Selon un article récent publié par le scientifique sri-lankais Mohan Munasinghe, vice-président du GIEC (Groupe Inter-Gouvernemental d'Experts sur le Climat) et Prix Nobel de la Paix en 2007 à ce titre, il est urgent d’amener les riches à consommer de façon "plus durable" si l'on veut éviter la catastrophe environnementale et climatique - dont les plus pauvres sont par ailleurs les premières victimes (notamment dans des pays comme le Sri-Lanka). Pour cela, il appelle dans la perspective du Sommet Rio+20 prévu en 2012, à la création d’Objectifs du Millénaire pour la Consommation, inspirés de ceux définis en 2000 par les Nations-Unies sur le développement (lutte contre la pauvreté, éducation, santé, environnement…). L’objectif cette fois : contraindre les pays riches à réduire leurs habitudes néfastes pour l’environnement. Une ambition rendue nécessaire, selon lui, par le fait que 80% de la consommation mondiale est le fait des 20% des individus les plus riches de la planète, qui consomment 60 fois plus que les 20% les plus pauvres. L’idée de Munasinghe n’est pas de voir les riches comme le problème, mais au contraire comme un levier majeur pour trouver des solutions. Et de rappeler que si la consommation des ménages est le moteur des économies modernes, elle est aussi excessive dans ses prélèvements et ses rejets, et le plus souvent inéquitable – c’est la cause majeure de la crise environnementale que nous traversons. Parmi les champs proposés par Munasinghe pour ces nouveaux objectifs du Millénaire : les économies d’eau et d’énergie, la mobilité et l’habitat durables, une alimentation plus saine et la réduction de l’obésité, un taxation des produits de luxe, un temps de travail réduit, etc. Selon le scientifique, le fait de mettre en œuvre des objectifs ambitieux sur ces questions, en pariant sur la mobilisation d’un grand nombre d’individus et d’entreprises sur le terrain (dans les pays développés et dans les pays en développement), pourrait bien in fine être efficace bien plus vite que les classiques politiques "descendantes" des gouvernements, tout en mettant la pression sur les pouvoirs publics pour qu’ils agissent plus rapidement.
Pour en savoir plus sur ce sujet, consultez également le rapport de la mission présidée par Elisabeth Laville, fondatrice d'Utopies et de Mescoursespourlaplanete.com, "Pour une consommation durable - 25 propositions pour une politique concrète".