Encourager la production durable et réorienter la consommation vers les produits verts ne suffira pas : une politique spécifique et volontariste de consommation durable est nécessaire, distincte de la politique de production durable, et traitant notamment la question du niveau global de consommation (dans beaucoup de cas, les progrès réalisés dans l’utilisation des ressources sont annulés par la progression des ventes) et du rôle central de la consommation dans notre société ou dans la croissance économique. C’est la thèse principale du rapport présenté vendredi 28 janvier par Vincent Chriqui (Directeur Général du Centre d’Analyse Stratégique) et Elisabeth Laville (fondatrice du cabinet Utopies et du site Mescoursespourlaplanete.com), qui a présidé la réalisation du rapport, à Nathalie Kosciusko-Morizet, Ministre de l’Écologie, du Développement durable, des Transports et du Logement. Sans "prôner l'émergence d'une société de la décroissance", le rapport appelle néanmoins à "faire décroître, de manière sélective, notre impact environnemental, nos émissions de gaz à effet de serre et les prélèvements de ressources naturelles" tout en faisant croître le bien-être, la prospérité et les emplois. Il formule vingt-cinq recommandations qui posent les bases d'une "politique nationale de consommation durable", incitant à donner aux consommateurs les bons réflexes (gérer un budget, décrypter les publicités, s’interroger sur l’histoire des produits…) dès le plus jeune âge, à encourager des "initiatives pionnières et de terrain" dans une logique ascendante, à encourager l’économie de service (via l’extension de la garantie sur les produits ou l’affichage systématique du coût global des produits), à affiner les programmes de sensibilisation (approches différenciées selon les niveaux de revenus, prise en compte des dimensions sociales de la consommation avec ciblage de groupes sociaux et plus seulement d’individus…), à mobiliser les professionnels de la publicité et du marketing sur la transition à opérer, à encadrer la profusion de labels mais aussi les publicités ou opérations marketing (de type "un produit acheté, un produit offert") visant à encourager la surconsommation, à étendre le principe "pollueur-payeur" (en faisant financer le coût des éco-labels par les entreprises qui ne s’y engagent pas plutôt que par celles qui les portent) ou encore les "signaux prix" incitatifs comme les bonus-malus…