Chaque année, 1,6 millions de tonne de nourriture est jetée. C’est globalement un tiers de la production alimentaire mondiale, estimé à 1,2 milliards de dollars : une absurdité totale. Et ces chiffres, révélés par le Boston Consulting Group en août 2018, vont sûrement augmenter dans les années à venir : il est probable qu’en 2030, nous jetions 2,1 millions de tonnes d’aliments non consommés.
A l’échelle de la Suisse, ces chiffres sont certes moindre, mais ont eu de quoi révolter 4 ingénieurs de l’Ecole Polytechnique Fédérale de Zurich (EPFZ) qui ont créé Äss-Bar, une boulangerie qui propose du « frais de la veille ». Reposant sur une oxymore, ce positionnement révèle là bien nos travers et nos caprices : un pain de la veille n’est certes pas frais, mais reste tout à fait comestible ! Il en va de même pour les viennoiseries et les pâtisseries, qui conservent toute leur fraicheur grâce à une chaine du froid respectée. Ces produits boulangers sont alors collectés auprès des artisans d’une même ville, puis revendus à petits prix, dont une partie est reversée aux boulangeries participantes. Si Äss-Bar se retrouve également pourvu d’invendus, les produits sont alors transformés en biogaz. Tout le monde est gagnant avec ce système local de gourmandises bradées !
Engagés contre le gaspillage alimentaire avant tout, les fondateurs d’Äss-Bar sont moins intéressés par l’argent que par le bon sens de leur projet : aujourd’hui l’entreprise compte près de 100 collaborateurs et dispose de 8 points de vente en Suisse et en Allemagne. Résultat : en 2016, 250 tonnes d’aliments ont été valorisées, permettant d’éviter l’émission de 225 000 kg de CO2 et de ravir les papilles de quelques 500 000 âmes conquises. L’heure est à la tentation responsable !