Et si, au lieu de comparer les différents pays mondiaux à l’aune de leur dynamisme économique avec des indicateurs comme le PNB, on les évaluait sur une base plus globale intégrant les questions de santé, de bonheur des habitants et d’empreinte écologique par personne ? Le classement serait-il différent, ou la richesse détermine-t-elle tous les autres indicateurs ? C’est tout l’intérêt de l’exercice réalisé pour la seconde année consécutive par l’ONG britannique New Economics Foundation, avec son Happy Planet Index qui classe sur ces trois critères 143 pays représentant 99% de la population mondiale. De manière surprenante, on y apprend que la quasi-totalité des dix premiers pays sont situés en Amérique Centrale et dans les Caraïbes, le Costa-Rica apparaissant comme le leader incontesté : avec le plus fort taux de personnes se déclarant satisfaites de leur vie, le Costa-Rica enregistre aussi une espérance de vie (78,5 ans) plus élevée que les Etats-Unis par exemple, et une empreinte écologique par individu représentant le quart de celle des compatriotes de Barack Obama. Le Costa-Rica, selon le rapport accompagnant les résultats de l’indice Happy Planet, affiche un taux d’énergie renouvelable de 99%, a réussi à inverser le phénomène de déforestation et ambitionne de devenir le premier pays neutre en carbone en 2021. Un niveau de performance atteint, toujours selon le rapport, avec des décisions visionnaires comme celle de fusionner le Ministère de l’Environnement et celui de l’Energie dès les années 70, ou de cesser d’entretenir une armée nationale plus tôt encore, en 1949. La République Dominicaine prend la seconde place du classement global, avec un tiers de son territoire vouées à des actions de conservations de l’environnement et des ONG environnementales très actives, puis vient la Jamaïque, avec un PNB dix fois moins élevé que celui des USA mais de très bonnes performances sur la santé et l’empreinte écologique. La France se classe dans la zone médiane du classement, avec un indice de 46,3 contre 76,1 pour le Costa-Rica. A l’autre bout du spectre, en rouge sur la carte, on trouve beaucoup de pays de l’Afrique Sub-Saharienne, l’Irak, les Emirats-Arabes-Unis ou… les Etats-Unis ! A noter : de manière générale, les pays dont la richesse est en forte croissance comme les USA, la Chine ou l’Inde sont moins heureux et moins écologiques qu’il y a vingt ans, avec quelques exceptions (comme l’Allemagne ou le Brésil qui progressent de manière positive). Et les auteurs de conclure : "la voie de développement que nous avons choisie s’avère, sans exception, incapable de faire progresser simultanément le bonheur des habitants, l’espérance de vie et l’empreinte écologique". D’où la nécessité d’en inventer une nouvelle, qui permette de vivre mieux en consommant moins de ressources.