1. Les couches
Le dilemme est quasi-cornélien : vaut-il mieux polluer la Terre de manière totalement irresponsable avec les quelques 5 000 couches jetables de votre tendre progéniture, ou vous remettre à laver des langes modernisés, avec une pensée émue pour les mains gelées dans les lavoirs de nos grands-mères ? Une couche lavable est composée d’une partie absorbante (la couche) et d’une culotte de protection imperméable qui assure l’étanchéité. Un feuillet biodégradable est placé dans le fond de la couche pour récupérer les selles. Il existe également aujourd’hui des modèles tout en un, dans lequel le noyau absorbant et la culotte ne font qu’un. Les couches lavables (en coton, chanvre, microfibre ou bambou bio – voir par exemple
PoPoLiNi ou
bebeaunaturel) font désormais un tabac auprès des bobos écolos : elles sont plus jolies et pratiques que les langes de nos ancêtres, ont un impact écologique réduit de moitié par rapport aux couches jetables et coûtent aussi moitié moins cher, même si l’on inclut le prix des lessives ! Certaines enseignes proposent des kits d’essai pour achever de vous convaincre (voir par exemple
bebeaunaturel)…
A mi-chemin entre les deux, si vous n’arrivez pas à vous décider : les couches jetables écologiques, allemandes et forcément introuvables au supermarché du coin (mais en cherchant bien, on les trouve sur Internet et dans quelques boutiques spécialisées – voir notamment les revendeurs des couches
moltex) sont à peine plus coûteuses que les jetables de marque mais non blanchies au chlore, non-toxiques et emballées dans un plastique végétal biodégradable et compostable.
A noter : une offre de vente par correspondance de couches lavables, avec services de location/nettoyage pour les crèches, maternités mais aussi les particuliers, est très récemment apparue dans certaines régions (voir
allocouches)…
Et pour les endurcies, il y a pléthores de sites expliquant comment faire pas à pas ses propres couches lavables:
couleurbebe propose des patrons en différentes tailles, le blog
Diana’s journal (en anglais) explique de façon détaillée, photo à l’appui, comment coudre ses propres langes, et
l’Arbre à bébés précise le matériel, les patrons et la démarche à suivre.
2. Lingettes et alternatives
Avant tout pratiques, les lingettes pour nourrissons sont une part importante de ce marché florissant, la France ayant une consommation globale de lingettes
25 fois supérieure à celle des Anglais et trois fois supérieure à celle des Espagnols ou des Italiens. Mais, symboles de l’ère du jetable, les lingettes génèrent 3 à 6 fois plus de déchets ménagers que leurs équivalents classiques. Que faire ? Pour les déplacements et autres urgences, sachez que certaines marques proposent des lingettes écologiques et non-toxiques (en boutiques bio et sur Internet :
natracare,
bebeaunaturel). Plus généralement, vous pouvez, pour nettoyer en douceur les petites fesses de votre bébé, utiliser plus classiquement des carrés de coton (préférez le bio) avec du liniment oléo-calcaire (composé principalement d’huile d’olive) disponible dans toutes les pharmacies. Enfin, les crèmes pour le change sont également disponibles en version bio chez toutes les marques alternatives présentées au point 9.
3. Sein ou biberon ?
Le sein, c’est sain ! Autrement dit, le lait maternel est la meilleure alimentation possible pour votre bébé : il est gratuit, idéalement équilibré, transportable de manière pratique dans son emballage naturel ( !), bénéfique pour la santé de la mère et de l’enfant. Environ la moitié des mères françaises optent pour cette solution écologique, mais c’est le taux le plus faible d'Europe. L’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) a d’ailleurs créé un label «
Hôpital Ami des Bébés» pour les maternités qui encouragent l’allaitement maternel : il y a plus de 20 000 hôpitaux «Amis des Bébés» dans le monde, dont
18 établissements en France !
Pour être naturel, l’allaitement n’entraîne pas moins dans son sillage quelques produits dédiés : des coussinets d’allaitement (que vous pourrez trouver en coton biologique, sans chlore, dans les boutiques spécialisées) et les crèmes (dont l’une, disponible en pharmacie, est à base de vaseline et de teinture-mère homéopathique).
Si le biberon est inévitable, une première étape consiste à tirer votre lait. Sinon, du lait infantile biologique est disponible dans les boutiques bio mais aussi dans quelques pharmacies et supermarchés de centre-ville (voir
babybio). Un peu galère, mais moins vous aurez la satisfaction de ne pas soutenir les géants du secteur, dont certains sont accusés de contourner le code marketing de l’Organisation Mondiale pour la Santé en faisant la promotion de leurs produits au détriment de l’allaitement dans les pays du Sud ! Ceux-là mêmes, aussi, qui vous envoient à la maison mailing sur mailing sur le thème : « votre bébé va fêter ses trois mois, il est temps de penser à lui faire découvrir de nouvelles saveurs », avec force bons de réduction, échantillons et conseils de nutritionnistes… Pour aller au bout de la démarche, pensez à utiliser pour vos biberons de l’eau du robinet, de qualité équivalente à l’eau minérale, surtout si vous utilisez une carafe filtrante de type Brita qui existe désormais en filtre à poser directement sur votre robinet (
Brita).
4. Les aliments solides
Les marques nous vendent leurs petits pots « dès 4 mois »… Mais les médecins recommandent d’attendre six mois au moins pour diversifier l’alimentation de votre bébé. Son système digestif n’est pas fini et, par comparaison avec les pays scandinaves par exemple où les femmes allaitent jusqu’à un an voire deux parfois, les études ont montré que la diversification trop précoce était un facteur déclenchant d’allergies alimentaires, d’obésité infantile, d’asthme, etc. Suivez les conseils de votre pédiatre plutôt que ceux des marques et prenez votre temps, donc, avant de faire découvrir à votre bébé les aliments solides : poisson, légumes, jambon, compotes, etc. Les petits pots sont pratiques, c’est un fait, mais vous vous imaginez manger des conserves, et uniquement cela ? Gardez en tête que le goût et les habitudes alimentaires se forment dès le plus jeune âge : achetez des fruits et légumes frais et bio, faites-les cuire à la vapeur, concoctez des compotes maison, mixez le tout… et congelez-le si besoin dans des petits pots en plastique pour gagner du temps pendant la semaine. Pour faire face aux imprévus quand vous n’avez pas le temps de faire les courses, optez pour les légumes surgelés bio ou alors pour les petits pots biologiques (les aliments industriels et non-biologiques pour bébés sont certes encadrés par une réglementation stricte mais ils peuvent contenir des conservateurs, des émulsifiants, des épaississants… contrairement aux petits pots bio).
5. La chambre et le mobilier
En faisant vos recherches, pensez à demander du mobilier, des matelas et du linge de maison écolabellisés : ces produits, qui garantissent un impact réduit sur l’environnement et la santé, sont certes encore peu répandus, mais au moins cela montrera votre intérêt aux distributeurs… Le bébé se contente de peu – l’amour de son entourage, un berceau adapté, un siège auto, une chaise haute et un moyen de transport (écharpe, landeau, poussette, porte-bébé, etc.). Essayez de récupérer tout cela chez les cousins ou amis dont les enfants sont un peu plus grands, dans beaucoup de cas un modèle donné ne vous servira que quelques mois. Soyez vigilant à la qualité (propreté et sécurité) de ce que vous récupérez naturellement, notamment pour le lit, le matelas ou le siège auto. Si vous achetez du mobilier neuf, préférez-le en matériaux écologiques et non toxiques. Privilégiez notamment les bois massifs (qui ne sont pas toujours plus chers, surtout s’il s’agit de pin naturel que vous pourrez décorer vous-même avec une lasure et des pochoirs fait à la peinture naturelle) et évitez les meubles en bois aggloméré qui sont une source majeure de pollution de l’air intérieur dans nos maisons – d’autant plus que les enfants sont plus sensibles à cette pollution que les adultes (avec notamment possibilité d’apparition d’asthme, bronchite et autres problèmes respiratoires). A ce sujet, vous pouvez aussi consulter le truc vert
Chambre.
Une option intéressante consiste à rechercher des équipements qui peuvent évoluer au fur et à mesure que votre enfant grandit (moyennant quelques dépenses complémentaires) – ce qui prolonge leur durée de vie. Sur ce créneau, vous trouverez notamment des entreprises comme
Lundia ou
Stokke (une entreprise suédoise créée depuis un certain temps et propose notamment un lit et une chaise allant du petit bébé à l’adolescent). L’enseigne Conforama a également développé, avec l’ADEME et Gautier, l’un de ses fournisseurs implanté en Vendée, un concept de chambre de bébé évolutive et transformable en chambre junior : la chambre Génération Confo, conçue pour l'enfant de 0 à 13 ans, utilise ainsi 30% de bois en moins qu’une chambre traditionnelle, et répond à des standards exigeants en ce qui concerne l’origine des bois et les émissions toxiques. Ces produits sont évidemment un peu plus chers à l'investissement mais n'oubliez pas de faire votre calcul en prenant en compte que cela vous évitera l'achat d'un nouveau lit pour un certain nombre d'années …
6. Les vêtements
Là encore, l’option la plus économique et écologique, compte-tenu du petit nombre de semaines durant lequel votre bébé portera effectivement ses vêtements bientôt trop petits (un bébé change de taille tous les 3 mois), est de récupérer les affaires des cousins un peu plus âgés. Si vous voulez vous faire plaisir avec quelques vêtements neufs, optez pour le coton biologique (le coton représente 3% des surfaces cultivées et 24% des insecticides dans le monde) et équitable si possible : toute une série de nouvelles marques sont apparues, qui proposent de très jolies choses, modernes et plus du tout baba-cool. Il s’agit notamment de la layette en coton bio et/ou équitable de marques comme
Ideo et
La Queue du Chat en boutiques spécialisées, mais aussi Jardin Bio en grandes surfaces ou Bout’chou (chez Monoprix). Cette dernière marque propose des vêtements certifiés par le label allemand
Oeko-tex, qui garantit en outre l’innocuité des vêtements pour la peau sensible des bébés…Pour faire un cadeau, regardez du côté de
bebobio, une marque de vêtements équitables sur lesquels vous pouvez faire broder (broder à la main en France) le message de votre choix. Et si vous cherchez des vêtements à la fois écologiques et Made in France, direction
La Fibre Câline, qui produit toutes ses collections en Midi-Pyrénées et répond aux critères les plus exigeants (coton européen labellisé Bio, GOTS, Oeko-Tex, etc.)
7. Les doudous, peluches & jouets
Le syndrôme est connu : on a beau faire attention, avant même que le bébé soit en âge de demander tel ou tel jouet, sa chambre court le risque permanent d’être envahie de jeux délaissés très rapidement. Pour limiter l’accumulation, là encore, réfléchissez à deux fois avant d’acheter tout ce qui est tentant mais non indispensable (mobiles musicaux, surveille-bébé, gadgets sonores en plastique sensés éveiller bébé dans toutes les circonstances, etc.) et récupérez chez vos proches ce qui peut l’être… Et pour les quelques incontournables, découvrez par exemple les peluches écologiques : la gamme de peluches à la marque de l’ONG environnementale WWF est par exemple produite par le fabricant américain
Anna Club Plush et largement distribuée en France, avec une large gamme d’animaux menacés allant du panda au poisson exotique en passant par la tortue de mer, le lynx, le phoque, le koala ou le dauphin, le tout étant produit sans PVC, sans teinture toxique (les peluches portent le label Oeko-tex) et sans recours au travail des enfants ; de même, le fabricant de peluches Sigikid et la marque alimentaire bio pour enfants Hipp se sont récemment associés pour proposer des
peluches biologiques et non-toxiques. Du côté des doudous, on en trouve désormais en coton biologique, dans les boutiques spécialisées bien sûr mais aussi chez
Nature & découvertes. En France, la marque
Papili propose des doudous biologiques et équitables, labellisés
Max Havelaar.
Pour ses premiers jouets, outre ce que vous aurez pu récupérer des aînés, optez là encore pour des poupées en laine ou le coton biologique, et redécouvrez le charme des jouets en bois : voitures, cubes, mobiles, instruments de musiques, animaux, etc. Certains fabricants comme la marque thaï
Plan Toys, dont on trouve les produits dans plusieurs enseignes comme Nature & découvertes, sont mêmes spécialisés sur les jouets écologiques en bois. D’autres, comme Käthe Kruse, la plus vieille marque allemande de poupées, proposent des modèles en coton bio…
Pour conclure, privilégiez si vous le pouvez des jouets stimulant le lien avec la nature, pour qu’à l’âge de 2 ans, lors que se construit la reconnaissance effective des marques, votre enfant connaisse plus d’animaux, d’arbres de légumes que de logos ! Et pour boucler la boucle, pensez à donner les jouets en surplus ou les cadeaux dont les enfants ne se servent pas – beaucoup d'associations comme Emmaüs ou Les Restos du Cœur lancent des appels dans ce sens à la veille de Noël !
8. La lessive
Le fameux combat quotidien contre la saleté et les bactéries… risque fort de nous voir sortir perdants ! Les études montrent en effet que les produits détergents surpuissants polluent l’air intérieur de nos maisons et accroissent les risques qu’un enfant développe de l’asthme (les cas d’asthme chez les enfants ont doublé en 20 ans), des allergies ou de l’eczéma. En plus, ces produits sont une source majeure d’accidents domestiques mettant en cause des enfants … Alors videz vos armoires ! Evitez les produits soi-disant « anti-bactérie » qui ont pour effet d’aseptiser votre environnement (or la présence normale de bactéries aide votre enfant à construire son immunité) et de rendre lesdites bactéries encore plus résistantes. Privilégiez les paillettes de savon de Marseille (pour la lessive), le vinaigre blanc (pour les vitres et autres surfaces domestiques) ou encore les produits détergents écologiques (voir notamment les produits porteurs de l’
Ecolabel européen, par exemple ceux des marques Monoprix vert, Champion Ecoplanète ou l’Arbre Vert, mais aussi ceux du pionnier Ecover), contenant peu ou pas de composés chimiques nocifs et potentiellement toxiques (phosphates, azurants optiques pour un linge plus lumineux et blanc, parfums de synthèse pour la fameuse odeur de « propre », etc.). Très efficaces sur la plupart des lessives courantes, ces produits moins agressifs lavent aussi un peu moins bien les taches difficiles que l’on peut rencontrer avec un bébé, sur les bavoirs ou les vêtements par exemple, mais pas de panique ! Dans ce cas, un pré-traitement avec des détachants écologiques ou du savon de Marseille permet d’obtenir un résultat satisfaisant.
9. L’hygiène et le bain
Les rayons bébé des parapharmacie ou des supermarchés sont désormais ultra-fournis : baume fessier, lingettes, huile de massage, gel lavant, shampooing… et même parfum visant étrangement à donner à votre enfant une « odeur de bébé » !
La bonne nouvelle est que ces produits existent aussi, désormais, en version bio, qui contiennent 95% d’ingrédients naturels ou d’origine naturelle, sans aucun parfum de synthèse, ni OGM, ni conservateur (parabens) ni autre dérivé pétrochimique, avec en prime le refus des tests sur animaux. On les trouve en boutiques spécialisées (avec des marques comme Cattier, Weleda, Lavera ou Sanoflore) et même désormais en grandes surfaces (comme Natessance). Ce segment du marché cosmétique explose d'autant plus que les professionnels de la santé appellent à la plus grande prudence quant à l'utilisation des produits cosmétiques contenus dans les échantillons offerts dans les maternités. Renseignez-vous, guettez l’apparition de nouvelles marques et soyez dans tous les cas attentifs aux labels garantissant le sérieux de l’approche (Cosmébio, mais aussi BIDH – sur les marques allemandes comme Lavera et Logona – ou encore Demeter et Nature & Progrès). Et si vous êtes perdu dans la jungle des logos, n'hésitez pas consulter notre
guide des labels en ligne. Et pensez à quelques trucs qui ne dépendent pas des produits d’hygiène que vous utilisez mais qui n’en sont pas moins bénéfiques pour la planète, comme par exemple le fait de prendre de temps à autre une douche avec votre bébé (notamment dès qu’il tient assis) pour économiser l’eau du bain, ou de le glisser ensuite dans une serviette en coton bio ou en bambou tout doux…
10. La crèche
La première
éco-crèche, inaugurée en mars 2007 par le Maire de Paris, accueille dans le 19e arrondissement les tout-petits dans un bâtiment construit selon les principes de la haute qualité environnementale, avec des matériaux naturels et non-toxiques (peintures et vernis NF Environnement, sol en caoutchouc pour remplacer le polluant PVC, etc.), et toute une série de choix écologiques et ambitieux (60 m2 de panneaux solaires pour préchauffer l’eau sanitaire utilisée aux postes de change et dans les machines à laver, une toiture-terrasse végétalisée pour améliorer l’isolation du bâtiment et récupérer 30 à 50 % de l’eau de pluie afin de limiter l’engorgement des égouts et arroser le jardin, des ampoules à basse consommation imitant la lumière naturelle pour éviter l’éblouissement). Un engagement qui se retrouve dans les pratiques quotidiennes de la crèche, où la nourriture est bio et sans emballages superflus, les jouets et le mobilier sont en matériaux naturels, les produits d’entretien sont écologiques, les livraisons sont hebdomadaires et à 80% effectuées par des véhicules roulant au GPL, et le directeur a opté pour une politique « zéro lingette ». Pas encore très courant, mais un signe positif que tout cela est en bonne voix ! De plus en plus de crèches et garderies s’engagent dans une démarche de développement durable, dont certaines sont listées
ici.
A noter aussi : le bio force désormais les portes des cantines scolaires. Découverte des saveurs, pédagogie d’une alimentation de qualité, variée et saine, nouvelle approche de la santé et de l’environnement : les enfants ont tout à y gagner. Le Gard est pionnier dans cette approche et plus de 300 000 repas bio y sont servis par an dans les écoles. Quant à l’association
Un Plus Bio (Unis à Plusieurs vers la Bio), qui a initié le mouvement dans le Gard, elle accompagne les personnes et les structures souhaitant introduire une alimentation bio en restauration collective (scolaire, entreprise…).