Le contexte dans lequel se développent les ventes de produits bio est alourdi par le dossier récent de l’UFC Que Choisir sur les prix du bio en grandes surfaces : cette enquête à charge réalisé par Christian Jacquiau, qui n’en est pas à son premier assaut contre la grande distribution, établit en gros que "le panier de produits bio à marques de distributeurs (MDD) est 22 % plus cher que le panier de marques nationales conventionnelles et 57 % plus cher que le panier de MDD non bio." Résultat : le bio resterait inaccessible au plus grand nombre, en tout cas dans la grande distribution. Plus que le coût logiquement plus élevé du bio (du fait de rendements moindres liés à l’absence d’engrais et de pesticides de synthèse), Que Choisir dénonce les aides de la PAC (liées au rendement à l'hectare, ce qui avantage les modes d'exploitations intensifs au détriment des producteurs biologiques) et surtout les marges supposées trop élevées des grandes surfaces sur ces produits (1,09 euros pour le kilo de pommes bio contre 50 centimes pour des fruits standards, 1,33 euros pour le kilo de carottes bio contre 80 centimes pour des légumes conventionnels). Et de militer pour les circuits directs de type AMAP, pour l’approvisionnement en surfaces spécialisées comme Biocoop ou Naturalia qui s’en sortent un peu mieux dans le dossier, et surtout pour une plus grande transparence des marges des grands distributeurs et pour une vraie démocratisation du bio.
Ceci est d’autant plus nécessaire que l’Agence Bio vient de publier son 7e baromètre annuel qui confirme l’intérêt des Français pour le bio. En 2009, 46% des Français ont consommé au moins un produit biologique au moins une fois par mois (contre 44% en 2008 et 42% en 2007). Autre enseignement important : les produits bio ont bien résisté face à la crise, puisque 39% des Français disent avoir acheté au moins un produit bio dans les 4 semaines précédant l’enquête (même niveau qu’en 2008), cependant que 25% des consommateurs bio ont déclaré avoir l’intention d’augmenter leur consommation dans les 6 mois (vs 22% en 2008) et 71% de la maintenir. Les Français veulent aussi et de plus en plus avoir la possibilité de manger bio hors de chez eux, que ce soit dans les restaurants (45% en 2009 vs 42% en 2008), sur leur lieu de travail (41% en restauration d’entreprise vs 38% en 2008 et 37% dans les distributeurs automatiques vs 32% en 2008) et pour leurs enfants dans les restaurants scolaires (75% des parents dont les enfants n’ont pas de produits bio à la cantine souhaiteraient qu’ils en aient). A noter : le souci de protéger sa santé reste la première raison de manger bio (95% des consommateurs), devant la préservation de l’environnement (86%).