1. Champs électro-magnétiques, késako ?
Il existe deux types de CEM :
• Les champs électriques, mesurés en Volts par mètre (V/m), sont associés à la présence d’une charge électrique. On les retrouve dans tous les équipements électriques même si le courant ne passe pas ;
• Les champs magnétiques, mesurés en Teslas (T) ou en Ampères par mètre (A/M), apparaissent lorsque le courant circule : on les retrouve notamment dans les appareils qui contiennent des bobinages.
Leurs effets sur la santé dépendent de leur intensité, mais aussi de leur fréquence.
2. Comment sont déterminés les seuils limites d’exposition ?
Les « seuils de sécurités » officiels retenus par la plupart des autorités publiques en Europe et en France sont déterminés par la Commission internationale sur la protection contre les radiations non-ionisantes (CIPRNI). Ces seuils varient selon la nature du champ (électrique ou magnétique), et sa fréquence : les champs magnétiques de fréquence extrêmement basses (50 à 60 Hz, c’est-à-dire la fréquence utilisée par les appareils électriques dans la vie quotidienne), ont par exemple un seuil-limite fixé à 100 μT , ce qui est généralement bien inférieur aux expositions dans la vie quotidienne (voir valeurs des équipements usuels ci-après). 11:14:39. Pour les téléphones portables, ce sont les doses effectives de rayonnement absorbées par l’organisme humain qui sont limitées : elles sont mesurées par l’indice DAS (Débit d'Absorption Spécifique). La législation européenne a fixé pour l’indice DAS un seuil-limite de 2 W/Kg.
Cette question des seuils peut sembler technique et aride… pourtant, elle fonde les débats d’experts sur l’innocuité ou la nocivité des CEM, ainsi que les réglementations ou les préconisations qui s’y rapportent.
3. Les CEM, quels risques pour la santé ?
Plusieurs études montrent que les CEM peuvent avoir des effets sur la santé, même à des seuils inférieurs aux valeurs limites de la CIPRNI :
• Les champs magnétiques de fréquence extrêmement basses ont été classés comme « peut-être cancérigènes pour l’homme » par le Centre International de Recherche sur le Cancer (CIRC). Au sein de cette catégorie, on Ce classement, le plus bas des trois utilisés par le CIRC (on y retrouve également les gaz d’échappement des moteurs à essence, le nickel, le plomb, les progestatifs ou encore ou le café). Ce classement , fait suite à deux méta-analyses indiquant qu’avec une exposition à des champs magnétiques moyens dépassant 0,3 à 0,4 μT, deux fois plus d’enfants peuvent développer des leucémies par rapport à une population exposée à des champs plus faibles.
• Une étude menée en 2006 par l’Université de Berne auprès de 20.141 employés des Chemins de Fer Fédéraux suisses a montré une augmentation significative des risques de démence sénile et de maladie d’Alzheimer chez les conducteurs de locomotive, plus exposés sur le long terme aux champs magnétiques que leurs collègues chefs de gare (expositions moyennes respectives de 21 μT et de 1 μT)
• Une étude menée en milieu hospitalier a montré qu’une exposition prolongée aux champs électriques pouvait augmenter les risques de maladies respiratoires, en raison de l’augmentation du dépôt dans les poumons de fines particules chargées électriquement.
• L’étude Interphone, menée dans 13 pays auprès de 14.000 personnes depuis 8 ans, indique dans sa dernière mise à jour du 8 octobre 2008 un « risque significativement accru » de gliome (tumeur du cerveau) en relation avec l’utilisation de téléphones portables, pour une période de 10 ans ou plus, du côté de la tête où la tumeur s’est développée. Des symptômes non spécifiques (maux de tête, malaise, fatigue, sensation de brûlure,…) sont quant à eux considérés comme probables.
• Enfin, le rapport BioInitiative, publié en 2007 par un groupe de scientifiques indépendants de différentes nationalités, fait le point sur les nombreuses études montrant les effets des CEM sur : l’ADN (génotoxicité), la communication intercellulaire, la réparation cellulaire, la cicatrisation des tissus, l’évolution des cancers, …
Le rapport BioInitiative conclut « que les normes actuelles édictées pour fixer les limites d’exposition du public et des professionnels aux champs basses fréquences et aux radiofréquences ne suffisent pas à protéger la santé publique. », ce que corrobore par exemple les études citées sur la leucémie infantile : les seuils incriminés de 0,3 à 0,4 μT sont largement inférieurs au seuil limite donné par la CIPRNI : 100 μT.
Le principe de précaution s’impose d’autant plus que les recommandations de la CIPRNI ne tiennent compte ni des expositions à long terme, ni « d’effets cocktails » liés à des expositions à plusieurs CEM ou à des CEM combinés à d’autres facteurs de risques.
En attendant des études plus poussées et des décisions institutionnelles en conséquence, que faire au quotidien pour limiter son exposition aux CEM ?
4. Circuits électriques
Les fils et gaines électriques classiques (non blindés) émettent des champs électriques d’une intensité de 70 à 700 V/m, à 20 cm de distance. A cette fréquence (50 Hz), le seuil CIPRNI est de 5000 V/m.
Par mesure de précaution, et parce que le câblage électrique d’une habitation ou d’un bureau demande des centaines de mètres de fils, on peut se protéger de ces CEM, surtout dans une architecture bois qui atténue moins les champs électriques qu’une architecture béton.
Le plus simple est de s’équiper de gaines blindées, qui enferment les câbles électriques dans une armature métallique reliée à la terre : les émissions de champs électriques ne sont plus alors que de 0 à 70 V/m, à 20 cm de distance.
Il est possible aussi de s’équiper de fils blindés, plus coûteux qu’une gaine, ou d’interrupteurs automatiques de champ, qui déconnectent les circuits lorsqu’il n’y a pas consommation (dans les chambres notamment).
5. Installations de chauffage
Les systèmes de chauffage électrique émettent essentiellement des champs magnétiques de basse fréquence (50 Hz, seuil CIPRNI 100 µT) :
➢ Radiateur électrique : 0,2 à 0,4 µT (à 20 cm du radiateur).
➢ Chauffage au sol direct, un fil : 0,10 à 2,87 µT (à 50 cm du sol)
➢ Chauffage au sol direct, deux fils : 0,03 à 0,09 µT (à 50 cm du sol)
➢ Lit à eau chauffant : 0,3 à 0,7 µT (sur le lit). Des champs électriques élevés ont également été mesurés (35 V/m)
Les champs magnétiques basse fréquence pouvant poser problème à des valeurs inférieurs aux seuils CIPRNI (voir ci-dessus), il est prudent de s’assurer lors de l’achat d’un appareil que son rayonnement est faible, de rester éloigné de la source d’émission (surtout pour les enfants) bien que cela ne soit pas toujours évident (pour les lits à eau chauffants par exemple !), et d’arrêter les équipements en cas de non-utilisation.
6. Electroménager
Fours à micro-ondes : le transformateur et le plateau tournant émettent des champs magnétiques basse fréquence (50 Hz) d’environ 30 µT, à 5 cm, et 2 µT à 50 cm ; par ailleurs, les hautes fréquences qui chauffent les aliments peuvent s’échapper du four, créant un rayonnement de fuite de 2 à 11 V/m environ à 5 cm de distance (seuil CIPRNI : 137 V/m), ces valeurs étant les plus importantes lorsque les joints d’étanchéité de la porte sont usés ou encrassés, ou lorsque la porte ou le système de fermeture sont usés.
Plaques à induction : elles émettent des champs magnétiques (20 à 100 kHz) qui peuvent être assez élevés, selon que la casserole utilisée est adéquate et bien positionnée, ou non : de 1 à 13 µT environ, à 10 cm ; de 0 à 3 µT environ, à 30 cm . Ces valeurs ne sont pas éloignées voire dépassent les seuils CIPRNI pour ces fréquences (6,25 µT). Il est donc préférable d’utiliser au mieux ces équipements, de vérifier avant de les acheter leurs émissions de CEM, voire de leur préférer des plaques électriques classiques (vitrocéramiques).
7. Eclairage
Lampes : une lampe en métal sans connexion terre émet un champ électrique de 10 à 220 V/m entre 20 et 50 cm (seuil CIPRNI : 5000 V/m). Une connexion à la terre permet de réduire cette valeur quasiment à zéro .
Ampoules fluocompactes : des ampoules basse énergie (de 11 à 20 W) émettent un champ électrique de 4 à 180 V/m dans les 20 premiers cm. La valeur du champ mesuré est plus élevée à l'allumage (maximum 3 secondes). Ces valeurs ne sont pas éloignées voire dépassent les seuils CIPRNI (87 V/m pour des fréquences de 3 à 30 kHz). Aucune information n'est disponible sur les niveaux de champ électromagnétique lorsque l'on achète une lampe fluo-compacte. Par précaution, en supposant que l'on ait la malchance de tomber sur un "mauvais modèle", il est peut-être plus prudent de placer les ampoules fluocompactes dans des endroits ne favorisant pas une exposition rapprochée de longue durée, comme pour une lampe de chevet par exemple: à 1 mètre de distance, les émissions tombent à 0,2 V/m, ce qui est égal au « bruit de fond électrique » dans une habitation. Cette précaution d'éloignement est valable pour tout appareil électrique d'une puissance supérieure à 10 watts.
8. Automobiles
Pneus : une étude de l’Office Fédéral de la Santé Publique Suisse a montré que les renforts métalliques des pneus(sans doute magnétisés lors de la fabrication) en mouvement génèrent, à l'intérieur de l'habitacle, des champs magnétiques basse fréquence relativement élevés, entre 0,4 et 14 % des seuil-limites CIPRNI. La même étude présente une méthode de démagnétisation des pneus qui permet de réduire efficacement et durablement ces champs magnétiques.
Voitures hybrides électriques : bonne nouvelle ( ??), cette étude a montré que les CEM émis par la propulsion électrique se situent largement en deçà de la limite à partir de laquelle des troubles de la santé peuvent survenir.
9. Réseaux sans fil
Les réseaux sans fils sont émetteurs de champs électriques, que ce soit par leurs points d’accès ou les équipements qui s’y connectent (ordinateurs, téléphone, clé USB, oreillettes,…) :
Inférieures aux seuils limites CIPRNI (61 V/m pour ces fréquences), ces valeurs amènent néanmoins à s’interroger sur les nombreux facteurs qui augmentent l’exposition à ce type de CEM et les risques associés : matériels allumés en permanence (boîtier ADSL, ordinateurs, PDA, téléphones,…), points d’accès multiples (dans une grande ville, les connexions Wifi détectées à un instant T par un ordinateur se comptent souvent en dizaines), évolutions technologiques vers des normes de plus en plus fortes (Wimax par exemple).
De ce fait, comme pour les téléphones portables, des gestes de bon sens s’imposent, par précaution : éteindre son matériel quand on ne s’en sert pas (boîtier ADSL notamment) et pendant la nuit, ne pas positionner les matériels près des zones du corps (attention aux parties génitales pour les ordinateurs portables posés sur les genoux !), tenir les enfants et les femmes enceintes éloignées, etc…
On peut aussi désactiver la fonction Wifi de son boîtier ADSL, et y connecter son ordinateur par un câble USB ou Ethernet : pour une LiveBox par exemple, entrer dans la barre d'adresse de son navigateur : http://192.168.1.1 , puis entrer les codes demandés (en général, admin et admin), cliquer sur l’onglet « Sécurité », puis sur « 802.11g », et décocher "activer le réseau sans fil ». L'association Robin des toits donne la marche à suivre pour le matériel de différents fournisseurs d'accès à Internet (
www.robindestoits.org).
10. Téléphones portables
Les rayonnements émis par les portables sont mesurés par l’indice DAS (Débit d'Absorption Spécifique), ce DAS ayant en Europe un seuil-limite de 2 W/kg (et de 1,6 W/kg aux Etats-Unis).
Les constructeurs sont tenus de faire figurer cette valeur sur l’étiquette de leurs produits : on peut donc la consulter au moment de l’achat, voire comparer à l’avance le rayonnement de tous les modèles existants : les valeurs varient fortement, de 0,12 W/kg pour le LG L343i (le moins émetteur) à 1,69 W/kg pour le Sony Ericsson K770i (le plus émetteur) !
Les valeurs affichées par les constructeurs sont donc inférieures (quoique parfois proches) des valeurs-limites réglementaires. L’Office fédéral de l’environnement Suisse note toutefois que « certains effets associés à l’exposition de l’homme aux téléphones mobiles sont à considérer comme probables. Il s’agit, en premier lieu, d’effets dont l’impact sanitaire n’a pas pu être éclairci. Ils apparaissent pour des valeurs DAS situées entre 0,02 W/kg et 2 W/kg » .
Encore une fois, les mesures de précaution sont les bienvenues :
➢ choisir un modèle de téléphone à faible DAS : le label TCO01 s’applique aux téléphones portables pour une valeur inférieure à 0,8 W/kg, et label écologique «Ange Bleu» pour une valeur inférieure à 0,6 W/kg
➢ utiliser un kit piéton : la valeur DAS dans la tête, lorsqu'on utilise une oreillette, est 8 à 20 fois inférieure à celle d'une conversation avec le téléphone à l'oreille
➢ ne pas téléphoner dans de mauvaises conditions de réception
➢ restreindre l’accès des enfants aux portables,
➢ etc…