S’inspirant d’une expérience canadienne, le groupe British American Tobacco (BAT), deuxième producteur mondial de tabac et leader en matière de responsabilité d'entreprise sur son secteur très controversé, vient de lancer une campagne de recyclage de mégots dans la Torre Espacio, un immeuble de la capitale espagnole abritant le siège de la compagnie et où travaillent chaque jour 2500 personnes. À travers cette initiative, BAT entend collecter des déchets recyclables, mais aussi et avant tout inciter les fumeurs à ne plus jeter leurs mégots sur la voie publique pour redorer leur image. Pour le recyclage de ces mégots, l'entreprise a fait appel à TerraCycle, qui a déjà mis en place avec succès des brigades anti-mégots en Amérique du Nord (lancée au Canada en mai 2012, l’initiative a permis de récupérer plus de 100 000 mégots de cigarettes). Ici les matériaux seront triés et recyclés séparément : le tabac et les cendres sont transformés en engrais destiné à l’agriculture, le papier et le carton partent au recyclage, tandis que les filtres serviront à fabriquer divers objets en plastique comme des palettes, des corps de stylos-bille ou de nouveaux emballages.
Une initiative plutôt judicieuse au moment où, par exemple, la Ville de Paris s'attaque aux mégots de cigarettes et vient d'installer 10 000 éteignoirs sur les 30 000 poubelles publiques que comptent les rues de la capitales pour inciter les fumeurs à ne plus jeter leurs mégots sur les trottoirs (et ce, avant d'envisager le passage aux amendes en 2013). Il faut dire qu'à Paris, les mégots représenteraient chaque année 315 tonnes de déchets non biodégradables et toxiques, qui polluent l'eau en arrivant dans les égouts. "Il est insupportable de les retrouver sur nos plages, au cœur de nos campagnes, dans nos quartiers et jusque dans nos stations d’épuration", a déclaré au Parisien Serge Orru, dont l’association "Les amis du vent" a lancé une campagne de sensibilisation "Jette pas ton mégot, deviens un héros" avec la distribution de cendriers de poche. Comme pour les chewing-gums, "de nombreux agents sont mobilisés pour nettoyer les rues et ramasser ces mégots, ce qui pèse sur le budget des villes", insiste Anne Hidalgo, adjointe au Maire de Paris. De fait, on estime quand même à trente milliards en France et à 4300 milliards dans le monde le nombre de mégots jetés chaque année à même la chaussée - et selon les fabricants, ces chiffres seraient à la hausse en raison de l'interdiction croissante de fumer dans les lieux publics (bars, restaurants, bureaux...) qui entraînerait une forte augmentation des rejets de mégots en extérieur.