Elle semble bien loin, la tradition qui voulait qu'on aille en forêt et en famille au joli mois de mai cueillir le muguet sauvage porte-bonheur. Désormais, on en produit massivement dans une seule région (ou presque) et pour une seule petite journée de l'année. 45 millions de brins et 3 millions de pots (soit 85 % de la production nationale) sont ainsi partis cette année de la région nantaise vers la France, la Suisse, la Belgique, les DOM-TOM et même les ambassades de France à travers le monde – des brins cultivés en pleine terre depuis 3 ans. Mais il y a quelque chose qui cloche du côté de l’impact environnemental de la culture du muguet : car en octobre, la plante hiverne, enfouie sous le sable de la Loire, et pour la réveiller, elle est placée en serre froide dès novembre et maintenue entre 0 et 4 degrés, puis un petit coup de thermomètre à la baisse (jusqu’à -2 ou -3°) permet de stopper la floraison jusqu'à fin février, et là, coup de chaud sous serre, avec de la terre chauffée pour faire sortir la fleur, avant le clou final des hangars à basse température (6 ou 7°) où sont triés et préparés les brins. Ceux-ci sont ensuite mis au réfrigérateur pour tenir jusqu’au jour fatidique du premier mai… et transportés en camions réfrigérés (4 à 5°C). Seule bonne nouvelle au tableau : le principal pesticide qu'utilisaient les producteurs a été interdit parce qu'il était trop toxique et a été remplacé par de l’eau chaude, qui consomme certes de l’énergie mais évite la pollution…