Lancé en novembre dernier par le Mobilier national et l'Institut National des Métiers d'arts, le "slow made" est un mouvement d'origine italienne qui fédère les acteurs français des métiers d'art et de la création, à travers une signature collective valorisant les produits "faits en prenant le temps nécessaire". Un cahier des charges en résume les valeurs fondatrices : culture du savoir-faire, attachement au travail humain, à la transmission, au développement durable et au prix juste. Pas d'erreur : il ne s'agit pas de faire l'éloge de la lenteur, mais bien de célébrer la maîtrise et le temps du geste, au service de la créativité et de l'innovation. Un mouvement qui rejoint les aspirations montantes depuis la crise de 2008 du côté des consommateurs : humilité, pérennité, prise de conscience de l'impact de nos comportements actuels sur les générations futures, déclin de l'éphémère, refus du futile et chasse au gaspillage.
Dans l'univers du luxe, ceci se traduit notamment par une demande en "produits transmissibles, à forte valeur qualitative, à l'usage durable, avec une histoire, une origine et un ancrage métier", souligne Stéphane Truchi, président du directoire de l'Ifop dans un récent article de Stratégies. Cette volonté de valoriser le geste ancestral est notamment à l'origine du documentaire "Les mains d'Hermès", lancé en 2011 via le Festival des Métiers d'Hermès, désormais annuel. LVMH a également lancé son événement patrimonial, les "Journées Particulières" dans les ateliers de Dior ou Vuitton en octobre 2011 puis à nouveau en juin 2013. Pour S. Truchi, "le slow made réinjecte du sens dans un art de vivre. C'est une modernité inédite, issue du mariage de l'innovation et de la tradition, qui n'a rien de passéiste".