Comment prendre le pouls de notre société autrement qu’avec des indicateurs économiques comme c’est actuellement le cas avec la mesure du PIB ? C’est la question que s’est posée La Fabrique Spinoza, think-tank du bonheur citoyen, pour qui la mesure du bonheur d’une population devrait compléter celle du Produit Intérieur Brut afin de « compter ce qui compte vraiment » pour les Français, redonner au bonheur une place de choix dans la société et surtout orienter les politiques publiques. Il y a quelques mois, la Fabrique Spinoza annonçait ainsi le lancement d’un Indicateur Trimestriel de Bonheur des Français (ITBF) s’appuyant sur la science du bonheur et une méthodologie robuste. Les résultats du baromètre suivent le calendrier de publication du PIB pour apporter un autre éclairage et replacer le bonheur au cœur du débat public. Après une 1ère édition lancée au premier semestre 2016, la Fabrique Spinoza a révélé les résultats du 2ème trimestre, s’appuyant sur une enquête réalisée seulement quelques jours avant la vague d’attentats qui a frappé Nice, Munich ou encore Saint-Etienne-du-Rouvray. Les enseignements sont similaires à ceux du premier trimestre et illustrent plusieurs faits marquants. Si le score moyen du bonheur des Français est de 6/10, le niveau de bonheur mesuré est pourtant très disparate : 57% se déclarent « heureux » et seulement 30% « très heureux » alors qu’environ 1,5 millions de personnes disent vivre la « pire vie possible » à leurs yeux. Ces résultats cachent en réalité de grandes inégalités de bonheur, liées à des critères sociodémographiques : les étudiants, inactifs, employés, faibles revenus et les plus jeunes sont les moins heureux. Des disparités qui dessinent la perspective de politiques ciblées.
Par ailleurs, les résultats révèlent que les Français sont dans l’ensemble plutôt joyeux (prédominance des émotions positives que sont le rire, la joie, le plaisir) tout en exprimant un sentiment de fatigue, tant psychologique que physique. Ils sont également plutôt satisfaits de leur cadre de vie même si une partie (45%) se plaint de la population. Si ils sont une majorité à apprécier les liens sociaux de proximité (76% avec leur famille par exemple), les Français ont aussi exprimé dans cette enquête une tendance à se replier sur eux-mêmes : seulement 36% disent pouvoir faire confiance aux autres et seulement 27% expriment ou ressentent de la gratitude. Le chômage mais aussi les attentats les affectent également : la moitié des Français se sentent inquiets pour leur emploi ou celui de leur proche, et disent se sentir moyennement en sécurité. Autre fait marquant : les différences marquées hommes-femmes se traduisent par une différence de satisfaction de vie. Les femmes se sentent plus fatiguées, stressées et inquiètes de perdre leur emploi. En général, les hommes ont quant à eux une meilleure opinion d’eux-mêmes que les femmes et disent se sentir plus sereins, optimistes et en sécurité.
Si cette 2è édition de l’ITBF révèle donc un bilan en demi-teinte (la moitié des Français regarde le passé avec regret et 59% envisagent l’avenir du monde avec pessimisme), la Fabrique Spinoza souligne la présence de réflexes et fonctionnements psychologiques à développer davantage. D’autant plus qu’une large majorité de Français exprime dans cette enquête le besoin de remettre le bonheur au cœur des préoccupations du pays (72%), signe que le sujet doit plus que jamais être au cœur de l’agenda des politiques publiques.
Retrouvez l’intégralité des résultats de la deuxième édition de l’ITBF ainsi qu’une synthèse