Antibiotiques, anticancéreux, analgésiques, antidépresseurs ou hormones : selon un récent article du quotidien Le Monde, l’eau de nos rivières et nappes phréatiques, mais aussi du robinet, serait contaminée par les résidus médicamenteux évacués via les eaux domestiques des patients (urines et autres rejets). En réalité, les sources de cette pollution sont un peu plus variées : on y trouve aussi les effluents des industries et ceux des hôpitaux (comprenant notamment les excréments des patients), les rejets animaux issus des élevages, ainsi que les médicaments non utilisés et jetés aux toilettes, malgré les systèmes de collecte. Il reste que le Vatican a, de manière un rien opportuniste, pris position début janvier contre la pilule contraceptive, accusée d’avoir "des effets dévastateurs sur l'environnement". Ce soupçon est alimenté par des études récentes, théoriquement plus "neutres" : un rapport de l'Académie nationale de pharmacie française fin 2008 confirme qu’on trouve "des traces de substances médicamenteuses ou de leurs dérivés dans les eaux superficielles et souterraines, dans les eaux résiduaires, dans les boues des stations d'épuration utilisées en épandage agricole et dans les sols"… mais aussi dans les eaux "destinées à la consommation humaine". Problème : le traitement de ces résidus médicamenteux, quoique techniquement possible, ne figure pas dans les consignes données aux entreprises en charge de l’assainissement de l’eau ou de la potabilisation, alors même qu’ils pourraient présenter un danger potentiel pour l'environnement et la santé, via l'ingestion régulière de faibles doses.
Rappelons que David Servan-Schreiber, dans "Anti-Cancer", ne prend pas réellement position sur ce sujet précis, tout en recommandant quand même de boire de l’eau minérale ou de l’eau du robinet filtrée (les filtres éliminent les pesticides, les métaux lourds, le plomb, le calcaire, le cuivre, l’aluminium… mais pas les éventuels résidus de médicaments jusqu’à nouvel ordre). Voici en tout cas qui devrait arranger les fabricants d’eau en bouteille, dont les ventes ont plongé de 15% entre 2004 et 2008 (6% seulement pour les eaux de Danone en un an) mais voilà aussi de quoi accroître pour les consommateurs le dilemme eau du robinet contre eau minérale…