Né il y a seulement 4 ans, le site américain de location de chambres et d’appartements entre particuliers AirBnB est une étoile filante, passée du statut de petite start-up californienne créée entre amis à celui d’entreprise valorisée aujourd’hui à 2,5 milliards de dollars, selon le Wall Street Journal - et des bureaux à Londres, Paris, Sao Paulo, Moscou, Barcelone, Milan, etc. Mais face à un tel succès, AirBnB doit désormais faire face au mécontentement des hôteliers, qui dénoncent cette nouvelle concurrence "déloyale", et à certaines grandes villes n’appréciant pas que la société ne paye pas de taxe sur les nuitées. La ville de New-York s’est d’ailleurs emparée du sujet avec une loi votée en 2010 et entrée en vigueur en mai 2011, qui interdit à ses résidents de tirer des revenus d’une location de moins de 29 jours, à moins de se déclarer hôteliers ou d’être présent dans l’appartement le temps de la location. Petite subtilité : ce type de peine ne peut être applicable qu’en cas de premier délit observé (comme du tapage nocturne). Et c’est un dénommé Nigel Warren qui en a fait les frais il y a quelques semaines, en étant condamné à 2 400 dollars d’amende pour avoir loué une partie de son appartement via airbnb.com. Pendant 3 nuits, une touriste russe a résidé dans son appartement de l’East Village, moyennant 300 dollars, alors que Warren n’était pas présent - seul son colocataire était dans les lieux. A priori un peu bruyant, l’appartement a fait l’objet d’un contrôle de police, qui a constaté qu’il était loué à la touriste russe, sans la présence du loueur. Malgré la présence du colocataire, le juge new-yorkais a estimé que la location temporaire à des inconnus relevait de la concurrence aux hôtels. Warren dispose de 30 jours pour faire appel de cette décision et, fait révélateur, il est défendu par un avocat de la compagnie AirBnB – laquelle a déploré cette décision qui, selon l’entreprise, défavorise les 87% de New-Yorkais appartenant aux classes moyennes et que la location occasionnelle de leur logement principal aide à mettre du beurre dans les épinards. En tout cas, cette affaire arrive à point nommé pour pousser les villes à clarifier leurs règles en matière de location entre particuliers – c’est le cas à Paris qui a lancé des procédures contre des propriétaires louant plusieurs studios et petits appartements (mais pas encore, à date, leur résidence principale ou un pied-à-terre utilisé ponctuellement) en s'appuyant sur un décret relatif aux villes de plus de 200.000 habitants et stipulant que pour pratiquer la location de courte durée, il faut disposer d'un local commercial. En attendant que lumière soit faite sur cette affaire, AirBnB demande une clarification de la loi hôtelière new-yorkaise pour "protéger les hôtes qui louent occasionnellement leur maison (...) et non pas des hôtels illégaux".