1. LES ACHATS DE NOËL
Les achats de Noël sont souvent effectués à la dernière minute : cette « course contre la montre » est une fâcheuse habitude qui est fatale aux achats responsables, qui supposent souvent de prendre le temps de s’informer, de s’impliquer dans ses choix, de poser des questions, de chercher des alternatives à tel ou tel produit dont les impacts sociaux ou environnementaux sont significatifs… et le plus souvent de ne pas faire tous ses cadeaux au même endroit, dans le premier magasin venu. Pour vous faciliter la tâche, pensez à utiliser Internet ; les magasins de produits responsables ont souvent des sites internet très bien conçus. Une solution pratique et rapide, quoique potentiellement génératrice d'un surcroît de transport par rapport aux courses en centre ville, dans les centres commerciaux ou les petites boutiques sélectionnées, qui se font plutôt par les transports en commun, embouteillages de Noël obligent ! Pensez aussi aux marchés de Noël locaux, qui de plus en plus souvent existent en version bio et équitable. Autre alternative : décidez carrément de prendre le contrepied de la tendance dominante et de faire vos courses de Noël très en avance pour réduire les impacts sociaux problématiques du rush de Noël - à cette période, il est courant que les commandes groupées des centrales d’achat et des marques européennes forcent les ouvriers des usines de jouets dans les pays du sud, par exemple, à travailler jusqu’à 70 heures par semaine et la cadence infernale des usines est bien souvent à l’origine d’accidents dramatiques.
2. LE CADEAU ÉCOLO
Pour ce qui concerne le cadeau, surtout si vous vous y prenez à la dernière minute, une solution aussi écologique qu’en vogue est le cadeau immatériel : une place de spectacle, un abonnement à un musée ou au théâtre, un week-end à la campagne (avec voyage en train!) ou un dîner au restaurant, un massage, des cours de plongée, un portrait de famille chez un photographe… Et pensez à suggérer à vos amis de faire de même avec vous : Mescoursespourlaplanete.com vous offre un
bon d'exemption de cadeaux pour aider à dématérialiser vos cadeaux. Selon une idée de l'association canadienne de consommateurs Adbuster, ce certificat permet de "décharger" vos proches de l'obligation de vous acheter un cadeau en leur suggérant par écrit quelques alternatives qui vous feraient davantage plaisir comme une promenade dans la nature, un repas à partager, du bon temps ensemble, etc.
Si vous persistez à vouloir offrir des objets, rappelez-vous ces quelques idées essentielles :
• un cadeau écologique est un cadeau durable, utile, évolutif… plutôt que le dernier gadget à la mode (si vous cherchez un objet précis, pensez à l’acheter d’occasion sur eBay et les sites équivalents) ;
• l’écologie contribue à rendre le cadeau intéressant et pédagogique – si vous achetez une calculatrice, une lampe de poche ou de jardin, optez par exemple pour un modèle fonctionnant à l'énergie solaire ;
• l’emballage est lui aussi important, veillez à ce qu’il soit minimisé, réutilisable ou recyclable ;
• enfin les cadeaux peuvent également comporter une valeur environnementale par les questions qu’ils suscitent ou par les messages qu’ils véhiculent (ouvrages sur le développement durable, objets issus du commerce équitable, de l’agriculture biologique…).
De manière plus générale, une façon de fêter Noël autrement, en limitant la multiplication des cadeaux de Noël, peut consister par exemple à s’inspirer des familles nombreuses en s’arrangeant avec sa famille et ses amis pour n'offrir des cadeaux qu'aux enfants, n’offrir à chaque personne qu’un seul cadeau groupé (cela permet d’offrir des cadeaux de plus grande valeur), organiser un tirage au sort (chacun se voit attribuer un bénéficiaire, à qui il ou elle offre un cadeau, et reçoit un cadeau d’une autre personne), ou encore faire une collecte pour se faire un cadeau collectif, comme un concert ou un voyage où l'on va tous ensemble.
3. LE PAPIER CADEAU ET LES EMBALLAGES
Noël est aussi, hélas, symbolisé par les montagnes d’emballages que l’on retrouve dans les poubelles au petit matin du lendemain des Fêtes… Là aussi, la révolte gronde : ainsi la Communauté Urbaine d’Helsinki, qui assure le ramassage des poubelles dans la ville finlandaise et croule littéralement sous les déchets à cette période, a carrément mené en 2005 une campagne publicitaire sur le thème « Offrez des cadeaux produisant plus de joie que de déchets » . Pour emballer vos cadeaux tout en contribuant à lutter contre cet amoncellement de déchets, pensez à choisir des produits au conditionnement réduit (ils sont aussi moins volumineux à emballer), préférez du papier cadeau en papier recyclé et évitez les papiers métallisés, pailletés ou en matière plastique (souvent non recyclables), utilisez des rubans ou des ficelles pour limiter au maximum l’utilisation de ruban adhésif, et essayez au maximum de conserver les papiers d’emballage pour emballer d’autres cadeaux plus petits dans les jours qui suivent. Enfin, pensez au lendemain de Noël à tirer intelligemment vos déchets d’emballage : en particulier, rassemblez dans un sac à part, pour recyclage, les emballages en carton ou plastique et les papiers cadeaux, sans ruban ni ficelle, et faites de même avec les bouteilles en verre (vin, champagne, etc.) vidées lors du réveillon.
4. LE CADEAU DE TROP... POUR CEUX QUI N'EN ONT PAS !
Si vous recevez en cadeau un objet que vous avez déjà, ou qui ne vous plaît pas (si 92% des gens apprécient les cadeaux qui leur sont faits à Noël, 50% d’entre eux ne sont pas totalement réfractaires à la revente desdits cadeaux), pensez aux associations caritatives de votre quartier. Vous pouvez aussi prendre l’habitude de donner, avant Noël, les cadeaux en trop des années précédentes ou les objets neufs dont vous ne vous servez pas, à une association comme le Secours Populaire dont l’opération
Pères Noël Verts consiste justement, depuis 30 ans, à collecter des produits de fête ou des jouets pour les plus démunis ! Un exercice intéressant consiste d’ailleurs à proposer aux enfants, chaque année avant Noël, de choisir dans les jouets qu’ils n’aiment plus ceux qu’ils veulent offrir à d’autres enfants moins gâtés par la vie… Dans la même veine, optez avant Noël pour le "
calendrier de l'Avent inversé" dont beaucoup de médias ont parlé cette année. Imaginé par l'association belge Solidarité SDF Mons, ce calendrier d'un genre particulier suit un principe simple : au lieu de prendre un chocolat tous les matins, on en donne un à un sans-abris. Bien sûr, cela peut fonctionner avec des objets (jouets, vêtements, couvertures, produits d'hygiène). Il s'agit simplement de faire un geste de solidarité avec ceux et celles qui ont moins ...
5. L’ACHAT DU SAPIN
Végétal ou artificiel ? Le sapin artificiel (en plastique, en métal ou en bois) a certes le mérite d’être réutilisable plusieurs années (il est changé en moyenne tous les trois ans ) mais il est aussi bien souvent fabriqué à l’autre bout du monde avec des matériaux non-recyclés, et dans des conditions sociales qu’il est difficile de connaître. Une alternative consiste à décorer le palmier qui trône dans votre salon et les arbres de votre jardin : une option qui donnera une petite touche originale à votre fête et vous épargnera l’obligation d'acheter un arbre spécialement pour l'occasion !
Si vous préférez un sapin végétal, comme la plupart des Français (6 millions de sapins sont vendus chaque année), il faut savoir que les plantations de sapins sont agricoles et faites spécifiquement pour Noël. Le sapin est même plutôt écologique et il contribue à réduire l’effet de serre ! 80 % des sapins vendus en France sont cultivés dans l’hexagone et permettent de maintenir de l’emploi dans le Morvan et le Jura qui en sont les premiers fournisseurs. Le Parc Naturel Régional du Morvan utilise des méthodes alternatives de culture pour que les productions soient toujours moins polluantes – ainsi, les moutons broutent l’herbe entre les sapins pour remplacer les désherbants. Les Suisses, eux, peuvent depuis quelques années acheter des sapins labellisés
FSC (
Forest Stewardship Council) - une norme internationale signalant les produits issus du bois provenant de forêts gérées durablement, dans le respect des normes sociales et environnementales (sans pesticides, herbicides et engrais).
En Californie, il est désormais possible de louer son sapin de Noël avec l'entreprise The Living Christmas Tree - ces sapins naturels sont livrés en pot avant les fêtes puis récupérés après 3 semaines pour être choyés pendant toute une année dans les pépinières.
Ce service existe depuis 2016 en France grâce à l'enseigne engagée de jardinerie Botanic qui propose de vous livrer un sapin en pot que vous pouvez ensuite replanter dans votre jardin, si vous en avez un. Si ce n'est pas le cas,
Botanic vient le récupérer pour le replanter ou le revaloriser d'une autre manière. Un carnet de soin est même fourni pour aider les heureux propriétaires à entretenir ce sapin.
Enfin, pour les plus originaux, il existe depuis peu des sapins en carton recyclé - souvent moins cher que les autres sapins. Une alternative intéressante...
6. LA FIN DU SAPIN
Évidemment, si vous n’avez pas de cheminée, le problème majeur reste de savoir que faire du sapin après les Fêtes. Si vous avez un jardin, considérez l’option consistant à le replanter : pour cela privilégiez un sapin élevé en conteneur et veillez à ne le garder que peu de temps à l’intérieur pour le maintenir en forme. Certaines municipalités, comme Paris, Bordeaux et Montpellier, récupèrent les sapins dans les parcs et jardins publics tout le mois de janvier pour en faire du compost qui sera utilisé dans les jardins publics.
Enfin, pensez à emballer votre sapin avec le Sac à Sapin proposé par Handicap International. Vendu dans de très nombreux points de vente au moment des Fêtes, ce sac est en plastique végétal 100% compostable et peut être pris en charge par la déchetterie. Il est aussi décoratif, avec une belle couleur dorée qui lui vaut de pouvoir être installé avant les Fêtes au pied du sapin dont il recueille les épines, et solidaire puisqu’1,50 € (sur un prix de cinq euros) est reversé à l’association.
7. LES DÉCORATIONS DE NOËL
Regardons les choses en face : 90% des décorations de Noël sont fabriquées en Chine dans des conditions de travail peu reluisantes… De quoi ternir l’éclat de Noël ! Dans ces conditions, mieux vaut leur préférer des petits objets artisanaux issus du commerce équitable sud-américain ou africain. Il est aussi possible de s’inspirer des magazines de décoration pratique pour réaliser soi-même ses décorations : sujets en pâte à sel, carton découpé et peint, petites boîtes de médicament ou d’allumettes recouvertes de papier et transformées en cadeaux, objets du quotidien peints et détournés… En mettant à contribution les enfants, cela permettra d’occuper joyeusement un dimanche après-midi. Pour les guirlandes, choisissez-les en papier plutôt qu’électriques, ou alors préférez une guirlande à ampoules économes LED (diodes électroluminescentes, consommant environ 1/10 de l’énergie des ampoules à incandescence, avec une durée de vie de plus de 10 ans si elles restent allumées en continu – ce qui est rare pour une guirlande de Noël !). Dans tous les cas, pensez à conserver vos décorations, à l’abri de la poussière et de l’humidité, pour pouvoir les réutiliser chaque année.
8. LA CARTE DE VOEUX
WWF, Unicef, Handicap International, … : qu’elles se consacrent à la protection de la nature, des animaux ou de l’enfance, toutes les grandes associations proposent désormais des cartes de vœux dont les profits servent à financer leurs actions et la bonne nouvelle est que ces cartes sont de plus en plus souvent en papier recyclé. A acheter directement sur les sites Internet des associations en question ou alors sur
www.voeux-solidaires.com, un site de vente en ligne de cartes caritatives éditées par 15 associations différentes.
Mais si l'idée de toute cette consommation de papier vous consterne, l'alternative est toute trouvée : de plus en plus de sites web vous proposent des cartes de vœux gratuites et originales avec animations et musiques, de la plus loufoque à la plus sérieuse … Une occasion idéale de faire passer un message positif sur l'environnement pour le début d'année.
9. LE DÎNER DE RÉVEILLON
Pour vos repas de fêtes, il n'est évidemment pas question de troquer magie de Noël contre écologie… mais rien n’empêche de réfléchir à la meilleure façon d'allier les deux !
D’abord, choisissez pour le menu des fruits et légumes de saison, afin d’éviter les longs transports et la culture sous serres chauffées, activités particulièrement gourmandes en énergie ! Oubliez, par exemple, les fraises et les tomates, qui demandent beaucoup d’eau et d’énergie pour être cultivées en dehors de leur saison de production normale, ou doivent être importées en avion de pays lointains, et profitez-en pour découvrir des variétés anciennes qui sont autant de saveurs nouvelles : certaines courges comme la butternut vous permettront de faire une purée originale ; des herbes étranges comme la roquette, le pourpier de Cuba ou la roche (l’ancêtre de l’épinard) feront une salade originale, décorée de fleurs comestibles comme la capucine ou la pensée ; les racines, comme le topinambour ou le radis noir, apporteront une touche d’originalité à votre menu ; les pommes, avec certaines variétés d’hiver comme la Reinette des Flandres, la Rambour d’hiver ou la Sang-de-bœuf, feront des purées ou des desserts délicieux ; enfin, les châtaignes, préparées en traditionnelle purée, sont originales et faciles à cuisiner… Et si vous voulez donner un air de fête à votre dîner grâce à des saveurs exotiques, optez pour des produits issus de l’agriculture paysanne des quatre coins du monde, tels que le riz ou l’ananas, en version biologique ou équitable et qui sont le plus souvent transportés par bateau.
Concernant le saumon, préférez-le d’élevage et bio si possible (ou
Label Rouge) pour éviter de contribuer au pillage des océans. Vigilance cependant : en novembre 2016, une nouvelle enquête de 60 millions de consommateurs a révélé que le saumon d'élevage bio serait plus contaminé que les autres, à cause de l'alimentation qui leur est donnée ! A l'inverse, le saumon non bio serait de moins en moins contamin.
Idem pour les crevettes, pour lesquelles vous gagnerez à privilégier celles de Madagascar, où l’élevage bio gagne du terrain. Attention aussi au caviar (
consulter notre Fiche Produit) car la mer caspienne où est produit 90% du caviar sauvage mondial connaît une situation préoccupante avec une surexploitation des stocks d’esturgeon doublée d’une intensification du braconnage et du commerce illicite. Depuis 1998, le commerce international de toutes les espèces d’esturgeons est réglementé par la CITES (Convention on International Trade in Endangered Species) : pensez à demander si le produit que vous achetez a bien été importé légalement et, dans le doute, choisissez une alternative de plus en plus courante, le caviar d’élevage en provenance de Gironde ou de Dordogne.
Enfin, pour le foie gras (voir notre
Fiche Produit), dont 80% de la production mondiale est française et qui est reconnu officiellement comme « faisant partie du patrimoine culturel et gastronomique protégé », il n’en est pas moins controversé : en 2003, un collectif de défense des droits des animaux a ainsi lancé un « manifeste pour l’abolition du foie gras » en argumentant sur le fait que le gavage serait contraire aux lois de protection des animaux existant tant en France que dans l’Union Européenne. D’ailleurs, le gavage, et donc le foie gras, sont d’ores et déjà interdits dans de nombreux pays allant de l’Argentine à la Finlande en passant par la Suisse, les Pays Bas ou la Pologne (qui, jusqu’à l’interdiction en 1999, était le cinquième producteur mondial de la spécialité). Autant dire que la polémique enfle… et nourrit la créativité : en 2006, un producteur espagnol pâtés naturels, " La Patería de Sousa", a ainsi présenté un foie gras d’oie ibérique biologique produit sans conservateur et surtout sans gavage (les oies, laissées en liberté dans les champs, se nourrissent volontairement d'herbes des champs et d'aliments très caloriques déposés à leur intention dans des mangeoires - figues, glands, miel, etc.). Autre alternative : le "faux-gras", un foie gras 100% végétal et respectueux des animaux, vendu majoritairement dans les magasins bio !
10. LES CHOCOLATS DE NOËL
Produit-star des Fêtes, le chocolat se distingue aussi par le fait que la production du cacao, dans des pays comme le Ghana ou la Côte d’Ivoire, a très souvent recours au travail des enfants, notamment dans les fermes familiales, où l’on trouve aussi d’autres pratiques problématiques (travail forcé, maltraitances, etc.). L’industrie, sous la pression des instances internationales, des ONG et des consommateurs occidentaux, commence à se mobiliser pour faire changer la situation notamment en Afrique de l’Ouest. Mais à court terme, la meilleure option possible d’un point de vue éthique reste sans doute de tenter de trouver du chocolat équitable, portant le label Max Havelaar ou Bio-Equitable, qui commence à être disponible en assortiment de bouchées individuelles.