"L'habitat vertical est un modèle d’habitat inédit en France, mais que les Allemands ont développé il y plus de 30 ans à Berlin avec Frei Otto, sur le principe de plateaux superposés dans lesquels chaque propriétaire invente son habitat" : Noël Mamère, député-maire de Bègles, affichait sa fierté écologique lorsqu'il a présenté, il y a quelques mois, le premier projet de lotissement vertical innovant, baptisé "les Hauts Plateaux" et situé dans l'éco-quartier de sa ville, Terre Sud, avec 21 logements entre 120 et 220m2. Ce projet a été proposé par Christophe Hutin, un jeune architecte qui a travaillé sur l’habitat des "shacks", ces baraques en bois et métal dans les bidonvilles de Soweto (Afrique du Sud), et Domofrance, premier bailleur social d’Aquitaine, avec la complicité de Lafarge qui développe la structure en dalle béton et poutres fines, aux grandes portées. Le concept est simple : face à l’étalement urbain et à la problématique du transport, il est nécessaire d’inventer une alternative au modèle pavillonnaire, et l'habitat vertical a pour principe de construire des maisons avec des jardins en étages. Concrètement, propose au futur accédant de concevoir, sur un plateau ouvert, sa maison à la carte en utilisant une surface de 120 à 200 m2, comprenant 50% de surface habitable, 25% de surface affectée obligatoirement au jardin (la dalle béton est faite pour supporter une épaisseur de 30 à 60 cm de terre, dans laquelle on peut planter des arbustes) et 25% de surface intermédiaire qui assure une possibilité d’extension du bâti ou du jardin. Autrement dit : lorsque la famille s'agrandira, les habitants pourront « grignoter » sur leur jardin, à condition que celui-ci ne fasse pas moins que 25m2. Tout cela en tenant compte du contexte économique, puisque le logement en accession sortira à 2700 euros du m2, contre 3 400 euros sur le marché libre. Et pour faire un peu plus d'économies, les futurs propriétaires partageront des espaces communs : laverie... Bien sûr, ces logements seront HQE (Haute qualité environnementale) ou basse consommation. Aucune voiture ne sera acceptée dans le quartier -tous les véhicules à moteur étant stationnés dans un parking à l'entrée de Terre Sud. Le permis de construire de la première tranche de 18 à 20 logements a été déposé cet été. « On va expérimenter et proposer des logements avec une grande diversité de traitement à nos accédants, dont le budget ne peut dépasser 180 000 euros. Dans les programmes futurs, 2e et 3e tranche, on pourra sans doute proposer des plateaux vides avec un pool d’artisans pour réaliser son logement, mais pour déposer les premiers permis et obtenir les prêts bancaires, il faut pour l’heure proposer à la vente une surface habitable. Avec la possibilité pour les acquéreurs de réaliser les extensions, et les finitions qu’ils souhaitent», conclut Philippe Dejean, directeur général de Domofrance. Noël Mamère, qui a visité avec Christophe Huttin les 18 logements conçus dans les arbres en plein centre de Berlin, près du Tiergarten (jardin aux animaux), par Frei Otto dans les années 70 et dans lesquels près de 40 familles vivent encore, croit dur comme fer à ce projet et voudrait en profiter, maintenant que le gouvernement est à gauche, pour faire voter la proposition de loi sur l'habitat coopératif qu'il avait élaborée en 2009.