C’est un des paradoxes du monde moderne : les médicaments que nous consommons pour nous soigner ont l’effet inverse sur la planète. Ils la rendent malade et ils risquent de nous rendre malades à notre tour. Des résidus de centaines de produits pharmaceutiques - l’œstrogène, en particulier, mais aussi les anticancéreux, les antibiotiques et même l’aspirine - se retrouvent en abondance dans l’eau des rivières et dans les sols. L’eau potable que nous utilisons pour préparer les repas ou faire le café du petit déjeuner contient elle-même d’importants résidus médicamenteux. Les stations d’épuration n’arrivent pas à détruire toutes les molécules. Leurs boues se retrouvent également dans les champs où elles sont épandues et utilisées comme engrais, sans que l’on connaisse leur effet à long terme sur l’écologie.
Jusqu’à récemment, rares étaient ceux qui se souciaient de l’impact des médicaments et de leurs résidus que nous rejetons dans la nature. Depuis peu, une prise de conscience commence à émerger, notamment, grâce à l’énorme étude de l’Académie de pharmacie, publiée en septembre 2008, intitulée « Médicaments et Environnement ». Si nous ne faisons rien, la pollution de notre environnement par les produits pharmaceutiques pourrait bien devenir la prochaine crise écologique menaçant directement notre santé. Voici donc quelques règles à garder en tête pour prendre soin de la Terre en prenant soin de nous-mêmes par la même occasion.
- Limitez quand vous le pouvez votre consommation de médicaments, par exemple en optant pour les médecines douces, qui soignent le « terrain » avec des remèdes sans effets secondaires pour la planète et le corps humain (ostéopathie, homéopathie, acupuncture, etc.) – notamment pour soigner ou prévenir la survenance de maladies bénignes et chroniques. Renseignez-vous sur les méthodes alternatives ou complémentaires permettant de renforcer les défenses naturelles du corps, en restant naturellement vigilant sur les approches « magiques » ou douteuses : David Servan-Schreiber a détaillé dans son livres « Guérir » des méthodes alternatives aux médicaments contre la dépression, puis dans « Anti-cancer » l’importance des facteurs alimentaires et environnementaux dans la prévention du cancer. Il rapporte aussi dans ce dernier ouvrage une étude sur les indiens du Paraguay et de Nouvelle-Guinée, dont les adolescents ne connaissent aucune trace d’acné, qui affecte dans nos pays 80 à 95% des adolescents de moins de 18 ans – vraisemblablement du fait d’un régime alimentaire traditionnel totalement exempt de sucre raffiné (sucre de canne ou de betterave, sirop de maïs ou de glucose, etc.) et de farine blanche (pains blancs, pâtes blanches, riz blanc, etc.).
- Lorsque cela est possible, prendre des comprimés plutôt que des sirops qui produisent plus de déchets (bouteille et emballage plus volumineux).
- Rapportez les médicaments non utilisés au pharmacien, plutôt que de les jeter à la poubelle ou aux toilettes. Même si les médicaments inutilisés ne seront plus redistribués aux plus pauvres, il est important de continuer à les rapporter dans les pharmacies : d’abord parce qu’un médicament n’est pas un produit anodin que l’on peut se contenter de jeter dans une poubelle en raison du risque d’ingestion, notamment par les enfants ; ensuite parce que les substances contenues dans les médicaments représentent un risque pour l’environnement.
En continuant à avoir le "réflexe Cyclamed" vous pourrez participer au recyclage de ces déchets d’un genre particulier : les médicaments seront récupérés puis détruits dans des incinérateurs afin de les transformer en énergie. En outre, si vous les ramenez en pharmacie, leur mise à décharge et destruction est à la charge des industriels rassemblés dans Cyclamed plutôt qu’à celle de la commune. Les emballages vides doivent de leur côté être recyclés dans le tri sélectif.
Pour le ramassage et recyclage :
http://www.unpf.org/cyclamed/
www.terredamitie.org/
http://www.ordredemaltefrance.org/
http://www.autreterre.org/
http://www.psfci.org/
http://www.pharmaciengiphar.com/
Pour l’information sur la pollution médicamenteuse :
Académie nationale de Pharmacie
- La règle de bonne conduite pour sa santé et pour l’environnement doit donc commencer par éviter la dépendance aux médicaments, et surtout leur surconsommation. D’abord en prenant soin de nous de manière régulière, par une alimentation saine et un peu d’exercice physique, et ensuite en n’ayant pas recours systématiquement aux médicaments. Par exemple, l’effet positif de la lumière sur le moral est aujourd’hui connu. Pour soigner une dépression saisonnière, liée à l’absence de lumière, par exemple, mieux vaut souvent une luminothérapie que des anxiolytiques. Dans son livre Guérir, David Servan-Schreiber donne une foule d’études scientifiques très sérieuses montrant les effets positifs de méthodes alternatives pour soigner la dépression.
La même philosophie devrait guider toute notre approche de notre santé.
Le médicament ne devrait être que l’ultime recours et non, comme nous le faisons trop souvent, le premier réflexe. Ainsi, la France reste la deuxième plus grosse consommatrice d’antibiotiques (et les enfants de 0 à 5 ans en sont les premiers consommateurs), malgré les campagnes d’information qui ont fait chuter leur prescription de 23,4% en cinq ans, selon la plus récente étude de la Caisse Nationale de l’Assurance Maladie. Non seulement les antibiotiques développent des bactéries résistantes, mais ils font partie des substances trouvées en quantité importantes dans les prélèvements d’eau potable. « Les médecins prescrivent encore trop souvent ces traitements pour des pathologies virales ou des maladies courantes de l’hiver, alors que les antibiotiques sont efficaces seulement contre les seules bactéries, » explique le Dr. Vincent Jarlier, Président de l’Observatoire national de l’épidémiologie de la résistance bactérienne aux antibiotiques (Onerba).