1. LE TERRAIN
Les terrains des sports traditionnels sont artificiels, c’est un fait : stades en béton, « greens » de golf ou terrains de foot aux gazons irréalistes, piscines carrelées et chlorées, salles de gym obscures, etc. Pourtant, tous les sports ne se valent pas et certains ont plus d’impacts que d’autres… Et quelques initiatives récentes permettent d’espérer que les choses évoluent dans le bon sens : les gymnases récemment construits en France le sont souvent selon les principes de la Haute Qualité Environnementale, comme par exemple le Gymnase du Charlaix construit en 2003 à Meylan, dans l’Isère ; la Fédération Française de Rugby, à l’occasion de la coupe du monde en 2007, a signé un partenariat avec l’ADEME (Agence de l’Environnement et de la Maîtrise de l’Energie) comprenant notamment l’équipement de certains stades en installations solaires, au stade Geoffroy Guichard de Saint-Etienne ou au Centre National de Rugby de Linas-Marcoussis ; les clubs de golf, souvent mis à l’index pour leurs impacts environnementaux, se sont également lancés dans le développement durable avec, par exemple, la charte «Engagement Nature» que peuvent signer les clubs de golf, initié par l’unité Écologie de l’association européenne de golf en 1997 ou encore la charte sur l’eau signée entre la Fédération française de golf et les ministères de l’Ecologie et des Sports en 2006 (pour réduire la consommation d'eau des golfs de 30% en 3 ans en échange d'un maintien de l'arrosage des greens) ; et la marque leader Nike a lancé en 1993 son programme Reuse-a-shoe, qui vise à récupérer et recycler des chaussures pour fabriquer des terrains de sport destinés aux jeunes un peu partout dans le monde. Récemment, deux initiatives de skatepark aux Etats-Unis proposent de verdir le béton. Le skatepark
Ed Benedict à Portland alterne les surfaces de béton avec des zones de végétation (arbres, plantes et même deux jardins filtrants ) conçues pour favoriser l'inflitration des eaux de pluie et limiter l'imperméabilisation de la surface. Avantage : dans une région pluvieuse (155 jours de pluie par an), l'eau de pluie rejoint la nappe phréatique en de multiples points d’infiltration – alors que sur les surfaces exclusivement bétonnées, l'eau glisse, engorge les canalisations et fait grimper anormalement vite le niveau des cours d'eau près des rares points où elle est déversée. De son côté, le '
Green Skate Lab" de Washington, est fabriqué à partir de terre et de pneus usagés (tous trouvés, pour la petite histoire, dans des parcs nationaux et sur les berges du fleuve Potomac par des bénévoles de la ville).
Si malgré cela, ces impacts vous posent problème, adaptez votre pratique sportive en conséquence : optez pour un sport qui ne demande pas un terrain dédié (par exemple la course à pied), pratiquez votre sport en plein air et dans la journée si possible (pour éviter de devoir éclairer le terrain la nuit), et faites connaître votre intérêt pour le développement durable aux responsables de votre club de sport, qu’il s’agisse de les pousser à s’équiper en éclairages éco-efficaces ou à proposer des tee-shirts en coton bio-équitable…
2. LES CHAUSSURES
L’industrie des chaussures de sports a longtemps été prise comme symbole de la mondialisation et de ses dérapages, à la fois sociaux (sous-traitance et ateliers sordides dans les pays du Sud, travail des enfants, rémunérations dérisoires, etc.) et environnementaux (utilisation de colles toxiques et autres produits chimiques sans matériel de protection, etc.).
La couverture médiatique de ces problèmes, notamment dénoncés en France par le collectif De l’éthique sur l’étiquette ont poussé les grandes marques et les distributeurs à se lancer dans des programmes sociaux un peu rigoureux, de sorte qu’il vaut mieux aujourd’hui acheter des chaussures de sport d’une marque connue, dont vous aurez préalablement vérifié les engagements sur son site Internet, que sans marque apparente… Mieux encore : des alternatives apparaissent, mais elles sont plutôt disponibles pour l’instant sur les sports de glisse (Etnies, IPath ou Patagonia proposent des chaussures en cuir issu de tanneries certifiées pour leurs pratiques environnementales, en chanvre, en coton bio, en caoutchouc recyclé, etc.) et sur des modèles non-techniques (voir par exemple Simple Shoes et Veja) que sur les sports traditionnels. Néanmoins, Nike a lancé un programme d’éco-design "Nike Considered", qui doit concerner l’ensemble des chaussures de la marque à l’horizon 2011 et vise à réduire les déchets lors de la production mais aussi à utiliser les matériaux les plus écologiques possibles. Parmi les premiers modèles commercialisés :
Nike Considered Humara, une chaussure tout-terrain lancée en 2005 avec des matériaux recyclés et des éco-matériaux,
Nike Air Jordan XX3, une chaussure de basket lancée en 2007 avec une quantité réduite de colles toxiques et du caoutchouc recyclé dans la semelle, ou encore
Nike Trash Talk, une autre chaussure de basket fabriquée intégralement à base de déchets, pour l’essentiel issus de ses propres usines (des pièces de cuir et d’autres matériaux cousues ensemble comme un "patchwork", des morceaux de mousse et de caoutchouc récupérés sur le sol des usines, etc.).
3. LE SAC DE SPORT
Préférez les sacs en matériaux naturels et recyclés à ceux fabriqués à base d’éléments pétrochimiques comme le polyester ou le PVC, dont la production et la fin de vie génèrent des pollutions. Toute une série de nouvelles marques proposent ainsi des sacs de sports en bâches publicitaires recyclées, utilisant des ceintures de sécurité comme bandoulières : c’est le cas par exemple de Bilum, Freitag ou Reversible. D’autres existent en matériaux naturels et écologiques : chanvre, coton bio, cuir végétal. A noter : des marques plus connues comme Lafuma commencent à proposer des sacs à dos conçus pour respecter l’environnement avec du chanvre, du polyester recyclé, etc.
4. LES VETEMENTS
La situation sur les vêtements est assez proche de celle constatée sur les chaussures : là encore, les problèmes sociaux et environnementaux sont connus, les grands groupes s’engagent surtout à minimiser les risques et les alternatives proposant des vêtements à partir d’éco-fibres (bouteilles en plastique recyclées, coton biologique, laine traitée sans chlore, chanvre, polyester recyclé, etc.) ou organisant la récupération pour recyclage de ses propres vêtements restent assez rares et concernent plutôt les sports de glisse, que leur proximité à la nature pousse dans cette voie : Patagonia, Timberland, Lafuma ou Kanabeach ont ainsi des offres en ce sens. Mais peu à peu, les grandes marques suivent : ainsi Nike s’est-il engagé en 2001 à utiliser au moins 5% de coton bio dans tous ses vêtements en coton d’ici à 2010 et a lancé en 2002 une gamme en coton bio, assez limitée, à l’attention des femmes aux Etats-Unis et des enfants en Europe. Mais la différence avec les chaussures est que, même si vous avez besoin de vêtements très techniques, vous pouvez facilement vous rabattre sur l’une des marques innovantes évoquées plus haut, en tête desquelles on trouve le pionnier historique Patagonia.
5. LE MATERIEL
Qu’en est-il du matériel ? Là encore, les progrès de la technologie font que le matériel sportif est souvent fabriqué en aluminium, en plastique et autres matériaux composites posant un réel problème environnemental lors de la fabrication (consommation d’énergie, émissions de produits toxiques) mais aussi en fin de vie, où il devient un déchet difficile à éliminer.
Dans tous les cas, l’option la plus écologique est d’emprunter le matériel (si vous ne pratiquez qu’occasionnellement), de le louer ou encore de l’acheter d’occasion. Pour cela, pensez à aller faire un tour sur les sites de vente comme Ebay mais aussi de don comme Freecycle (plus de 4 millions de membres dans le monde pour ce réseau gratuit, créé en 2003 pour alléger les décharges des "objets abandonnés bien qu'encore utiles" !), où le matériel sportif est fréquent. Autre option : le leader de la distribution sportive Décathlon a lancé, en France, le Trocathlon, qui permet (le temps d’un week-end en mars) aux clients de l’enseigne souhaitant se débarrasser du matériel de sport d’occasion qui les encombre de le vendre à d'autres en ayant justement besoin, avec l’aide des vendeurs de l’enseigne pour fixer le prix de vente (Décathlon ne prenant aucune commission).
Si vraiment vous voulez acheter votre matériel, sachez que des alternatives apparaissent et les matériaux écologiques gagnent les sports traditionnels. Ainsi, les ballons de volley ou de foot, qui sont traditionnellement fabriqués avec un revêtement extérieur en polyuréthane et une chambre à air intérieure en caoutchouc synthétique, sont désormais disponibles dans une version en caoutchouc naturel provenant de forêts écologiquement gérées, bénéficiant à la fois de la certification FSC (Forest Stewardship Council) et de la certification équitable Max Havelaar. Idem pour les vélos puisque Calfee, un fabricant américain de vélos de course haut-de-gamme, propose depuis 2005 des modèles de VTT et de course remplaçant la fibre de verre peu écologique par la fibre de chanvre et surtout le bambou, qui absorberait également mieux les vibrations de la route. Sur un tout autre marché, Plasmor, un fabriquant français de kayaks de mer, a développé un prototype de kayak de mer écologique dans lequel le lin remplace intégralement la fibre de verre et où la résine polyester est remplacée par de la résine biologique. Et Bic a développé en 2007 l’Open Bic, un dériveur éco-conçu avec un procédé de fabrication peu consommateur en énergie, des matériaux recyclables et une promotion de la voile légère auprès des enfants et adolescents. Si vous faites du yoga, enfin, préférez un tapis en caoutchouc naturel soutenu par une trame en jute, plutôt que des plastiques issus de la pétrochimie ou du PVC toxique.
6. L’EAU
C’est une chose entendue : il faut boire de l’eau quand on fait du sport… mais évitez de prendre une bouteille d’eau en plastique à chaque séance, ou alors réutilisez la bouteille, en la remplissant plusieurs fois. Souvenez-vous que l’eau en bouteille est en moyenne 300 fois plus chère que l’eau du robinet, qui à quelques exceptions régionales près est parfaitement saine et sûre, et qu’une bouteille en plastique met près de 1000 ans à disparaître dans la nature, si elle n’est pas recyclée. Si vraiment vous le préférez, utilisez une carafe filtrante de type Brita avant de remplir votre gourde, que vous choisirez par exemple solide comme celles proposées par le fabricant suisse Sigg.
7. LES CLUBS ET LA PRATIQUE
Les sports (notamment ceux qui se pratiquent en milieu naturel) peuvent avoir un impact certain sur la planète, et certaines fédérations s’engagent activement dans des démarches visant à sensibiliser les pratiquants et à engager les clubs sur l’environnement. Ainsi, un groupe de passionnés de plongée a créé en 2002 la charte internationale du plongeur responsable, pour contribuer à lutter contre la dégradation continue des fonds marins. Celle-ci recommande notamment aux plongeurs de choisir une agence de voyages adhérant à une charte éthique mais aussi un centre de plongée responsable (qui retraite les déchets et les eaux usées, qui contribue au développement local, etc.). Dans le même esprit, la Fédération Française des Clubs Alpins et de Montagne a élaboré une Charte Montagne, pour un développement respectueux de l’environnement. Enfin, la Fédération Française de Rugby, à l’occasion de la coupe du monde en 2007, a signé un partenariat global avec l’ADEME (Agence de l’Environnement et de la Maîtrise de l’Energie) comprenant un certain nombre d’actions de sensibilisation aux gestes verts dans les clubs.
Autre élément important à prendre en compte dans le choix d’un club, sur le volet social cette fois : son ouverture sur la pratique sportive des handicapés, attestée par la qualification Handisport ou le label « club Valides-Handicapés », qui se développe progressivement dans les régions.
8. LES COMPETITIONS ET EVENEMENTS SPORTIFS POUR LA PLANETE
Si vous voulez de temps à autre mettre votre pratique sportive au service de la planète, sachez que les manifestations proposant par exemple de « courir pour une cause », quoique moins courantes qu’aux Etats-Unis par exemple, se développent également dans l’hexagone. Courir pour les enfants malades, contre l’exclusion, contre la faim dans le monde, pour le Téléthon... : ces actions se développent et c’est tant mieux, autour d’un principe tout simple où tout le monde est gagnant - les courses reversent une partie de la recette à des associations qui se font connaître par le sport et l’exploit sportif.
Ainsi des courses à pied réservées aux femmes et reversant leurs profits à la lutte contre le cancer du sein sont de plus en plus fréquentes, comme La Parisienne dans la capitale ou un peu partout en France. Pour en savoir plus, sachez qu’un site Internet collaboratif est même désormais dédié à ces courses pour une cause qu’il recense et relate.
Enfin, si vous souhaitez mettre votre pratique sportive au service des autres, pensez aussi à vous rapprocher de Sport sans Frontières, une Association de Solidarité Internationale, basée en France, qui oeuvre en faveur de l'enfance en situation difficile en France et dans le monde, et permet chaque année à des milliers d'enfants d'avoir accès à des programmes d'éducation et de développement par le sport.
9. LES SPORTS MOTORISES
Outre les consommations de carburant et les pollutions qu’elle implique, la rapide progression des loisirs motorisés, sur la terre (moto, quad…) ou sur l’eau (jet ski, ski nautique,…) menace de plus en plus gravement, non seulement la tranquillité publique du fait du bruit de ces véhicules, mais surtout la faune, la flore et les espaces naturels utilisés. Et les oppositions entre pratiquants de ces sports et défenseurs de l’environnement sont fréquentes… Frappée de plein fouet par la circulaire Nelly Olin de septembre 2005 qui limite considérablement l'usage des quads dans les espaces naturels, la FFM (Fédération Française de Motocyclisme) a réagi en lançant des initiatives pour sensibiliser ses licenciés (Guide Randonnée Verte, opération "Je roule nature"), mais elle a fort à faire avec les associations écologistes qui se démènent pour faire annuler des compétitions comme le célèbre Enduro du Touquet, accusé de dévaster les dunes.
Dans certains cas, pourtant, des solutions se dessinent : ainsi, pour les sports nautiques motorisés comme le ski nautique ou le wakeboard, des téléskis nautiques apparaissent un peu partout. Le principe est simple : au lieu d’être tracté par un bateau, le pratiquant est tracté par un câble qui fait le tour d’un petit lac ou d’un plan d’eau. Bilan écologique : pas de bâteau, pas de carburant, pas de maintenance, pas de pollution de l’eau ou de l’air, et une pratique tout aussi stimulante… Pas étonnant que ces systèmes se soient développés d’abord dans la verte Allemagne, qui compte aujourd’hui la moitié de l’équipement mondial (soit 60 sur 140 téléskis nautiques) mais les autres pays d’Europe et l’Amérique rattrapent progressivement leur retard. La France n’est pas en reste, avec une quinzaine d’équipements à ce jour, dont la liste est disponible
ici.