Jeremy Moon est né en Nouvelle Zélande, un pays qui compte quand même 40 millions de moutons, dont 2 millions sont des mérinos – une race ovine particulièrement réputée pour la grande finesse, la douceur et la qualité extrême de sa laine. Une laine, notamment, qui a pour particularité de ne pas retenir les odeurs corporelles, quand elle est transformée en vêtement. A notre époque où le marché des vêtements techniques de sport est pourtant dominé par les fibres synthétiques, préférées pour leurs qualités déperlantes ou respirantes, Jeremy Moon a choisi d’arriver sur ce marché en 1995 avec une promesse écologique et originale : des vêtements et sous-vêtements techniques pour les sportifs fabriqués en laine mérinos, et vendus sous la marque Icebreaker. La marque, qui vient de s’installer aux Etats-Unis (à Portland, berceau de Nike – tout un symbole sur ses ambitions) et arrive tout juste en France, "pèse" désormais 100 millions de dollars de chiffre d’affaires et achète 20% de la laine néo-zélandaise, avec des contrats pluriannuels qui mettent les éleveurs à l’abri des fluctuations du marché mondial, selon un récent article de Time Magazine. Proche des producteurs, Icebreaker a pour autre originalité d’afficher sur la quasi-totalité de ses vêtements un "Baacode" (quelque chose comme "code Bêêêê" !) exclusif par lequel le client peut, sur le site web, remonter le temps et l’histoire de son vêtement jusqu’à l’un des 120 élevages partenaires de la marque dans les Alpes du Sud néo-zélandaises. Le client peut ainsi localiser l’exploitation de manière précise (et la survoler grâce à Google Earth), voir les conditions de vie des animaux qui ont produit cette laine (un mouton permet de faire cinq tee-shirts), rencontrer les éleveurs et en savoir plus sur les pratiques environnementales de leur exploitation. Une initiative à rapprocher, dans un autre genre, des "Footprint chronicles" lancées il y a deux ans par l’entreprise pionnière californienne Patagonia, d’ailleurs concurrente d’Icebreaker.