On n’arrête pas le recyclage ! Alors que la mode devient de plus en plus éthique (avec des matériaux issus du commerce équitable, des cotons labellisés Max Havelaar et/ou bio, notamment), le secteur s’intéresse aussi de plus en plus au recyclage. Et cette démarche peut prendre des tournures inattendues. La créatrice de mode chilienne Alexandra Guerrero transforme aujourd’hui des mégots de cigarettes en robes, jupes et pulls. Pour la petite histoire, c’est en cherchant un sujet intéressant pour sa thèse de doctorat sur le recyclage qu’Alexandra Guerrero prit conscience de l’omniprésence sur des sols urbains des mégots de cigarettes et décida de faire quelque chose de ces déchets. En effet, ce sont 300 milliards de mégots qui sont jetés dans les rues chaque année dans le monde, et, en France, 45 milliards de cigarettes ont été vendues entre janvier et octobre 2008. Autant dire que la matière ne manque pas pour la création de cette laine ! Sachant qu’il faut 12 ans pour que les mégots se dégradent en milieu naturel, les trottoirs des villes pourraient restés pollués longtemps. L’idée d’Alexandra ? « Réaliser des vêtements qui soient utiles en plus d’être portés, et attirer l’attention sur cette pollution ». Les plus sceptiques douteront de la propreté des collections et pourtant, elle est évidemment irréprochable : récoltés, les mégots sont stérilisés à l’autoclave (un récipient à parois épaisses et à fermeture hermétique conçu pour réaliser sous pression des stérilisations à la vapeur), lavés puis passés à nouveau à l’autoclave et séchés. Ils sont ensuite déchirés, filés avec de la laine naturelle puis tricotés, comme si de rien n’était. Résultat : les mégots sont purifiés à 95 % et entrent pour 10% dans la composition du vêtement final, qui ne sent pas du tout la cigarette froide - même si 100 mégots sont nécessaires pour réaliser chaque pièce. Le nombre de créations est encore limité mais Alexandra espère passer à la fabrication industrielle, « seule façon de créer un bon impact sur l’environnement » à ses yeux. Les vêtements sont disponibles sur Internet, compter 36 euros pour un chapeau et 208 euros pour un poncho.