Selon Bloom, ONG spécialisée sur la protection des océans et la pêche durable, 71% des Français souhaitent que François Hollande soutienne, alors que le Parlement européen doit se prononcer le 10 décembre prochain sur un nouveau règlement relatif à la pêche en eau profonde, la proposition européenne d’interdiction de la pêche profonde au chalut, "un non-sens qui décime une centaine d’espèces, dont des animaux menacés d’extinction" précise l'association. Et de préciser que ce sondage date d'avant l’engouement viral des Français pour cette question - plus de 650 000 signatures recueillies (dont celles de diverses personnalités, notamment Hélène de Fougerolles, ambassadrice de la défense des océans profonds) suite à la bande dessinée de la bloggeuse Pénélope Bagieu mobilisée sur le sujet par Bloom. Concrètement, la campagne de l'association vise notamment l'enseigne Intermarché, la seule à posséder une flotte propre dont la pêche profonde représente 40% de la production et qui pèserait, selon Bloom, 85% du total hexagonal des captures d'espèces profondes. L'association et l'enseigne n'en finissent pas de se mener une guerre des nerfs sur le sujet. Entr'autres, l'association met en avant le fait que la société d'Intermarché (la Scapêche) aurait bénéficié de nombreuses subventions (près de 10 millions d'euros entre 2002 et 2011), et de 20 millions d'euros injectés par le groupe Intermarché, ce qui ne l'empêcherait pas d'accumuler les pertes (plus de 19 millions d'euros, selon Bloom). Du côté de l'argumentation économique, qui est l'une des lignes de défense d'Intermarché (selon l'enseigne, quelque 3.000 emplois directs et indirects en Bretagne seraient concernés), Bloom contre-attaque en affirmant que non seulement l'activité pêche profonde ne représente aujourd'hui qu'entre 44 et 112 emplois directs de marins à temps plein (soit 0,2 à 0, 5% des marins français) mais de plus, que le chalutage génèrerait l’un des plus faibles taux d’emploi par tonne de poissons débarqués, alors que les chalutiers profonds pourraient se convertir à la palangre (lignes avec hameçons et appâts) qui génère 6 fois plus d’emplois que le chalutage profond.
Pour émerger de cette controverse en eaux troubles et soigner leur image citoyenne, les concurrents d'Intermarché réagissent. Ainsi l'enseigne Casino a fait savoir qu’elle retirerait des ventes, à partir du 1er janvier 2014, les trois principales espèces profondes (sabre noir, grenadier et brosme) et qu’elle maintenait sa décision, datant déjà de 2007, de ne plus commercialiser la lingue bleue et l’empereur. Casino rappelle aussi que depuis avril 2012, ses magasins sont engagés dans une valorisation de la pêche artisanale française par le biais d’un réseau de distribution spécifique mis en place en partenariat avec les ports français (Lorient, Concarneau, Cherbourg, Fécamp, Granville, Saint-Jean-de-Luz etc.) permettant aux clients d’accéder à la pêche "du jour".