Officiellement, les émissions de CO2 de la Grande Bretagne ont baissé de 19% entre 1990 et 2008, et les gouvernements anglais successifs se sont basés sur ces estimations pour se positionner en leaders climatiques mondiaux. Un positionnement à la limite du greenwashing, selon un petit film d'animation humoristiquement intitulé "carbon omissions", qui vient d'être lancé en avril par l'ONG écologiste anglaise PIRC avec la complicité du truculent éditorialiste de The Guardian, Georges Monbiot. Car le seul problème est que ce chiffre est fondé sur la façon dont les émissions nationales sont comptabilisées d'après le protocole de Kyoto, autrement dit sur ce qui est produit dans le pays mais non sur ce qui y est consommé et importé car produit ailleurs, en Chine par exemple, avec des émissions de CO2 importantes mais dont la Chine, plutôt que l'Angleterre, est officiellement considérée comme responsable. Et voilà le problème - car quand on corrige les chiffres officiels en prenant en compte les importations, on ne constate plus une réduction des émissions britanniques mais au contraire une augmentation, dans les mêmes proportions (20%) ! Et la performance climatique prend les airs de catastrophe....
Du coup, on se déculpabilise en montrant du doigt la Chine, pour ne pas regarder ce qui pêche en réalité, à savoir le volume global de notre consommation. "A quoi bon changer nos modes de vie", entend-on ainsi dire, "quand la Chine construit une centrale à charbon par semaine ?" C'est ignorer qu'une grande partie de ces centrales et usines polluantes chinoises existent en réalité pour fabriquer des tonnes et des tonnes de produits destinés aux pays développés ! Résultat : si l'on change le mode de calcul, en le fondant sur la consommation locale et non sur la production, cela fait en réalité baisser de 20% les émissions de la Chine, selon la Chambre des Communes britannique, cependant que celles de l'Angleterre ou de la France augmentent de 35 à 40%. A bon entendeur...