A l’occasion de la conférence des Nations-Unies sur le climat à Poznan, les Amis de la Terre France viennent de publier un rapport intitulé "Assurances françaises : changements climatiques garantis ?" : cette étude sur les 15 plus importants assureurs français (par taille décroissante de chiffre d’affaires : AXA, Generali, Aviva, CNP Assurances, Crédit Agricole-LCL, BNP Paribas, Société Générale, AGF, Groupama-GAN, Crédit Mutuel-CIC, Natixis, La Mondiale, MMA, MACIF, MAIF) révèle qu’aucun ne dispose d’une politique climatique complète et satisfaisante. Pourtant, les assurances françaises gèrent une somme colossale de 1500 milliards d’euros (l’équivalent de 80 % du PIB français) et la gestion d’actifs financiers des assureurs français génère selon l’étude des émissions induites de 490 millions de tonnes de CO2, ce qui équivaut à 90 % des émissions totales de la France. Comment cela est-il possible ? Tout simplement parce que les investissements sont réalisés dans des secteurs ou des projets à forte intensité carbone (énergies fossiles, bâtiment, etc.), voire dans des "fausses solutions" (agrocarburants, nucléaire, captage et stockage du carbone...), sans que ces investissements ne soient choisis avec des critères liés aux émissions de CO2, à la consommation d’énergie, etc. Or, affirme l’ONG environnementale, les investissements des assureurs français (qui semblent déjà plus ouverts à l’enjeu climatique que les banques, sur lesquelles les Amis de la Terre font campagne depuis quelques années) pourraient être un levier formidable dans la crise économique actuelle, pour orienter rapidement l’économie vers des modèles très économes en énergie et en ressources naturelles, et créateurs d’emplois locaux – à condition évidemment d'intégrer des critères environnementaux et sociaux explicites.
En outre, sur les deux secteurs de l’assurance automobile et habitation, de nombreux produits sont disponibles mais trop peu ambitieux, pour les Amis de la Terre, d’autant plus que l’influence de ces produits sur les comportements des consommateurs est avérée. Et d’appeler d’une part les Pouvoirs Publics à mettre la pression environnementale sur les acteurs financiers plutôt que sur les seuls industriels, "dans une économie financiarisée à outrance"… et d’autre part les consommateurs à demander l’étiquetage carbone des produits de placement et d'assurance (pour pouvoir choisir en connaissance de cause leurs produits financiers) tout en exigeant des produits d'assurance automobile et habitat encourageant beaucoup plus les choix responsables des consommateurs (formation à l'éco-conduite, achat de véhicules de classes A et B, utilisation des transports en commun, choix d'un habitat efficace énergétiquement, installation de système de production d’énergie renouvelable, etc.).