Au Bangladesh, la ville de Hazaribagh est spécialisée dans le tannage du cuir : chaque année, 14 millions de peaux de bêtes y sont traitées pour le marché occidental. Pour cette raison, son fleuve est le 3e le plus pollué au monde. En effet, le tannage du cuir nécessite bien souvent l’usage de produits toxiques pour l’environnement et les travailleurs : sels d’aluminium, formaldéhyde, dérivés de goudron, colorants à base de cyanure, chrome (utilisé dans 90% des cas, le chrome est pourtant classé comme agent chimique cancérogène, mutagène ou toxique pour la reproduction), etc.
Souvent bovin, le cuir est également un sous-produit d’une des industries les plus polluantes et consommatrices en ressources : l’élevage de bœufs. La plupart des bêtes destinées à la production de cuir exporté provient du Brésil, où l’élevage est responsable de presque 80% de la déforestation de l’Amazonie. Bien souvent, l’élevage et l’abattage pour le cuir se réalisent dans des conditions floues et délétères pour les animaux, comme le révèle l’association PETA. En Chine, ce sont les chiens de rue qui sont souvent collectés, roués de coups et abattus pour leur peau. En Inde, c’est également le cas des vaches errantes, pourtant considérées comme sacrées.
Au vu de ces impacts environnementaux, sanitaires et sociaux que cache bien souvent la production de cuir, la Fashion Week d’Helsinki (Finlande) a pris une décision historique. Lors de son édition 2019, aucune pièce contenant du cuir ne sera présente sur ses podiums. « Nous, organisateurs de la Fashion Week d’Helsinki, avec le soutien de l’association nordique de la mode, nous positionnons contre la cruauté envers les animaux et les dégâts environnementaux qu’entraîne la production de cuir animal » a déclaré Evelyn Mora, fondatrice de la Fashion Week d’Helsinki, dans un communiqué début août. Quelles solutions responsables existe-t-il alors pour un look cuir dans les défilés d’Helsinki ?
Au-delà du cuir recyclé ou certifié Natureleader, certaines marques, comme Stella McCartney ou Matt&Nat ont opté pour du simili-cuir de qualité. Toutefois, ce matériau est constitué de plastique, dont la fabrication est également source de forts impacts sanitaires et environnementaux. De nouvelles alternatives au cuir aux impacts très faibles sur l’environnement ont vu le jour récemment : des cuirs végétaux, confectionnés à partir de feuilles d’ananas (bientôt utilisé par la marque Puma), de raisins, de champignons ou encore de liège. Des options en pleine croissance, prometteuses pour une mode plus responsable et durable.