Certains nectars parmi les meilleurs et les plus célèbres du monde risquent tout bonnement de devoir fermer boutiques et vignobles au cours des cinquante prochaines années, si l’on en croit un article publié par The Guardian dans la foulée de la seconde conférence sur le réchauffement climatique et le vin, qui s’est tenue au printemps 2008 à Barcelone. Car le caractère d’un grand vin (et plus encore des grandes années des grands vins) tient à trois facteurs en plus du choix du cépage : la nature de son sol et de son sous-sol, l’exposition du vignoble et le climat. Problème : en 2005, selon une étude menée par l’université de l’Oregon dans 50 régions viticoles mondiales, il fera 1,2°C de plus dans le Bordelais, et 2°C de plus en Toscane – des climats comparables à ceux d’Afrique du Nord aujourd’hui. Conséquence ? Les raisins arriveront plus vite à maturité, leur teneur en sucre et donc le taux en alcool des vins augmenteront (les Medoc des années 40 titraient entre 11 et 11,5% d’alcool, contre 13 ou 13,5% aujourd’hui) – ce qui devrait leur enlever une partie de la subtilité et de la complexité qui ont fait leur réputation. De nouvelles techniques de culture seront requises pour contrer les caprices du climat, et l’irrigation devrait être introduite dans les régions de production traditionnelles en Europe. Seule autre alternative : délocaliser la production vers des régions plus favorables, car baignées par des courants froids, comme la Nouvelle Zélande, le Chili ou l’Argentine… voire même la Chine, qui est d’ores et déjà le 7ième producteur mondial de vins. Certains propriétaires de grands crus français ont pris les devants et investissent depuis quelques années dans des vignobles en Amérique Latine, cependant que le premier viticulteur d’Espagne a planté des vignobles d’altitude dans les Pyrénées.