Alors que les étiquettes carbone se développent dans tous les pays, les consommateurs (comme les fabricants !) pourraient bien avoir quelques surprises à l’arrivée, en constatant notamment que le transport ne représente qu’un petit pourcentage des émissions de CO2, selon un article récent du Wall Street Journal.
Le constat concerne aussi bien des produits comme les vestes, les chaussures et la bière, d’après les premières évaluations faites par différentes entreprises : ainsi, les émissions de CO2 liées au transport ne représentent que 5% de l’impact global des chaussures Timberland, moins de 1% de l’impact d’une veste Patagonia et la 4e source d’impact des bières produites par New Belgium Brewing. Dans le cas des chaussures Timberland par exemple, la première source d’impact est le cuir, en raison des émissions de méthane des ruminants ; pour une veste Patagonia, c’est le polyester qui représente 71% de l’impact total ; et pour la bière belge, c’est la réfrigération qui emporte la palme de l’impact, devant la production du verre des bouteilles et la production du malt. Autre exemple donné par le Wall Street Journal : le lait, où plus de la moitié de l’impact provient des vaches elles-mêmes (émissions de méthane), alors même que n’ont pas été prises en compte dans l’étude réalisée par un fournisseur de WalMart les émissions liées à l’agriculture nécessaire en amont (le plus souvent intensive : engrais, pesticides, machines, etc.) pour produire la nourriture donnée aux vaches, ni la nécessaire réfrigération du lait.
Dans d‘autres cas, comme les détergents étudiés de près par l’enseigne Tesco, la surprise vient du fait que si les lessives liquides s’avèrent plus douces pour le climat que les poudres ou tablettes (et les liquides concentrés plus encore, du fait de la réduction du transport), il vaut encore mieux, dans tous les cas, laver à basse température (le gain pour le climat est le même qu’en passant des poudres au liquides) et surtout éviter d’utiliser un séchoir, ce qui diminue l’impact sur le climat du tiers environ est est 15 fois plus efficace que de laver à froid. Enfin, dans l’automobile, le casse-tête vient du fait que c’est logiquement l’impact pendant l’utilisation qui arrive en tête : 86% de l’impact carbone d’une voiture est ainsi liée à son utilisation, contre 4% seulement pour la fabrication et l’assemblage (le reste étant lié aux matériaux composant la voiture). C’est pourquoi, souligne le quotidien américain, il est désormais plus écologique - avec l’arrivée des hybrides notamment – d’acheter une nouvelle voiture « propre » plutôt que de garder sa vieille guimbarde pour éviter de la mettre au rebut… Une complexité encore accrue par le fait que la lecture « carbone » de l’impact des produits ne prend pas en compte d’autres impacts importants (comme la pollution de l’eau pour les lessives, la pollution atmosphérique pour les véhicules, l’impact sur la biodiversité ou la santé pour l’alimentation, etc.) : la consommation responsable est un long chemin...