La biodiversité reprend ses droits en ville. De plus en plus de mouvements émergent à travers le monde, à l'image du très populaire Guerrilla Gardening. Mouvement d'activisme politique utilisant le jardinage comme moyen d'action environnementaliste, né dans les années 1970 à New-York, le Guerilla Gardening est aujourd'hui relayé principalement sur Internet, encourageant les citoyens à planter partout où c'est possible des plantes et des graines, et à aider la nature dans sa reconquête de l'espace public, sur tous les continents. Le 1er mai dernier, plus de 6000 personnes à travers le monde ont ainsi semé des graines de tournesol dans les moindres recoins disponibles de leurs villes, aux abords des routes, dans les bacs des arbres…
Du coup, les Pouvoirs Publics s’y mettent. En France, l'opération Laissons Pousser est ainsi organisée en région parisienne par Natureparif, l’agence régionale pour la nature et la biodiversité en Ile-de-France. Celle-ci a ainsi réuni en avril dernier une quinzaine de villes franciliennes dans une grande opération visant à transformer les espaces urbains en véritables jardins collectifs. Chaque collectivité partenaire s’est ainsi engagée à distribuer à ses habitants des sachets de graines, et à organiser des séances de plantation collective. Dès le 13 avril, on a donc vu fleurir un peu partout dans des villes telles que Pantin (93), Aubervilliers (93), Nanterre (92) ou encore à Paris, des marguerites, des coquelicots, de la mauve ou de la camomille sauvage, parmi 17 espèces sauvages sélectionnées.
D’autres initiatives en vogue, dans le même esprit, visent à redonner aux arbres une place en ville… Car les forêts urbaines, c’est désormais prouvé, ont pour effet vertueux de limiter les ilots de chaleur, favorisés par le béton ou le bitume (dans une ville essentiellement faite de bâtiments, il peut faire 5 ou 10 degrés de plus que dans les zones environnantes), de créer de l’ombre appréciée des piétons voire des automobilistes, d’absorber les bruits de la rue ou encore de limiter les coups de vent. Et c’est sans parler de l’effet sur le climat : en Californie, on a estimé que la plantation de 50 millions d’arbres permettrait d’obtenir la même réduction de gaz à effet de serre que le remplacement de tous les appareils ménagers par des modèles basse consommation. Ainsi le maire de la Los Angeles, Antonio Villaraigosa, a lancé en 2006 sa campagne Million Trees LA visant à faire tout simplement de Los Angeles la ville la plus verte de tous les Etats-Unis en plantant un million d’arbres dans les écoles, les quartiers défavorisés, sur les berges de la rivière et dans d’autres lieux encore, choisis en utilisant l’imagerie par satellite. De même, San Francisco voit des opérations de plantation d’arbres dans la ville orchestrées depuis 1981 par l’association Friends of the urban forest (les amis de la forêt urbaine), qui aurait planté près de 50000 arbres depuis sa création. Au Canada aussi, des villes comme Montréal ou Ottawa s’engagent à planter des arbres (100 000 pour Ottawa entre 2007 et 2010). Plus près de nous, Nantes métropole veut créer de véritables massifs forestiers sur des friches existantes et à Paris, la Ville a fait planter de 2001 à 2008 l’équivalent de ce qui a été planté auparavant en près de 40 ans, soit plus de 6 400 arbres.