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Cigarette

CIGARETTE

Fumer tue ! L’impact du tabac sur la santé est largement reconnu et même les fumeurs l’admettent. Mais qu'en est-il pour la planète ?

Contrairement à son impact sur la santé, l’impact écologique de la cigarette ne fait pas controverse aujourd'hui… non pas qu'il soit négligeable, mais fumeurs et non-fumeurs semblent s'en soucier à ce jour aussi peu que de leur première bouffée !
Pourtant, de la culture du tabac aux produits chimiques qui la composent, la cigarette est loin d’être un produit écologique modèle. Sans compter les montagnes de mégots qui se forment devant les bars et restaurants depuis la loi anti-tabac ou que l’on retrouve dans la nature – jetés par des randonneurs ou skieurs peu scrupuleux. Alors pour lancer le débat, voici un rapide coup d’œil à l’impact écologique de la cigarette.

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Le saviez-vous ?

•    Une cigarette mesure environ 8 cm de long sur moins d’un cm de diamètre. Elle se compose de feuilles de tabac hachées auxquelles on a ajouté des additifs divers et autres agents de saveur. Résultats : la fumée de cigarette contient quelque 2 500 composants chimiques tels que la nicotine, le phénol, le butane, l’ammoniac, le monoxyde de carbone mais aussi des poisons notoires qui se sont faits connaître au cours de l’histoire : le polonium, issu des engrais chimiques utilisés dans la culture du tabac, et l’arsenic. 
•    Le suremballage des cigarettes est manifeste  : elles sont vendues en paquets de vingt, emballées dans un papier aluminium, lequel paquet est lui même recouvert d’un un film plastique, assemblé avec 9 autre paquets dans une cartouche en carton, puis conditionnées dans des cartons. Pour le seul Reynolds American (2ème cigarettier des Etats-Unis), les emballages de cigarettes génèrent un total de 33 000 tonnes de déchets dont seulement un tiers est recyclé.

•    Le bilan carbone de la cigarette est lourd  : selon les chiffres de Reynolds American, la production de cigarettes de cette marque émettaient 370 000 tonnes équivalents CO2 en 2007, sans compter les émission produite par le transport du tabac jusqu’à l’usine et de l’usine vers les consommateurs.

•    Le tabac est la première culture vivrière du monde - en 2008, 3,7 millions d’hectares ont produit 6,9 millions de tonnes de feuilles. La culture du tabac se concentre essentiellement dans les pays en développement – surtout le Brésil, l’Inde et la Chine - qui regroupent 90% des champs de tabac mondiaux. C’est une culture très polluante qui utilise beaucoup d’intrants chimiques tels que les engrais, les pesticides et les herbicides – au Malawi, 1 tonne d’engrais est injectée par hectare de plantation. Comme dans beaucoup d’exploitations agricoles, la relation est très inéquitable entre le producteur  et les industriels, et les droits fondamentaux des travailleurs ne sont pas toujours respectés : des enfants travaillent dans les exploitations, les salaires sont dérisoires, etc.

•    La France est le 5ème producteur européen de tabac avec 17 000 tonnes de production par an sur 6 580 ha de cultures (soit 0,2% de la production mondiale.). Cette activité permet de faire travailler 2 300 planteurs et quelques dizaines de milliers de travailleurs saisonniers.

•    La cigarette est aussi responsable de la déforestation massive des forêts autour des exploitations de tabac. Le bois est utilisé pour faire sécher les feuilles  :  il faut 10 kg de bois pour faire sécher 1 kg de tabac. En 1999, environ 200 000 ha de forêts primaires sont partis en fumée dans les pays en développement. Des études ont démontré qu’en Afrique, la déforestation est dix fois plus importante dans les zones de plantation de tabac que dans les zones consacrées à d’autres activités. Certains cigarettiers essaient de s’investir en finançant la plantation d’arbres pour réduire l’impact de la déforestation et ses conséquences sur l’environnement et la biodiversité. British American Tobacco assure ainsi avoir financé la plantation de 267 000ha d’arbres en 2008. Mais ces plantations ne pourront jamais remplacer la forêt primaire détruite d’autant que la sélection des espèces plantées privilégie les critères pratiques tels qu’une croissance rapide – les arbres replantés ne sont donc pas adaptés à l’écosystème et peuvent au contraire aggraver encore les impacts écologiques. Les eucalyptus par exemple, poussent très vite mais pompent toute l’eau des nappes phréatiques, fait problématique dans les zones de culture africaines qui manquent déjà d’eau.

•    Et ces pratiques sont loin de régresser car le tabac est un marché très lucratif dont les revenus ne cessent d’augmenter –  vendu entre 5 et 6 euros le paquet de 20 cigarettes, le chiffre d’affaire du marché du tabac est passé de 13,09 milliards d’euros en 2000 à 15,25 milliards d’euros en 2008.

•    Chaque année,  4 500 milliards de mégots sont jetés dans les rues ou dans la nature. Or un mégot a besoin de 12 ans pour se dégrader complètement – durée pendant laquelle il pollue son environnement en libérant les produits chimiques qu’il contient. Une étude de l’université de San Diego a montré qu’un mégot peut tuer la moitié des poissons nageant dans 1 l d’eau en moins d’une centaine d’heure. En plus, depuis la loi anti-tabac qui interdit de fumer dans les lieux publics, les trottoirs français sont devenus des cendriers géants car les fumeurs se massent devant les bars et restaurants pour en griller une et faute de cendrier, jettent leur mégot par terre. Face à l’augmentation exponentielle des déchets urbains, certaines villes ont mis en place différentes mesures. A Lyon, 20 000 cendriers portables ont été distribués ; à Paris, tout jeteur de mégot encoure une amende de 183€. La palme revient à la ville de San Francisco qui a mis en place une taxe de 0,15€ sur les paquets de cigarettes qui sert à payer le surplus de nettoyage dû aux mégots –surplus estimé par la ville, à 7,9 millions d’euros par an.

•    Enfin, la cigarette n’est rien si elle n’est pas allumée. Et là aussi, les briquets et allumettes peuvent poser problème. Bic estime que 7 milliards de briquets sont fabriqués chaque année, or c’est autant de briquets jetés et non recyclés qui se retrouvent au mieux dans la poubelle (pour être incinérés !), ou au pire dans la nature où ils mettront plus de 100 ans à se décomposer. Un briquet est fabriqué à partir de matières très résistantes : plastique essentiellement mais aussi métal et il contient un gaz sous forme liquide. L’alternative au briquet la plus courante, l’allumette, a moins d’impacts sur l’environnement – elle est fabriquée à partir de pin, de peuplier blanc ou de tremble et a besoin de 6 mois pour de dégrader naturellement. Contrairement à leurs ancêtres, les allumettes modernes ne contiennent plus de phosphore blanc, très toxique, ni même de soufre, ce qui évite la production de dioxyde de soufre polluant.
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Bonnes nouvelles

•     Si la consommation de cigarette a baissé entre les années 90 et 2000 grâce à une lutte contre le tabagisme soutenue, elle est repartie de plus belle avec la crise. Cela dit, le nombre moyen de cigarettes fumées quotidiennement par les fumeurs réguliers a lui, diminué: 15,3 cigarettes par jour en 2005 contre 13,7 en 2010. Et la proportion de fumeurs de plus de 10 cigarettes par jour est passée de 72,1% en 2005 contre 68,6% en 2010, selon l'INPES.

•    Certaines exploitations françaises limitent leurs impacts sur l’environnement en développant des techniques de fabrication plus efficaces. Ces techniques permettent de réduire la consommation d’énergie à 32 tonnes de CO2 / an pour les fours de séchage, la consommation d’eau à 1 800 m3 d’eau / ha / an grâce au goutte-à-goutte et l’utilisation des produits chimiques d’un tiers.

•    Depuis quelques années, la filière agricole de tabac se convertit à la bio pour produire du tabac selon la réglementation européenne – garanti sans produit chimique et en protégeant les sols et les éco-systèmes.
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Ce que vous pouvez faire

•    Evidemment, le meilleur moyen de limiter l’impact écologique de la cigarette est de ne pas fumer ! Les fumeurs pourraient donc faire un geste pour la santé de la planète et la leur.

•    Pour les inconditionnels de la clope, certaines marques commercialisent des cigarettes ou du tabac à rouler sans additifs chimiques – Yama, American Spirit, Fleur de Pays, Pueblo qui sont vendus dans les tabacs français. Depuis 2010, il est même possible d'utiliser des feuilles à rouler en chanvre bio de la fameuse marque OCB.

•    Ceux qui cherchent à arrêter de fumer ou qui sont plus accros au geste qu’à la nicotine, peuvent se rabattre sur l’e-cigarette ou cigarette électronique. Utilisées comme méthode de sevrage, ces cigarettes envoient de la vapeur additionnée de nicotine (ou non en fonction des étapes du sevrage) lorsque l’utilisateur tire sur la cigarette – elle permet de garder le geste de fumer sans les conséquences néfastes sur la santé. En plus, elles réduisent la quantité de déchets car elles sont réutilisables – attention à ne pas les jeter machinalement comme avec une cigarette classique !

•    De la même manière que vous jetez vos papiers dans la poubelle, pensez à jeter votre mégot dans une poubelle en prenant soin d’enlever la partie incandescente pour ne pas déclencher un feu !

•    Pour allumer les cigarettes, mieux vaut utiliser des allumettes plutôt que des briquets a fortiori jetables. Mieux, il existe des briquets solaires qui utilisent la chaleur du soleil reflétée dans un miroir pour allumer la cigarette.


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