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Papier

PAPIER

Accusé de contribuer à la déforestation, il semble pourtant difficile de se passer de papier, qui sous ses différentes formes, est omniprésent dans notre quotidien. Il existe cependant des alternatives responsables... Tour d'horizon

Sans nous en rendre compte, il ne se passe pas une journée sans que nous ne manipulions du papier, sous une forme ou une autre, à la maison ou au travail : livres et magazines, filtres à café ou à thé, papier d’impression et enveloppes, mouchoirs en papier, serviettes en papier, papier hygiénique, papier peint, papier cadeau, etc. Sans parler du carton et des innombrables emballages ! Pour satisfaire tous ces besoins en papier, plus ou moins indispensables, des millions d'hectares de forêts sont abattus chaque année. Or, on sait bien que la majorité des forêts ne sont pas gérées durablement, sans oublier la destruction irréversible de nombreux écosystèmes. Au niveau mondial, 42% du bois exploité commercialement sert à fabriquer du papier et 17 % du bois utilisé provient de forêts anciennes ! Heureusement, il nous est possible de repenser certains achats en privilégiant toutes les alternatives possibles à base de papier recyclé ou certifié pour réduire au maximum notre participation à la déforestation …

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Le saviez-vous ?

  • La consommation de papier en France a été multipliée par 10 depuis 1950. Elle approche aujourd’hui les 10,7 millions de tonnes, soit 182 kg par habitant et par an. Mais surtout elle atteint 70 kg par employé de bureau et par an. Chaque année, en préférant le papier recyclé au papier classique, un employé de bureau peut épargner 12 arbres, 15.000 litres d'eau et l'équivalent énergétique de 720 litres de pétrole.

  • La France est l’un des pays européens qui importe le plus de papier issu de forêts anciennes. Selon la Confédération Française de l’industrie des papiers, cartons et cellulose, la Copacel, près de 20% du papier consommé en France, soit une feuille sur 5, provient de régions de forêts anciennes : Finlande (8%), Brésil (5%), Asie (3,5%), Canada (3%), Russie (0,5%).

  • Le processus de base de fabrication du papier est le même depuis deux mille ans. Le papier est constitué de 70 à 95 % de matières fibreuses (cellulose, pâte mécanique ou vieux papier) et de substances telles que colles, pigments et liants (5 à 30 %). En France, le bois représente 50% de la matière première utilisée pour fabriquer la pâte à papier, principalement du bois de résineux (pin, sapin, épicéa…) qui proviennent surtout de coupes d’éclaircie et de chutes de scieries. La première étape consiste à séparer avec des solvants les fibres cellulosiques de la lignine, les deux matières premières qui composent le bois, pour obtenir une pâte. Les différents procédés  (mécanique, chimique, mi-chimique) nécessitent des quantités d’énergie et d’eau considérables : jusqu’à 60 litres d’eau pour un kilo de papier ! Il faut ensuite épurer et blanchir les fibres en utilisant des quantités massives de produits chimiques (organo-chlorés). La deuxième étape consiste à répandre un mélange de plusieurs pâtes très diluées sur une surface poreuse adaptée à travers laquelle l’excédent d’eau peut s’égoutter jusqu’à former une couche mince de fibres. De nombreux adjuvants minéraux (kaolin, talc), d’additifs chimiques et de colorants sont ajoutés pour obtenir la qualité de surface souhaitée. Les couches sont ensuite pressées et séchées avant de former des feuilles qui sont enfin enroulées en bobines.

  • Comme d’autres secteurs industriels, l’industrie papetière a connu une vague de rachats et de concentrations en faveur de grands groupes nordiques de Scandinavie et du Canada. Et puis, elle n’a pas résisté au phénomène de délocalisation pour réduire les coûts du travail et des matières premières, sans parler de l’absence de réglementations sociales et environnementales. En Indonésie, une seule usine à papier peut exploiter jusqu’à 300.000 hectares de forêt primaire. Et en Amérique latine, l’industrie investit dans le développement d’immenses plantations d’eucalyptus en agriculture intensive qui appauvrit et acidifie irrémédiablement les sols. Au Brésil, ces plantations sont qualifiées de « déserts verts » … Et tout cela parce qu’une ramette de papier provenant d’un pays du sud et destinée à nos photocopieurs européens est deux fois moins chère !
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Bonnes nouvelles

  • Avec une tonne de vieux papiers, on peut obtenir 900 kg de papier recyclé, alors qu’il faut 2 à 3 tonnes de bois (environ 17 arbres) pour fabriquer une tonne de papier classique. Et chaque tonne de papier à base de cellulose fraîche demande jusqu’à 5000 kWh d’énergie tandis que la moitié suffit pour produire une tonne de papier recyclé. La production de papier 100% recyclé économise environ 90% d’eau. Enfin, elle génère 75% de pollution atmosphérique et 35% de pollution aquatique en moins …

  • Aujourd’hui, 58% de la matière première utilisée par l'Industrie Papetière française est issue de papiers et cartons récupérés. Ce taux la hisse au premier rang des industries de recyclage en France. En 2006, 6,05 millions de tonnes de papiers et cartons récupérés ont repris le chemin du cycle papetier, soit autant de volumes qui n’ont pas été incinérés ou mis en décharge. Surtout, utiliser du papier recyclé, c’est encourager une politique de gestion des déchets et aider à la création d’emplois locaux. La collecte, le tri et le recyclage de 2 tonnes de papier de bureau par mois entraînent la création de deux emplois et une ville où travaillent 300 employés peut fournir du travail à une personne à plein temps.

  • On appelle « recyclé » un papier comprenant au moins 50% de fibres cellulosiques de récupération  Et on distingue deux types de papier recyclé : pré et post-consommation. Les déchets de papier proviennent de déchets d’imprimerie, vierges ou peu imprimés (pré-consommation) et de déchets imprimés (post-consommation). Le papier peut provenir d’un mélange de fibres recyclées et de fibres vierges, ainsi mentionné : 90/10, 75/25, 60/40 ou 50/50. Ensuite, le papier peut être désencré ou non, blanchi ou non. Si le recyclage donne une nouvelle vie aux vieux papiers, il n’est pas réalisable ad vitam aeternam. En effet, au fil des opérations de recyclage, la qualité des fibres diminue. Selon le type de papier à fabriquer, on estime qu'une même fibre peut être réutilisée en moyenne de 2 à 5 fois.


  • Nous devrions tous nous habituer au papier recyclé gris clair, et faire fi de ce tout petit désagrément d’ordre esthétique, en regard de la pollution qu’il évite ! En effet, le procédé classique de blanchiment du papier, recyclé ou non, est réalisé avec du chlore. Heureusement, il existe désormais des procédés de blanchiment sans chlore qui sont généralement réalisés avec du peroxyde d’hydrogène, de l’ozone ou de l’oxygène. Le papier est dit TCF ou Total Chlorine Free. Attention, il peut être aussi ECF ou à faible teneur en chlore. N'oublions pas que la mer Baltique et devenue une mer morte à la suite des déversements de matières polluantes issues des industries papetières. En utilisant du papier recyclé, nous sauvons donc aussi des poissons !

  • Le papier labellisé FSC ou PEFC ne signifie pas qu’il est recyclé. Ces deux labels imposent uniquement des normes de gestion durable des forêts dont provient le bois qui sert à la fabrication du papier. Et il ne s’engagent pas sur la méthode de production du papier. Le label FSC émane du Forest Stewardship Council, un organisme indépendant. Et le label PEFC (Programme for the Endorsement of Forest Certification schemes) a été fondé par des propriétaires forestiers de  plusieurs pays européens.  La certification FSC se base sur un engagement et une pratique déjà concrétisée et exige un niveau de qualité initial à la forêt, tandis que la certification PEFC exige plutôt un engagement continue de la part des exploitants forestiers. Un papier labellisé FSC signifie qu’au moins 50% des fibres de bois utilisées sont certifiées FSC. Le papier FSC représente 5% du marché européen du papier impression-écriture, soit 300 000 tonnes avec un taux de croissance de 38% prévu en 2008.

  • Autre bonne nouvelle pour notre planète, c’est l’utilisation croissante des encres végétales, à base de soja ou d’esther de colza. Elles constituent une alternative intéressante aux encres traditionnelles dont la toxicité est due à leur teneur en huiles minérales et à la présence de métaux lourds dans leur composition. Les encres végétales sont facilement biodégradables, elles ne contribuent pas à l'effet de serre et n'entament pas les ressources naturelles ; et en plus, elles sèchent plus vite ! On les utilise de plus en plus en Europe, sur 15% du volume total des feuilles imprimées.

  • L’édition est l’un des plus gros clients de l’industrie papetière. Heureusement, depuis 2004, Greenpeace a lancé l’opération « Plumes vertes » pour sensibiliser le milieu de l’édition au rôle important joué par l’industrie papetière dans la déforestation. Ainsi, auteurs et éditeurs participent activement à la préservation des forêts anciennes en demandant à ce que les livres soient imprimés sur du papier 100% recyclé ou certifié FSC. Gallimard avait été ainsi le premier grand éditeur français à s’impliquer en publiant le 6e tome d’Harry Potter sur papier FSC.
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Ce que vous pouvez faire

  • Apprenez à reconnaître les écolabels du papier. Choisissez de préférence du papier 100% recyclé et labellisé plutôt que du papier certifié FSC ou PEFC, pour limiter le nombre d’arbres coupés ! Le label le plus exigeant est l’écolabel allemand Ange Bleu qui garantit un papier 100 % recyclé (dont au moins 65 % de fibres recyclées post-consommation), une production propre et le respect d’une réglementation stricte sur les produits chimiques utilisés. Viennent ensuite l’écolabel français Apur (Association des Producteurs et Utilisateurs de Papier Recyclé) qui garantit le taux de fibres de récupération post-consommation (60%, 80%  ou 100%) ; et le Cygne Nordique qui garantit qu’au moins 15% des fibres proviennent de forêts certifiées durables ou 50% des fibres proviennent des restes de bois de scierie. Enfin, l’écolabel européen prend en compte les nombreux impacts sur les différentes étapes du cycle de vie du papier. Les grandes surfaces proposent généralement une référence de papier recyclé. Sinon, demandez pour encourager leur référencement …

  • Quelques conseils qu’il est toujours bon de rappeler et que vous pouvez appliquer chez vous comme au travail : utiliser du papier non blanchi au chlore (TCF) et de grammage inférieur (80g), corriger les brouillons sur écran plutôt que sur papier, imprimer et photocopier les documents recto verso, éviter d’imprimer les courriers électroniques, réutiliser les feuilles imprimées sur un seul côté.

  • Considérez tous les papiers et cartons usagés non comme des déchets mais comme des matières premières qu’il faut réintroduire dans le circuit de fabrication du papier. Pour les cartons, il faut les déplier et les mettre à plat dans les poubelles ; s’ils restent à l’air libre et qu’ils prennent l’eau, ils ne pourront pas être recyclés.

  • Les prospectus et autres publicités envahissent nos boîtes aux lettres, et peuvent représenter 40 kg de papier par an ! Une seule parade : apposez un autocollant ‘stop pub’ sur votre boîte aux lettres…

  • Evitez tous les produits suremballés lorsque vous faites vos courses. Et pensez à privilégier tous les produits à base de fibres recyclées, comme l’essuie-tout ou le papier cadeau, et jusqu’au papier hygiénique …

  • Enfin, faites-vous plaisir en découvrant des papiers fabriqués à partir de matières premières végétales autres que le bois : coton, chanvre, riz, algues, etc.
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