Alors que les stocks de poissons ont diminué de manière drastique ces dernières années (en 2003, les trois quarts des réserves mondiales étaient concernées par la surpêche - voir notre fiche produit sur le poisson), une étude de l'université de Colombie britannique (Canada) publiée dans la revue Conservation Biology et relayée par Le Monde, tombe à pic pour souligner l'intérêt qu'il y aurait, pour les consommateurs et les politiques, à soutenir la pêche artisanale. Les conclusions de l'étude, qui compare les pêcheries de petite taille (soit les navires de moins de 15 m, qui représentent 12 millions de pêcheurs) et les pêcheries industrielles (employant environ 500 000 pêcheurs dans le monde), sont éloquentes : les pêcheries artisanales capturent ainsi autant de poissons pour la consommation humaine que leurs concurrentes industrielles (soit environ 30 millions de tonnes), mais en utilisant des techniques plus sélectives, elles évitent les prises dites "annexes" (poissons et autres espèces non-consommables et rejetés à l'eau - qui représentent 8 à 20 millions de tonnes pour les pêcheries industrielles) ainsi que les prises recyclées en dérivés alimentaires (espèces non-commercialisables dont on récupère la chair et l'huile - les quantités atteignent 35 millions de tonnes pour la pêche industrielle). En outre, les pêcheries artisanales consomment chaque année sept fois moins de carburant que la pêche industrielle, de sorte qu'au total, la quantité de poissons pêchée par tonne de carburant consommée est de 1 à 2 tonnes pour la pêche industrielle… contre 4 à 8 tonnes pour la pêche artisanale.
Selon les chercheurs canadiens , la pêche artisanale reste donc "notre meilleur espoir pour une pêche durable" - même si elle est clairement désavantagée par les politiques de subventions des carburants : sur les 22 à 25 milliards d'euros dépensés chaque année pour aider le secteur de la pêche, un sixième seulement irait aux pêcheries de petite taille. Ce qui signifie, selon Le Monde, qu'un pêcheur industriel reçoit en moyenne 200 fois plus de subventions qu'un pêcheur traditionnel. A quand un éco-étiquetage signalant aux consommateurs sur les étals les poissons issus de la pêche artisanale ?