Contrairement à ce que l’on imagine, le champagne s’élabore avec du raisin noir, le Pinot noir, cépage noble (noir à jus blanc) qui apporte charpente, corps et longévité, force, sève et générosité. Deux autres cépages s’utilisent pour produire ce vin à bulles : le Chardonnay (Blanc), qui confère finesse, légèreté, subtilité, élégance et fraîcheur et le Pinot Meunier, un raisin noir à jus blanc qui apporte avant tout les notes fruitées des bruts non-millésimés.
La légende veut que Dom Pérignon soit à l'origine de la méthode champenoise qui a permis de contrôler la formation du gaz du vin en bouteille. Le moine eut l'idée de couler de la cire d'abeille pour boucher le goulot des bouteilles, afin de rendre celles-ci totalement hermétiques et de conserver ainsi le gaz à l'intérieur. Au bout de quelques semaines, la plupart des bouteilles explosèrent... Le sucre contenu dans la cire d'abeille avait provoqué, en tombant dans le vin, une seconde fermentation, entraînant une brutale effervescence... En comprenant ce mécanisme physico-chimique, il devint possible de maîtriser ces bulles en maîtrisant la teneur en sucre.
- L’élaboration se fait en 6 étapes:
La fermentation alcoolique : le sucre contenu dans le raisin se transforme en alcool, le jus de raisin devient du vin dit tranquille (non pétillant).
L'assemblage : les champenois assemblent les différents cépages en provenance de différents « crus » (villages) pour re-créer, quels que soient les aléas de la nature, le style qui caractérise leur Maison. Un champagne non-millésimé sera obtenu en assemblant les vins « tranquilles » de plusieurs vendanges.
Le tirage : l'assemblage est mis en bouteille, avec des levures (ferments naturels) et du sucre. En l’absence d’oxygène, les levures transforment le sucre en gaz carbonique : c’est la prise de mousse ou deuxième fermentation. Le dioxyde de carbone ou gaz carbonique ne peut s'échapper de la bouteille et se dissout dans le vin. Ses tentatives pour s’échapper sont à l’origine des bulles…
Le vieillissement sur lattes : les bouteilles de Champagne sont stockées horizontalement dans une cave naturelle en calcaire, fraîche et sombre, pendant minimum 15 mois pour les non-millésimés et minimum 3 ans pour les millésimés.
Le remuage : le producteur fait tourner les bouteilles chaque jour afin de rassembler les lies (petites particules en suspension issues du travail des levures) pour pouvoir ensuite les extraire lors du processus du dégorgement. Le processus est désormais pratiqué mécaniquement mais quelques maisons ont conservé cette opération dite de dégorgement manuel pour des formats ou des flacons spéciaux.
Le dosage consiste à ajouter en fin de dégorgement une liqueur plus ou moins sucrée qui permettra d’obtenir un vin brut, sec ou demi-sec. Ceux qui n’ajoutent pas de sucre produisent un champagne dit non dosé, ou « extra-brut ».
La zone d’appellation champagne s’étend sur 5 départements Nord-Est de la France. C’est la région vinicole la plus septentrionale. Environ 15 000 vignerons champenois possèdent et cultivent 29 295 ha sur un total de 32 722. Le reste appartient à 284 maisons de champagne qui assurent la majorité des ventes de champagne. En 2007, ces maisons prestigieuses ont expédié 229,7 millions de bouteilles à travers le monde sur un total de 338,7 millions.
Vignerons indépendants et coopératives, pour leur part, en ont expédié respectivement 77,3 et 31,5 millions.
Le marché
Ainsi, plus de 300 millions de bouteilles sont vendues en moyenne chaque année pour une rondelette somme de 3,6 milliards d’euros.
Avec un chiffre d'affaires de plus d'un milliard d'euros généré par son activité champagne , le groupe LVMH domine sans conteste le marché grâce aux marques les plus prestigieuses du secteur : Dom Pérignon, Veuve Clicquot, Moët & Chandon, Ruinart, Krug, …
Mais contrairement à ce que l’on imagine, les groupes de négociants ne possèdent que 10% des vignes de l’appellation d’origine champagne. En effet, la particularité historique de ce vignoble est que ce sont les 15 000 cultivateurs et vignerons qui détiennent 90% du territoire concerné. Ils vendent leurs raisins directement aux Maisons de champagne ou à des coopératives. De nombreux vignerons sont propriétaires de leur propre marque de champagne : ils élaborent et commercialisent eux-mêmes leurs propres champagnes.
Conservation
Pour une bonne conservation, le champagne doit être stocké dans une cave fraîche, de température constante, d'humidité moyenne, à l'abri des courants d'air, des trépidations et surtout à l’abri de la lumière.
Le champagne se sert frais, aux alentours de 10 degrés. Inutile de le frapper, cela casse la mousse et masque son bouquet. S'il est trop froid, laissez le précieux nectar se réchauffer dans le verre et déployer ses saveurs.
Parce que ce vignoble subit des aléas climatiques particulièrement difficiles du fait de son implantation au nord-est, il a longtemps eu recours à des taux d’emploi de produits phytosanitaires supérieurs aux autres vignobles français. On se souvient malheureusement de l’utilisation de déchets urbains qui, dans les années 70, se sont transformés en « gadoues » - le compost originel ayant été, à cette époque, perverti par l’absence de tri des décharges urbaines, notamment parisiennes. Il a fallu attendre 1995 pour que cette pratique soit interdite. Ces gadoues étaient riches en éléments métalliques alors que le propre d'un terroir crayeux est leur absence. Si l'on ajoute les épandages de désherbants chimiques effectués par hélicoptère, le tableau est complet et on comprend aisément que la pratique bio constitue ici une rupture culturelle moins facile qu'ailleurs.