Avec près de 354 kg de déchets ménagers par personne en 2017 (source : Ademe), il devenait urgent pour la France de mettre en place une stratégie pour sortir de l’économie du « tout jetable ». Pour inscrire le pays dans cette dynamique, le gouvernement a dévoilé le 23 avril 2018 une feuille de route dédiée à l’économie circulaire (FREC), comprenant plusieurs mesures concrètes visant à atteindre les objectifs du Plan Climat en application de la Loi de Transition Energétique pour la Croissance Verte. Fruits d’une concertation avec plusieurs ONG, élus, professionnels et consommateurs, ces 50 mesures s’articulent autour de la production, la consommation, la gestion des déchets ainsi que la mobilisation des acteurs. Alors quelles sont les avancées et qu’en pensent les acteurs de terrain mobilisés sur le sujet ?
Plusieurs initiatives sont saluées par les ONG, comme des mesures fiscales telles que la tarification incitative (le consommateur paie en fonction de la quantité de déchets qu’il produit) ou l’augmentation de la taxe sur les décharges et les incinérateurs. De même, l’extension des filières à responsabilité élargie des producteurs (REP) pour le secteur des jouets, des articles de sport et de loisirs et des articles de jardin et de bricolage permettra, selon Laura Chatel de Zero Waste France, « une meilleure organisation du recyclage grâce à ces nouvelles filières ». Enfin, d’ici 2019, grâce à la pression d’Emmaüs, les grands principes de la lutte contre le gaspillage alimentaire seront également appliqués à l’univers du textile, obligeant les acteurs de la filière à donner leurs invendus à des associations au lieu de les jeter .
En parallèle de ces avancées, certaines zones d’ombres subsistent. Les ONG déplorent le manque d’ambition du gouvernement et notamment le manque de soutien financier et d’objectifs chiffrés concernant le réemploi et la réparation. Des mesures comme la réduction de la TVA pour les produits les plus durables (bio-sourcés, réparables, à base de matière recyclée), la mise en place de malus pour les produits non réparables ou recyclables pouvant dépasser 10% du prix, ou l’extension de la durée de garantie légale nationale de 2 à 10 ans sont encore au conditionnel ou non envisagées par le gouvernement. Selon les ONG, l’angle mort de cette feuille de route reste surtout la lutte contre le plastique à usage unique et le sur-emballage, pour laquelle aucune mesure n’est prévue par le gouvernement, tant en termes d’objectifs chiffrés que de soutien financier. Cette lacune va à contre-courant de l’ambition du gouvernement d’atteindre 100% de plastiques recyclés en 2025.
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