Dans l’assiette, tout n’est que couleurs, délices et délicatesses… mais en cuisine, c’est souvent autre chose : bizutage, coups, harcèlement sexuel, machisme, racisme, menaces… Face à une violence qu'ils jugent récurrente dans les cuisines des restaurants, plusieurs chefs français ont décidé de briser le tabou et d'interpeller leurs pairs dans un manifeste. Lancé le 17 novembre dernier à l’occasion d’une conférence "Cook it cool !" à Sciences Po (organisée avec Atabula, lefooding.com et l’association Le Banquet), le document est signé par des grands chefs comme Cyril Lignac (Le Quinzième, Le Chardenoux,...), Adeline Grattard (Yam’tcha), Thierry Marx (Mandarin Oriental Hotel, …), Grégory Marchand (Frenchie), mais aussi cinq des Meilleurs ouvriers de France, dont le chef des cuisines de l'Elysée, Guillaume Gomez. L’objectif : "lever l'omerta" sur ces actes "indignes de la profession" - mauvais traitements et violences à l'étouffée qui corrompent le métier. Pour Franck Pinay-Rabaroust, rédacteur en chef d'Atabula, cette maltraitance s'explique par le côté "très jeune et très masculin" du milieu, qui emprunte son vocabulaire à l'armée. Les cuisiniers s'organisent en "brigade" et les services sont des "coups de feu". Dans les établissements prestigieux, où les grands chefs sont souvent absents, les seconds jouent des coudes et des dents pour se faire une place. Et les initiateurs de ce manifeste d’appuyer leur propos avec cette citation d’Einstein : "le monde ne sera pas détruit par ceux qui font le mal, mais par ceux qui les regardent sans rien faire". A bon entendeur...