Dans le cadre des premières assises de l’économie circulaire à Paris, l’Agence de l’Environnement et de la Maitrise de l’Energie (ADEME) a commandé une étude au Centre de recherche pour l’étude et l’observation des conditions de vie (Credoc) pour analyser l’évolution des comportements de consommation des Français. Ce rapport titré « Les Français sont-ils prêts pour l’économie circulaire » compile et passe au crible plus de cinquante enquêtes menées ces 25 dernières années auprès de la population française. Résultat : l’étude révèle que les habitudes et les consciences ont bel et bien évolué vers ce nouveau modèle économique – moins linéaire, plus efficace dans l’utilisation des ressources et moins impactant pour l’environnement. Ces évolutions se font particulièrement ressentir dans le domaine des déchets. A ce titre, la production de déchets par habitant est en baisse depuis 2011 avec 290 kgs contre 359 kgs en 2002.
Par ailleurs, l’étude révèle que les consommateurs visent davantage à pérenniser l’usage de leurs objets : 54% des Français font ainsi réparer leurs appareils électroménagers, hi-fi et vidéo plutôt que d’en acheter de nouveaux. Corollaire de ces pratiques, l’émergence de la consommation collaborative participe au développement des échanges de pair à pair qui privilégient l’usage plutôt que la propriété. En témoigne le succès de BlaBlaCar – 25% des Français ont déjà eu recours au covoiturage selon l’étude –, AirBnb ou encore La Ruche qui dit Oui !… En parallèle, les modes de vie se font plus sobres : 81% des foyers tentent de diminuer leur consommation par l’adoption d’éco-gestes.
Le rapport pointe néanmoins le rôle central des préoccupations financières dans l’évolution des comportements de consommation des Français dans un contexte de contraintes budgétaires, en particulier concernant la consommation d’énergie, d’eau ou encore les transports. A ce titre, la sociologue Solange Martin souligne que « le levier économique reste majeur, mais il conduit néanmoins à des pratiques plus vertueuses ». Si la conscience écologique est souvent motivée par des raisons économiques, il reste qu’elle gagne du terrain et inspire des changements qui s’inscrivent sur le long terme, indépendamment des cycles économiques. Le mouvement n’est donc pas prêt de s’arrêter … à condition que les pouvoirs publics jouent un rôle d’accompagnement au changement auprès des consommateurs et des entreprises, comme le souligne la conclusion de cette étude du Credoc.
Une synthèse de l’étude est disponible ici.