtalate, notamment en plastique ou en silicone, comme le Vixskin qui reproduit la texture de la peau avec une justesse incomparable. En plus d’être hypoallergénique, ce matériau est aujourd’hui jugé sûr (mais rien n’affirme qu’il le restera à l’avenir). Certains fabricants n’hésitent pas à utiliser des élastomères thermoformés, qui changent de forme au contact d’une source chaude. Pour les fidèles de la série Sex and the city, il est bon de savoir que la formulation du célèbre Rabbit Habit tant vanté par la sulfureuse Samantha est à base dudit élastomère …
Pour les adeptes des vibromasseurs à piles, passez votre chemin. Sauf si vous privilégiez les vibros vendus avec un pack de piles rechargeables. Nouveau et 100% écologiquement correct, on peut aussi s’envoyer en l’air grâce à l’astre solaire. Les amateurs de jouets vibrants peuvent désormais s’amuser avec des engins solaires. La recharge se fait grâce à un mini panneau photovoltaïque. Ils ont tout de même un petit goût de gadget. Notons qu'on peut également brancher des oeufs vibrants sur la télécommande (la version américaine des boules de geisha, semble-t-il) ainsi que des gants spécifiques, comme le mystérieux gant de massage Fukuoku (sic). Attention, il risque de perdre sa fonction waterproof...
7. LE RECYCLAGE DES JOUJOUX
Lassée de votre vibro à piles ou de votre lapin chasseur ? Ne le jetez pas à la poubelle, il existe désormais un programme de recyclage spécifique pour ces objets de plaisir. Car en matière de sex-toy, le don n’est peut-être pas l’option la plus pratique.
Comme tout produit électrique, le vibro tombe sous le coup de la directive sur les équipements électriques et électroniques (la D3E) entrée en vigueur le 15 novembre 2006. Ainsi, pour se débarrasser de son dildo, il faut l’emmener en déchetterie ou le confier aux services municipaux avec la télé cassée ou le vieil écran d’ordinateur.
En Grande-Bretagne, le magasin Love Honey a lancé le programme Rabbit Amnesty et lancé le premier programme officiel de recyclage de jouets sexuels. Pour chaque joujou rapporté en magasin ou envoyé en centre de recyclage, Love Honey verse 1,5 euro à une association de protection de la forêt tropicale (World land trust) et propose une ristourne de 50% sur le nouvel achat de vibro.
Au-delà du côté purement marketing de l’opération, Love Honey espère inspirer d’autres détaillants. Toutes les informations se consultent sur
Sextoyrecycling.com. De quoi inspirer les détaillants français qui proposent peu d’alternatives à ce jour.
8. LES SITES DE RENCONTRES CIBLES
Comment trouver le partenaire idéal quand on est très écolo ? Existe-t-il amants moins assortis qu’un adorateur de 4x4 butinant une cycliste ? Pour éviter les drames conjugaux, au lit, au restaurant ou dans la platitude du quotidien, plusieurs sites se sont spécialisés dans les amours vertes avec un credo : «Evitons les mariages mal arrangés ! ».
Sur le site d’accueil de
Green-Passions, un homme de dos embrasse un arbre. Ici, les chats et autres rencontres virtuelles se font entre gens de même sensibilité. On discute des droits des animaux, des espèces menacées, de l’agriculture bio ou des énergies renouvelables, … comme on discuterait politique ou sport. Plus pointu, le site des passions végétariennes (
Vegan passions ou
Veggie connection) où l’on ne rencontre que des personnes ayant peu ou prou le même régime alimentaire. Rien de pire qu’un restaurant de viandes pour emballer une végétarienne ! Même si les moeurs ont changé et qu’il n’est plus nécessaire d’offrir un restaurant pour emballer ! Enfin, certains affirment sans rougir que les végétariens et autres végétaliens ont « meilleur goût »… Faut voir.
Sur
Earth Wise Singles, les célibataires conscientisés du monde entier se retrouvent pour échanger leurs vues et leurs envies. Idem sur Green Singles, le plus ancien de tous ces sites, créé en 1985 sous forme de journal, et qui rassemble une large communauté de célibataires écolos. Ces badinages virtuels ne se concluent pas toujours par une partie de jambes en l’air, mais quand c’est le cas, vous êtes assurés de ne pas saloper la planète en butinant.
Peu de Français se sont inscrits sur ces sites communautaires. Et il est très difficile d’obtenir des statistiques de fréquentation fiables.
9. BAISER POUR LA BONNE CAUSE
Les plus décontractés avec les choses de l’amour peuvent même mettre leur expérience à profit et suivre l’exemple du couple de
Fuck For Forest. Ils sont jeunes, ils sont beaux et très amoureux. En 2004, Leona Johansson et Tommy Hol Ellingsen, deux Norvégiens, font la première partie d’un concert des Cumshots, un groupe de Heavy Metal. Ils racontent à plus de 5000 personnes l’impact de l’activité humaines sur les forêts primaires et demandent au public jusqu’où il serait prêt à aller pour sauver les poumons de la planète ? Ce faisant, ils se déshabillent et font l’amour sur scène, exhortant 5000 spectateurs médusés à faire de même. Depuis, Leona et Tommy ont dû quitter la Norvège, poursuivis par les autorités qui veulent les condamner pour attentat à la pudeur. Ils se sont réfugiés à Berlin.
Depuis ce jour, ils mettent en scène leurs performances sexuelles lors de concerts événements dont les fonds vont directement à la défense de la forêt amazonienne. Ils baisent en rythme sur scène lors de performances musicales électroniques ou très rock. Comme le porno génère un maximum d’argent, autant mettre cet argent au profit d’une bonne cause, plaident-ils.
Et ça marche. Sur leur site, ils invitent les curieux à acquitter un droit d’entrée pour reluquer les photos de leurs «happenings». Ils invitent aussi tous les amateurs à s’éclater en pleine nature, dans les arbres, les fourrés, en prairie, en montagne, dans le désert, dans la jungle, … Le mouvement FFF est désormais constitué d’humains responsables expérimentant la puissance de la sexualité dans le but de sauver la nature.
Ceux qui envoient des photos contribuent ainsi à élargir la galerie que reluquent avec délectation les internautes. Ainsi, le trafic du site est toujours renouvelé et les fonds abondent. La première année, en 2005, ils ont recueilli plus de 75000 euros. Depuis, le montant de leurs revenus est tenu secret. Pour limiter l’exploitation humaine des forêts, les deux tourtereaux assurent reverser une partie de leurs gains agréablement gagnés à « la forêt vierge ». Le problème, c’est que l’on ne sait rien de ce que devient l’argent. Un peu de traçabilité dans ce monde de fesses, fut-il pour la bonne cause, ne nuirait pas.