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Sodas

SODAS

Symboles d'une certaine alimentation industrielle et mondialisée, les sodas ont un arrière-goût qui n'est pas doux pour la planète

En quelques décennies, les sodas sont devenus emblématiques de notre alimentation moderne, mondialisée et uniformisée : ces boissons généralement gazeuses et très sucrées (les plus populaires peuvent aller jusqu'à plus de vingt morceaux de sucre par bouteille, soit une douzaine environ pour une simple canette) sont composées d’eau, de sucre ou d’édulcorant, de différents extraits végétaux dans le meilleur des cas, et d'arômes ou d'additifs de synthèse plus généralement. Leur consommation a le vent en poupe dans toutes les catégories de populations, de sorte que notre consommation de sodas est passée d’un peu plus de 8 litres en 1950 à 38 litres en 1995. Résultat : les sodas sont aussi montrés du doigt dans l’épidémie de surpoids et d'obésité qui sévit dans nos pays, notamment chez les jeunes qui consomment deux fois plus de boissons sucrées que le reste de la population. Et leur impact social et environnemental, moins connu que leur impact sur la santé, n’est pas beaucoup plus reluisant…

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Le saviez-vous ?


  • Chaque étape de la production des sodas a un impact environnemental, qu’il s’agisse de la production des matières premières et de la boisson, de l'embouteillage, du transport, ou enfin de la distribution voire de la réfrigération des produits. D’abord, la production de soda est particulièrement consommatrice d’eau, avec en moyenne 5 litres d’eau par litre de soda : à titre d’exemple, il faut, selon la modernité des usines, entre 3 et 9 litres d’eau pour produire un litre de Coca-Cola. Or 240 millions de litres de Coca-Cola sont consommés chaque jour dans le monde – et c’est sans compter les sodas des autres marques (Coca-Cola étant le soda le plus vendu au monde, devenu presqu’un symbole de ce type de produits, c’est aussi celui sur lequel le plus de chiffres sont disponibles).
  • Contrairement à une idée reçue, les pays du Sud sont aussi de grands consommateurs de sodas, notamment parce que l’eau potable y fait défaut. D'ailleurs, alors que les ventes de sodas sont en réalité en recul depuis quelques années dans les pays comme les Etats-Unis,  l’activité des grands fabricants est soutenue par le progrès des ventes dans les pays émergents. Au Mexique par exemple où le goût de l'eau potable n'est pas agréable parce qu'elle est principalement issue du retraitement de l'eau de mer ou de l'eau de pluie (les nappes phréatiques étant trop faibles), les enfants consomment jusqu’à 1 litre de boisson sucrée par personne et par jour, soit 12 à 24 morceaux de sucres supplémentaires… Et on s'aperçoit aujourd'hui que l'obésité progresse de façon épidémique dans le pays malgré le faible niveau des revenus individuels.
  • Mais la consommation d’eau nécessaire à la production des sodas a également des impacts considérables dans ces pays. En Inde par exemple, où 40 % de la population n'a pas accès à l'eau potable, Coca-Cola enchaîne les déboires. L’une de ses plus grosses usines est située dans le Nord du pays près de la ville sacrée de Varanasi. Pour produire 600 bouteilles à la minute, cette usine  doit consommer un demi-milliard de litres d’eau potable par an. Dans cette région autrefois prospère, riche de riz et de blé, les puits se sont taris, les champs ne sont plus irrigués, les cultures ne poussent plus. Ces gigantesques installations de pompage du géant américain sont désormais accusées d’avoir réduit la nappe phréatique à son niveau le plus bas et de longues marches de protestation sont régulièrement organisées par les populations des 20 villages les plus concernés. Même scénario dans l’Etat du Kerala, où la firme américaine s’est installée en 2001 à Plachimada, un petit village de 1500 familles. A l'arrivée de l'usine, les villageois ont vu se réduire la quantité et la qualité de l’eau utilisée pour cultiver leurs champs et se nourrir, et de surcroît très peu d'entre eux ont bénéficié des quelque 350 emplois créés par l'arrivée du leader américain des sodas. D’où le différend qui les oppose au géant américain, avec le soutien d'activistes internationalement connus comme Vandana Shiva ou José Bové. Face à cette mobilisation croissante, le gouvernement local a pris position en faveur des villageois en 2003 et n’a pas renouvelé l’autorisation initiale donnée à Coca-Cola d’utiliser gratuitement les nappes d’eau potable. Mais il s’oppose ainsi au pouvoir central qui, à l'inverse, souhaite conforter Coca-Cola et envoyer des signaux positifs aux investisseurs étrangers. Aux problèmes de l'eau s’ajoute la polémique entamée en 2003 sur les taux de pesticides contenus dans les bouteilles de Coca-Cola, comme d’ailleurs de son concurrent Pepsi. Une ONG environnementale indienne puis un comité mandaté par le Ministre de la Santé ont testé les principales marques de boissons fabriquées et distribuées par les deux géants américains : ils ont conclu à la présence de traces de pesticides (à hauteur de 30 fois les standards européens ou américains en la matière) abondamment utilisés en Inde, notamment dans la culture du coton, et provenant de l'eau pompée dans les nappes phréatiques, pas assez profondément, par les usines.
  • D’autres impacts environnementaux sont liés à la production des sodas : ainsi en Belgique, la production d’un litre de Coca-Cola demande 600 kilojoules d'énergie, ce qui correspond à une émission d'environ 70g de CO2. Autres enjeux : les emballages de boissons (y compris les suremballages en carton pour les regroupements de petits contenants type canettes ou bouteilles individuelles), qui représenteraient plus du tiers du tonnage des emballages mis sur le marché, et la réfrigération, puisque les sodas sont beaucoup vendus dans des armoires réfrigérantes portant leur marque, notamment pour les canettes et les bouteilles individuelles…
  • L'impact de la production et de la consommation des sodas est aussi sociétal. En amont, les grands fabricants sont accusés de pratiques sociales peu responsables dans leurs usines des pays en développement. Ainsi Coca-Cola a dû faire face à des controverses médiatiques et s’est vu accuser de pratiques anti-syndicales dans ses usines d'embouteillage en Colombie ou de proposer des salaires inférieurs au minimum légal en Haïti. Ensuite, du côté de la consommation, les sodas sont emblématiques d’une uniformisation du goût qui va à l’encontre des différences culturelles et des traditions alimentaires régionales. L’omniprésence des sodas, dans tous les pays du monde (le Coca-Cola est vendu dans 200 pays… alors que les Nations-Unies ne comptent que 191 états membres) et dans de très nombreux lieux du quotidien (des supermarchés aux salles de réunion dans les entreprises, en passant par les distributeurs installés dans les écoles ou les hôpitaux) suscite également des questionnements. En France, les distributeurs automatiques de sodas, chips et autres barres chocolatées concernaient en 2004 un collège sur cinq et un lycée sur deux. Cette omniprésence est aussi mentale, puisque les sodas ont à leur actif un marketing pauvre en messages sur la qualité sociale ou environnementale des produits… mais riche en investissements publicitaires : Coca-Cola est le premier annonceur en France et son budget publicitaire mondial est de 2 milliards de dollars par an, soit l’équivalent du budget des Nations-Unies ! Un marketing que certains taxent de manipulation mentale, notamment depuis que l’ex-patron de TF1, Patrick Lelay, a fait scandale en écrivant que « ce que nous vendons à Coca-Cola, c’est du temps de cerveau humain disponible », ajoutant que l’objectif d’une chaîne télévisée est de « divertir, détendre le téléspectateur pour le préparer entre deux messages publicitaires ». Selon des recherches menées en Amérique du Nord, on estime que chacun est exposé chaque jour, en moyenne, à un nombre de messages publicitaires qui varie entre 1500 et 3000, qu’il s’agisse de logos sur des tee-shirts ou des camions, d’annonces presse, d’affiches dans la rue, de messages à la radio, etc.  Et les marques-leaders de sodas sont souvent considérées comme emblématiques de ce harcèlement publicitaire…
  • Enfin, les sodas trompent le corps… et cela augmente encore leur pouvoir de nuisance. Même si nous n'en sommes pas forcément conscients, notre organisme régule plus ou moins spontanément sa prise calorique quotidienne : ainsi, lorsque nous mangeons une pomme en milieu de matinée, nous avons tendance à prendre un déjeuner un peu plus léger. Avec les boissons sucrées, ce mécanisme de régulation ne fonctionne pas et des expériences ont montré que des sujets qui consomment une boisson sucrée mangent tout autant aux repas suivants que ceux n'ayant bu que de l'eau. Notre organisme est donc en quelque sorte trompé par l'aspect liquide de sorte qu'une canette de soda représente surtout 140 calories sans intérêt nutritionnel qui viennent s’ajouter à notre consommation habituelle. Une étude a d'ailleurs montré récemment que pour chaque canette de soda supplémentaire consommée quotidiennement, le risque de devenir obèse augmentait de... 60% !
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Bonnes nouvelles


  • Les grands fabricants de sodas sont sur le devant de la scène médiatique : poussés par les campagnes d’activistes et même d’investisseurs menées contre leurs pratiques, ou encore par les réglementations visant notamment leur impact nutritionnel, ils s’engagent progressivement dans des pratiques plus responsables. Ainsi, sur deux années seulement, en 2000-2001, le leader Coca-Cola a été l’objet de plusieurs campagnes dans ce sens : l’une était menée par plusieurs investisseurs éthiques et l’incitait à mettre en place une politique environnementale ambitieuse pour le recyclage des millions de canettes et bouteilles en plastique que le groupe met sur le marché chaque jour ; une autre  a été conduite par Greenpeace à l’occasion des Jeux Olympiques « verts » de Sydney (dont Coca-Cola était le principal sponsor), pour demander à Coca-Cola de changer ses équipements réfrigérants jugés trop contributeurs au changement climatique ; une troisième, nommée « Stop killer Coke », mettait en cause ses pratiques sociales en Amérique du Sud… Du coup, le groupe s’est notamment engagé à mener des audits sociaux dans ses usines, à utiliser du plastique recyclé pour ses bouteilles (10% du plastique utilisé pour les bouteilles américaines en 2005) mais aussi à rendre plus écologiques ses équipements réfrigérants, de sorte que ses 1300 modèles d’armoires réfrigérantes sont désormais à 98% sans HFC (Hyfrofluorocarbone), un gaz à effet de serre qui contribue de manière croissante au changement climatique. Mieux encore : le groupe a créé, avec McDonald's et Unilever, la coalition "Refrigerants Naturally" pour amener d’autres entreprises à prendre des mesures similaires et à réduire la contribution des systèmes réfrigérants au changement climatique. Pepsi, soumis à des pressions similaires de son côté, a pris des engagements proches, avec aussi l’achat important d’énergie renouvelable pour couvrir l’ensemble de la consommation de ses usines aux Etats-Unis…
  • En France, 6 à 8.000 distributeurs automatiques de sodas et autres confiseries étaient installés dans environ 40% des établissements scolaires en 2004. Mais devant le développement inquiétant de l’obésité chez les jeunes (en vingt ans, l'obésité infantile a augmenté de 17% et un enfant sur dix est obèse à l'âge de 10 ans), une loi interdit depuis la rentrée 2005 ces distributeurs automatiques dans les écoles, collèges et lycées. Et ce mouvement n’est pas limité à la France : un peu partout dans les pays occidentaux, de la Belgique à la Californie, des mesures similaires ont été prises en 2005, et aux Etats-Unis, la démarche a même gagné certains hôpitaux… Là bas, les fabricants de sodas, bon gré mal gré, tentent maintenant d’anticiper les contraintes futures et de prouver leur bonne volonté. Ainsi, Coca-Cola a-t-il décidé fin 2003, sous la menace d’un procès, de retirer ses distributeurs de sodas des écoles primaires américaines et de proposer un large choix de boissons moins caloriques dans les collèges et lycées (eau, sodas "light", thés sans sucre, et jus de fruits sans sucres ajoutés). 75% des écoles devraient être concernées par cette politique, que partagent les autres géants de l’industrie des boissons aux Etats-Unis, dont Pepsi. En France, Coca-Cola a initié une campagne de « marketing responsable », avec là encore l’engagement d’offrir plus de choix au consommateur, d’encourager l’activité physique en soutenant des clubs sportifs, de ne pas faire de publicité télévisée dans les programmes destinés aux moins de 12 ans, de ne pas faire figurer d'enfants de cette tranche d'âge dans les publicités et de ne pas leur distribuer de produits gratuits.
  • Enfin, sur le marché du cola en France, les initiatives se multiplient pour proposer une alternative au quasi-monopole d’une seule entreprise, devenue à elle seule un symbole de la mondialisation. Les marques alternatives parient notamment pour cela sur un ancrage local de leur entreprise et de leur produit, aux antipodes de l’approche impérialiste de Coca-Cola : Virgin Cola s’était lancé il y a quelques années, pour le seul plaisir d’incarner une fois encore l’alternative à un monopole. On a ensuite vu apparaître l’initiative plus controversée de Mecca Cola, lancé par des entrepreneurs musulmans et dont une partie importante des profits sont reversés à des associations humanitaires palestiniennes et à des associations œuvrant pour la paix dans le conflit israelo-palestinien.  Puis ce fut le tour de marques plus marginales visant à défendre une identité culturelle régionale  comme Breizh Cola (« l’autre cola du Phare Ouest » produit par une PME du Morbihan), Beuk Cola (également produit en Bretagne par une coopérative, avec un engagement plus militant et de surcroît 75 % de sucre roux issu du commerce équitable) ou encore Corsica Cola en Corse, Inka Cola sur les haut plateaux péruviens, Chtilà Cola dans le Nord de la France, Elsass Cola en Alsace … Même si les géants du marché ne semblent pas prendre très au sérieux cette concurrence, les consommateurs n’en sont pas moins séduits par ces alternatives
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Ce que vous pouvez faire


  • L’idée n’est pas forcément de bannir la consommation de sodas mais d'en diminuer la quantité, ce qui  aura un impact positif sur votre santé et votre environnement. Jeune ou moins jeune, consommez des sodas comme les adultes consomment des apéritifs : de manière très occasionnelle et surtout pas comme boisson régulière.
  • Quand vous achetez des sodas, préférez si possible les boissons alternatives produites localement, ce qui diminue très fortement l’impact du transport, et à quantité totale égale, choisissez de préférence les grands récipients aux conditionnements individuels. Enfin, n’oubliez pas de trier pour recycler les bouteilles jetables (en verre ou plastique), ce qui diminue la quantité de déchets finissant en décharge ou à l’incinérateur et permet de faire des économies d’énergie et de matière.
  • L'eau reste la boisson désaltérante par excellence, surtout l'eau du robinet, économique et sans déchet d'emballage. Pour ceux qui ne peuvent se passer des bulles, il est possible d'acheter des appareils qui fabriquent de l'eau pétillante à partir de l'eau de distribution, c'est le cas de Soda Club qui vient de mettre sur le marché de nouvelles machines à sodas qui gazéifient vos boissons. Et gardez en tête que vous pouvez aussi faire vos propres boissons, la limonade par exemple, avec quelques citrons (bio si possible) épluchés, du sucre et de l’eau du robinet, gazéifiée si vous préférez : il  suffit ensuite de passer le tout au mixer, d’ajouter de la glace et le tour est joué…
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