L’été revient, et avec lui son cortège de plaisirs de vacances… en tête desquels le barbecue ! Repas festif à partager en famille ou entre amis au soleil couchant, dans un jardin ou sur une terrasse, le barbecue a tout pour ravir petits et grands, mais comme toutes les activités de plein air, il peut aussi s’avérer destructeur pour la planète. Voici une belle brochette de choses à savoir pour un barbecue écologique...
1. LE MOBILIER
- Le mobilier de jardin en teck qui accompagne votre barbecue a tout pour plaire : design, prix, résistance aux intempéries… Et vous n’êtes pas les seuls à l’avoir remarqué : depuis 1990, les ventes ont explosé.
- Le problème est que bien souvent ce mobilier provient de Birmanie. Un pays d’Asie verrouillé par une junte militaire depuis 1962 et qui héberge les dernières forêts primaires de la planète. Le commerce de teck y est organisé par une entreprise publique pour financer l’achat d’armement. La vente du teck est d'ailleurs la deuxième source de revenus de la junte militaire au pouvoir en Birmanie . Plusieurs collectifs ont donc appelé au boycott du teck birman (le seul pays ayant interdit depuis 2000 tout importation de Birmanie est les Etats-Unis) mais pour le contrer une partie de la production birmane est désormais illégale et passe par la Thaïlande ou la Chine pour être revendue avec la marque d'un autre pays d'origine.
- Alertés par les ONG, les distributeurs français ont réagi et décidé de ne plus s’approvisionner en Birmanie pour préférer notamment l' Indonésie qui héberge les plus grandes plantations de teck au monde. Mais ces plantations, gérées par l'Etat et non par les populations qui y vivent, sont elles aussi à l’origine de nombreux conflits sociaux, ce qui a poussé certaines enseignes comme Carrefour ou Botanic à arrêter radicalement la vente de meubles en teck. Ces enseignes se sont donc tournées vers d'autres essences comme le roble certifié pour Carrefour ou le frêne chez Leroy Merlin. D'autres comme Castorama ou Botanic affichent l'ambition de ne proposer plus que du bois certifié (Botanic avait déjà banni en 2001 la vente de mobilier de jardin en PVC, une matière plastique polluante et difficilement recyclable).
- Dans tous les cas, pensez à exiger un mobilier (et si possible un chariot à barbecue) certifié FSC (Forest Stewardship Council), le label de bonne gestion forestière le mieux reconnu par les ONG environnementales aujourd'hui.
2. LE GRILL
- Les grills au gaz
Outre l'option d'un grill électrique fonctionnant aux énergies renouvelables, il semblerait que les grills les plus propres et éco-efficaces seraient les grills au gaz (bien que le gaz ne soit pas une énergie renouvelable et qu'il ait en France un bilan CO2 plus lourd que celui de l'électricité dont une part importante est issue du nucléaire).
- Grills au charbon ou au bois, les derniers de la classe
- Malheureusement pour les puristes du barbecue, les perdants toutes catégories sont le charbon et le bois, a fortiori s’ils ne sont pas issus de déchets de scieries, car ils peuvent contribuer à la déforestation.
- Par ailleurs, ils produisent en brûlant des gaz à effet de serre mais aussi de fines particules qui polluent l’air ambiant et peuvent aggraver des troubles du cœur ou des poumons. En 2003, une étude américaine a même montré qu’une des villes les plus polluées du pays, Houston, devait une partie importante de sa pollution à la fumée des restaurants de grillades, qui sont une tradition culinaire texane.
- En outre, la transformation du bois en charbon, son emballage et son transport sont eux aussi émetteurs de gaz à effet de serre. A noter : les substituts du bois et du charbon ne sont pas non plus la solution puisque les bûches et bûchettes artificielles peuvent contenir des additifs toxiques pour la santé comme le borax.
- Dans ces conditions, évitez les barbecues à charbon, pour leur préférer le gaz par exemple : cela vous évitera de respirer les particules de fumée du charbon qui brûle, mais aussi de vous noircir les doigts ou de manipuler les gels et autres produits d’aide à l’allumage, souvent toxiques comme le signifient assez clairement les avertissements pour la santé ou l’environnement figurant sur les emballages…
- Et notez qu’il existe désormais du charbon portant la certification environnementale FSC (Forest Stewardship Council), même s’il reste peu facile à trouver.
- Les grills alternatifs:
- Le bois de vigne: les "sarments" (petit bois) ont la propriété de ne pas avoir été transformés du tout. Du coup, le bois brûle moins longtemps et donne une saveur particulière aux viandes. On le préfèrera donc pour des barbecues rapides. Attention: il faudra bien attendre que les braises se forment avant de placer la viande sur le grill, afin d'éviter les substances toxiques qui pourraient se dégager si de la graisse tombe sur les flammes. On peut aussi opter pour les "ceps" (gros bois de vigne) qui lui, brûlera plus longtemps. Cependant, gardez à l'esprit que cette partie de la vigne a reçu des années durant de multiples traitements phytosanitaires, qui pourraient altérer sa douce caractéristique "100% nature".
- Les nouveaux venus: rafles de maïs et coques de coco... Selon un récent article par chez Terra Economica, on trouve désormais sur le marchés des petites nouveautés pour un grill sans dangers pour la planète... ou presque ! Ainsi, les rafles de mais (coeur de l'épi une fois les grains enlevés) seraient un bon substitut au charbon de bois pour faire griller ses saucisses. Très absorbant, le rafle de mais capterait les graisses sans les brûler: exit donc les risques de cancer. Cependant, il brûlerait très rapidement, dégageant beaucoup de fumée, et accessoirement traité au pesticide toute sa vie durant... Quant aux coques de coco, elles semblent à première vue la solution idéale: fort pouvoir calorifique, capacité à brûler pendant des heures, peu traitées... Oui, mais il y a un hic: elles viennent généralement d'Asie du Sud-Est et leur petite balade en avion pour arriver jusqu'à nous n'est pas ce qu'il y a de moins émetteur en termes de gaz à effet de serre.
- Autre alternative existante, bien qu’encore peu évidente à trouver : les fours ou cuiseurs solaires, très adaptés à la cuisson extérieure en été, qui ont (selon les modèles) des temps de cuisson identiques ou doublés par rapport à la cuisson traditionnelle (voir celui d'ID Cook).
3. LE MENU
Qui dit barbecue dit généralement viandes et saucisses… Alors si vous le pouvez, préférez les viandes à moindre impact environnemental, comme le poulet fermier, le canard et le porc, à celles dont la production génère plus de CO2 comme le bœuf, le veau ou l’agneau. Enfin, si la viande est bio, les émissions globales par kilo de viande sont diminuées du tiers environ, quelle que soit la viande considérée.
Si vous préférez le poisson, évitez d’acheter une espèce menacée et préférez des produits issus de la pêche locale si possible. Découvrez aussi le plaisir de cuire au barbecue des légumes de saison (poivrons, tomates, courgettes et aubergines coupées en deux dans le sens de la longueur) voire des fruits (bananes), le tout si possible issu de l’agriculture bio, en accompagnement de la viande et du poisson. Certaines études suggèrent que la consommation de légumes en accompagnement des viandes et poissons cuits au barbecue diminuerait le risque de cancer induit par ce mode de cuisson grâce à leur effet anti-oxydant… Et préparez vos sauces ou marinades vous-mêmes, avec des ingrédients frais si possible issus de producteurs locaux.
4. LA VAISSELLE
Pour servir tout ça, préférez de la vaisselle réutilisable ou écologique : plusieurs modèles de couverts et d’assiettes jetables et compostables sont désormais disponibles allant du bioplastique PLA en passant par d’autres matières premières végétales comme le bambou ou les feuilles de palmier pour les assiettes. Et, naturellement, organisez dans ce cas le tri en prévoyant quelques sacs poubelles (idéalement portant l’écolabel NF Environnement) pour les différents types de déchets…