Avec 26% des émissions nationales de gaz à effet de serre, dont 14% pour les véhicules particuliers et les deux-roues, le secteur des transports reste un facteur majeur de croissance des émissions de gaz à effet de serre dans l'atmosphère. En effet, un usage de plus en plus important de la voiture annule les diminutions réalisées dans d’autres secteurs : la distance annuelle parcourue par l’ensemble du parc automobile a augmenté de 30 % depuis 1990, et le budget "transport" des ménages a quintuplé depuis 1960. Du coup, les initiatives innovantes se multiplient du côté des collectivités pour inciter chacun à emprunter davantage les transports collectifs. Ainsi, alors que le projet parisien d'interdiction des voies sur berge aux voitures fait controverse, Genève a annoncé en début d'année que 200 artères sur les 800 rues que compte la ville seront à l'avenir fermées aux voitures, une décision intervenue après consultation de tous les acteurs concernés et qui sera mise en place progressivement sur 4 ans.
Dans le même esprit volontariste, plusieurs municipalités en France (dont Gap, Bar-le-Duc, Cluses, Châteauroux ou Issoudun…) ont fait le choix de proposer à l'ensemble de leurs habitants l'accès gratuit et illimité aux transports collectifs, à contre-courant de l’augmentation des tarifs et des contrôles constatés dans de grandes villes françaises. Un moyen efficace d’inciter à laisser tomber la voiture, couplé à d’autres mesures comme l’intensification du trafic ou la création de nouvelles lignes. Quinze villes en France ont déjà opté pour cette approche, dans le sillage de Colomiers et Compiègne, pionnières dès les années 70. La dernière ville en date à s’être lancée dans ce défi est Aubagne, où habitants et visiteurs peuvent monter gratuitement dans les transports en commun de la communauté d'agglomération. Et le bilan, qui vient d’être rendu public après un an, est éloquent : la fréquentation des bus a augmenté de 67% en moyenne, dépassant l’objectif fixé de +50% ! En outre, selon ses promoteurs, le coût de cette mesure serait quasi-nul. D’abord parce que les recettes des transports payants couvriraient tout juste les frais générés par leur édition, leur vente et leur contrôle. Mais aussi parce que dans le cas d’Aubagne par exemple, le financement est assuré par une taxe transport payées par les entreprises de plus de neuf salariés, qui rapporte deux millions d’euro supplémentaires, alors que la part des recettes de la billetterie dans le budget des Bus de l’Agglo représentait 700 000 € ! Et c’est sans compter les bénéfices indirects de l’approche : Aubagne avance ainsi qu’une famille pourrait économiser jusqu’à 2 000 € par an en utilisant les transports collectifs gratuits, à quoi s’ajoutent les économies collectives (moins facilement chiffrables) réalisées sur l’entretien des routes, les accidents de circulation et les frais de santé du fait de la diminution de la pollution.