Familles Rurales, fédération composée de 3 000 associations locales qui regroupe 180 000 familles adhérentes, a publié la semaine dernière, en exclusivité dans le quotidien La Croix, les résultats de son Observatoire des prix des fruits et légumes 2010. Cette étude a relevé les prix de 8 fruits (pomme, melon, abricot, cerise, fraise, pêche, nectarine et poire) et 8 légumes (aubergine, carotte, courgette, haricot vert, poivron, pomme de terre, tomate et salade) sur les étals français au cours des mois de juillet et août 2010. Elle met en évidence l’augmentation globale de 11,1% du prix des fruits et de 5,5% du prix des légumes par rapport à 2009 – certains ont quand même diminué comme la fraise dont les prix ont baissé de près de 13% par rapport à l’été 2009. Autre enseignement intéressant : l'étude constate que globalement les fruits et légumes produits en France coûtent moins chers que ceux importés – 1 kg de pommes produites en France coûte 1,75€ contre 2,04€ pour 1 kg de pommes importées. Une bonne nouvelle qui incite à consommer local ! Concernant les lieux de vente, il est plus avantageux, selon cet Observatoire, d’acheter ses fruits et légumes en hard-discount qu’au marché. En suivant les recommandations de l’OMS qui préconise de manger 400 g de fruits et légumes par jour, cela représente un coût de 1,04€ par jour contre 0,95€ l’année dernière. Cette année, Familles Rurales s'est aussi intéressée aux fruits et légumes issus de l'agriculture biologique - selon eux le panier bio coûte en moyenne 70% plus cher que le panier conventionnel.
Le sujet des prix alimentaires étant sensible, cette étude n'a pas manqué de soulever de nombreuses protestations des professionnels conventionnels et de la filière bio. L'Interprofession des Fruits et Légumes (Interfel) et Biocoop s'accordent pour critiquer la méthode-même utilisée par Famille Rurale : la période trop courte des relevés (seulement deux semaines, dans un contexte où le marché des fruits & légumes est en fluctuation quotidienne, du fait de la saisonnalité des produits, des volumes de production et des conditions climatiques) et la restriction géographique - 38 départements. D'autant plus que l'année 2010 a été très difficile pour les agriculteurs : gelées et froid tardifs, manque d'eau. Les résultats des relevés d'Interfel, réalisés sur l'ensemble de la France et de l'année, sont bien différents. Ils montrent que l'augmentation pour les fruits a été moindre (8%) alors que pour les légumes, la hausse a été supérieure (16%).. Et même si les produits bio restent plus chers, la différence est bien moindre - un kilo de fruits bio coûte en moyenne 2,31 € contre 1,99 € pour des fruits conventionnels (soit 16% d'écart selon l'étude Interfel). Bien qu'Interfel n'en fasse pas mention, il est aussi hasardeux de comparer des fruits et légumes de hard-discount avec des produits bio. Une étude à qualité et garantie équivalentes aurait été plus proche de la réalité. Biocoop souligne ainsi que les produits issus de l'agriculture biologique ont été cultivés dans le respect non seulement de l'environnement (pas d'intrant chimique, pas d'OGM, protection de la biodiversité, etc.) mais aussi du travail - puisqu'ils rémunèrent à leur juste valeur les ouvriers agricoles. Tout cela a forcément un coût ! Et de rappeler la colère des agriculteurs conventionnels face au prix d'achat de leurs produits trop bas, qui ne leur permet pas de couvrir leurs frais de production. La bio se bat aussi pour un juste prix des produits qui convienne à la fois au consommateur et au producteur.