C’est une grande première en France : des constructeurs automobiles sont attaqués en justice et vont devoir rendre des comptes sur leur contribution au réchauffement climatique et à ses conséquences négatives pour les humains, rapporte la Revue Durable. La canicule meurtrière de l’été 2003 est l’événement qui a déclenché ces démarches judiciaires. Sherpa, une association de juristes spécialisée dans les procédures à l’encontre des multinationales, est à l’origine de cette action, comme l’explique son responsable Yann Queinnec : « les entreprises automobiles vont-elles longtemps continuer à afficher un tel écart entre leurs engagements éthiques et leurs actions, à signer des accords volontaires de réduction de leurs émissions qu’elles ne respectent jamais, à produire et à mettre en avant commercialement les véhicules les plus émetteurs de dioxyde de carbone (CO2) de leurs gammes, à reporter la mise sur le marché de technologies plus « propres », et cela en toute connaissance des effets environnementaux et sanitaires induits ? »
Des précédents existent à l’étranger : ainsi l’organisation GermanWatch s’est-elle attaquée à Volkswagen accusée de manquer de transparence dans les informations sur la consommation de ses modèles et de concentrer tous ses efforts commerciaux sur ses gammes de voitures moyennes et luxes - particulièrement nocives pour le climat. Le modèle Touareg a ainsi été lauréat du prix Tuvalu du dérèglement climatique en 2006. Plus fort encore : au Japon, les constructeurs automobiles ont accepté en 2007 d’indemniser les plaignants - des citoyens s’estimant victimes de la pollution de l’air des villes, soit au total 7,4 millions d’euros à répartir entre 520 individus. En France, la situation est différente puisque l’association Sherpa ne sait pas encore si elle optera pour le pénal (demande de sanction pour violation de l’ordre public) ou le civil (demande de réparation via une indemnisation). Avant cela, ses avocats doivent préparer le dossier avec des experts afin d’évaluer la part de l’automobile dans le réchauffement scientifique et donc son rôle dans la catastrophe de 2003.