Alors que le journal Forbes demandait la semaine dernière "Qui sera le Steve Jobs de l'écologie", un événement vient suggérer que cela pourrait ne pas être son successeur, Tim Cook. Apple vient en effet d'annoncer le retrait de ses produits du registre Electronic Product Environmental Assessment Tool (EPEAT) – une certification environnementale de référence pour les fabricants d'informatique. Selon le Wall Street Journal, Apple a demandé à EPEAT de dé-référencer l'intégralité de ses 39 ordinateurs fixes ou portables et de ses écrans, qui figuraient précédemment sur la liste du label vert. Parmi les produits concernés, des "stars" comme les dernières versions du MacBook Pro ou du MacBook Air. EPEAT, qui est un programme géré par l'ONG américaine Zero Waste Alliance, sélectionne après analyse plus de 2000 produits (ordinateurs, portables et écrans) de 29 fabricants américaines. Selon le magazine InfoWorld, le nouveau MacBook Pro avec son écran Retina serait partiellement à l'origine de la décision de la marque à la pomme : en effet, sa batterie et son écran sont maintenus en place avec de la colle, ce qui le rend plus difficile que les précédents à démonter pour réparation, optimisation ou recyclage. D'après le patron d'EPEAT, Robert Frisbee, Apple a décidé que ses derniers développements en terme de design ne sont plus compatibles avec les exigences de la certification.
Cette décision pourrait coûter cher à Apple : d'abord il y a le risque de voir ternir sa bonne réputation - historiquement gagnée en supprimant pas mal de composants toxiques dans ses produits et en développant des mini-rapports environnementaux sur chacun de ses produits en réaction à la campagne de Greenpeace "Green my Apple" en 2007 (voir aussi la lettre ouverte "A greener Apple" que Steve Jobs avait écrite sur ce sujet, en réponse à Greenpeace) ou encore en annonçant le mois dernier que son nouveau data center de Maiden en Caroline du Nord serait intégralement alimenté en énergies renouvelables (là encore après une campagne de Greenpeace "How clean is your cloud" qui plaçait Apple à la 5ième plus mauvaise place dans les grandes entreprises des TIC. Pire encore, Apple pourrait perdre des marchés publics et privés, car un grand nombre d'entreprises (comme Ford, Kaiser Permanente, etc.) ont désormais des cahiers des charges imposant la certification EPEAT sur les produits informatiques, cependant que le gouvernement exige que 95% de ses achats aient le précieux label. Ses concurrents bien représentés dans les sélections EPEAT, comme Dell, Hewlett Packard ou Samsung, pourraient profiter de la situation. D'ores et déjà, la Mairie de San Francisco a annoncé qu'à son grand regret elle ne pourrait plus acheter d'ordinateurs Apple. La célèbre marque à la pomme a réagi en rappelant, dans The Loop, qu'elle a en fait dépassé les normes EPEAT les plus strictes (elle communique par exemple sur la suppression des matériaux toxiques ou les émissions de gaz à effet de serre de l'intégralité de sa chaîne de production, ce que l'EPEAT ne requiert pas), et que EPEAT ne concerne de toute façon qu'une petite partie de ses produits, puisque la certification ne couvre ni les téléphones ni les tablettes, qui sont une part croissance du chiffre d'affaires d'Apple.