A la veille de l’ouverture de la saison de la pêche au thon rouge en Méditerranée pour deux mois (15 avril-15 juin), l’ONG environnementale Greenpeace a réaffirmé ces jours derniers que cette nouvelle saison de pêche augurait rien de moins que la disparition du thon rouge en Méditerranée. Car cette année encore tous les signaux d’alarme conduisant à la surpêche ainsi qu’à la pêche illégale sont dans le rouge, sans que les leçons n’aient été tirées des années précédentes, selon l’ONG. Lors de sa dernière réunion en novembre dernier, l’ICCAT (Commission internationale pour la conservation des thonidés de l’Atlantique) n’a pas pris de mesure significative de restauration du stock de thon rouge, cependant que l’Union européenne a de son côté octroyé des quotas de captures bien supérieurs aux recommandations scientifiques, et que la France n’est pas parvenue à mettre en place une politique efficace de réduction de la capacité de la flotte en cohérence avec le quota. "Des solutions existent et ce sont les décisions politiques qui manquent cruellement : à chaque échelon les décideurs ont failli, privilégiant ainsi les intérêts à court terme de l’industrie de la pêche" regrette François Chartier, chargé de campagne Océan pour Greenpeace France. Le quota, qui est certes en baisse pour la saison 2009, reste encore à 50% au delà des recommandations scientifiques. Et la flotte est en surcapacité : en France par exemple, la trentaine de navires ayant obtenu des licences de pêche au thon rouge (pour un quota national de 3 017 tonnes) s’est vu octroyer 90 tonnes par bateau, mais les patrons pêcheurs jugent qu'il leur faut 120 à 150 tonnes pour rentabiliser leur campagne. Du coup, en 2007, avec un quota théorique de 5 593 tonnes pour la France, les prises réelles déclarées s’étaient élevées à 10 000 tonnes en Europe. Rappelons que lors du Congrès mondial pour la Nature de l’UICN fin 2008, une majorité de pays s’était prononcée en faveur de la fermeture pure et simple de la pêcherie de thon rouge en Méditerranée.