Qu’ont en commun les fanes de carotte, les feuilles de thé et les peaux d’avocat… ? Ce sont de magnifiques pigments ! Vieux roses, beiges-orangés et jaunes vifs proviennent directement de ces matières organiques qu’il serait dommage de jeter. C’est justement ce qu’a choisi la manufacture de mode de Rosa Tapioca, située dans le 17è arrondissement de Paris. La créatrice Aurélia Wolff utilisait déjà coton, soie et lin français ou européens, et souhaitait pousser la démarche environnementale jusqu’aux teintures. Les teintures chimiques ont progressivement remplacées les teintures végétales dans le monde du textile, car plus faciles à utiliser pour l’industrie, mais aussi plus gourmandes en pétrole et en eau. Alors pour renouer avec un procédé moins énergivore et tout aussi efficace (les teintures végétales sont très résistantes dans le temps), la créatrice a démarché des fournisseurs de fruits et légumes dans le quartier, afin de produire des teintures véritablement « locales ». Le restaurant mexicain fournit les peaux d'avocats ; la maraîchère les fanes de carottes, pelures d'oignons et feuilles de rhubarbe ; la fleuriste offre les pétales de roses ; et le bistrot laisse le marc de café et les feuilles de thé. Tout le monde met la main à la pâte ! Et pour boucler la boucle, les déchets organiques sont ensuite compostés. Pour l’instant, les pigments sont extraits artisanalement, mais une machine, le Récupère-couleurs, en en cours d’élaboration. Les premières collections en teinture végétale verront le jour en 2013.