Des clients fortunés qui acceptent de ne pas changer de serviettes ou de troquer les mini-savonnettes et autres produits luxueux en mini-doses par des distributeurs certes chics mais collectifs, des chandeliers 19e siècle équipés d'ampoules fluocompactes : il se passe quelque chose dans les hôtels de luxe, aux quatre coins de la planète. Ainsi, à Washington, le Willard Hotel, l'un des plus anciens et des plus luxueux palaces de la capitale américaine (il a notamment logé Martin Luther King avant qu'il ne prononce son fameux discours "I had a dream"), s'est résolument engagé sur l'écologie. Appartenant au groupe IHG (Intercontinental-Holiday Inn) et installé face à la Maison Blanche, le Willard affiche son ambition : avoir "les meilleures pratiques écologiques de toute l'industrie hôtelière", selon Hervé Houdré, un Français, ex-patron du Plaza Athénée et du Crillon à Paris, est parti en croisade depuis 2005 pour que cet hôtel prestigieux de 332 chambres "soit le premier au monde à fonctionner entièrement à l'énergie renouvelable"… ce qui est désormais le cas puisque 100% de l'énergie achetée est issue de production éolienne, le surcoût ayant été financé par le passage aux ampoules fluocompactes qui a permis en 2006 de diminuer de 13% la facture énergétique. Des peintures au liquide vaisselle, tous les produits utilisés ont évidemment écologiques et, en cuisine, la majorité des ingrédients qui composent une approche gastronomique "à la française" sont bios ou d'origine locale. Les déchets alimentaires sont ensuite compostés à raison de 3 000 tonnes par semaine. Enfin, 45% des clients acceptent de ne pas changer les serviettes et draps de leur chambre et 78% d'entre eux sont d'accord pour payer un dollar supplémentaire sur leur note d'hôtel pour financer des projets de développement durable. Signe de l'avancée de sa démarche, le Willard publie aussi son propre rapport de développement durable et diffuse un guide vert à l'attention de ses clients, pour aider ceux-ci à diminuer l'impact environnemental de leurs voyages d'affaires…
Même son de cloche ou presque à Paris, dans deux sites de prestige. D'abord, le château des Fontaines, près de Chantilly, qui appartient à Cap Gemini et accueille tout au long de l'année en séminaire les cadres des plus grandes entreprises mondiales (50 000 visiteurs par an, 52 hectares de parc boisé, 45 salles de commissions, un auditorium de 500 places, 300 chambres…), est le premier de sa catégorie à avoir obtenu l'écolabel européen dans la catégorie "services d’hébergement touristique" : deux ans de travail ont été nécessaires pour mettre en place des petits déjeuners 100% bio, des ampoules basse consommation, la suppression des doses individuelles pour tous les produits d’accueil et de restauration, des économiseurs d’eau sur les robinets et les douches, des produits d'entretien verts, un plan d'optimisation énergétique passant notamment par la diminution de la température pré-réglée dans les chambres de 3 degrés (moyennant l'ajout d'une couverture !), l'achat de véhicules hybrides pour transporter ses clients (le site a même réussi à influencer quelques taxis des environs à faire de même) et, en partenariat avec Action Carbone, une offre de séminaire neutre en carbone à l'attention des entreprises responsables… Dans le même esprit, l'hôtel Fouquet's Barrière, ouvert il y a deux ans et situé à l'angle de l'avenue George V et des Champs Elysées, revendique ce qu'il appelle "le luxe responsable" : avec 107 chambres, dont la moitié de suites, et un spa de 750 m2, le palace a réalisé son bilan carbone, mis en place un plan d'économies d'eau et d'énergie, obtenu la certification sociale SA 8000 qui fournit aussi des garanties sur la qualité sociale de ses achats, maximisé l'isolation accoustique et thermique, et met à la disposition de ses clients des e-solex (so chic !) et même une limousine avec moteur hybride…