C’est le phénomène de ces derniers mois, et il pousse des boutiques spécialisées à tous les coins de rue, comme les pharmacies : l’e-cigarette se développe et un Français sur cinq l’a déjà testée en alternative au tabac, dans un contexte où 97% des fumeurs qui essaient d'arrêter sans aucune aide échouent et où un fumeur régulier sur deux mourra d'une maladie liée au tabac s'il ne s'arrête pas. Mais est-on vraiment sûr de l’innocuité pour la santé de la cigarette électronique ? Après le "ni oui ni non" de la Haute Autorité de santé (HAS) en janvier dernier, les fumeurs en quête de sevrage sont dans la fumée.
Car si l'e-cigarette ne contient ni tabac, ni goudrons, ni monoxyde de carbone, contrairement aux cigarettes classiques, les études montrent qu’il existe des substances toxiques dans les vapeurs d'e-cigarettes – selon l’avis général en quantité extrêmement moins forte, de 9 à 450 fois moins élevée que dans la vapeur de cigarettes classiques, indiquait récemment Cédric Grouchka, membre du collège de la HAS, dans une interview au Monde. Du coup, la HAS recommande aux médecins "de ne pas dissuader ceux qui vapotent, en leur disant que cela doit être temporaire et que ce soit dans l'idée d'arrêter complètement" mais en même temps de ne pas inciter leurs patients à le faire (!), puisqu’il n'y a pas de données sur les risques. Elle demande aussi, rappelle Le Monde, que les allégations selon lesquelles les e-cigarettes ont des effets bénéfiques sur la santé, sont moins nocives ou facilitent le sevrage tabagique soient interdites jusqu'à ce qu'elles soient scientifiquement prouvées.
Ce flou est aussi un marché sur lequel certains essaient de parier en se lançant par exemple dans l’e-cigarette bio, à l’instar de Naturacig. D’autres prennent des mesures plus radicales, sans attendre les controverses à venir : après New-York, Boston et Chicago, la ville californienne de Los Angeles a annoncé récemment sa décision de bannir les e-cigarettes de tous les endroits où les cigarettes classiques le sont également. A l’appui de ces décisions : l’incertitude totale dans laquelle la société est aujourd’hui quant aux effets sur la santé de ce produit, un peu comme elle l’était il y a cinquante ans quant aux effets de la cigarette, ce qui en a fait la cause principale de morts évitables aux Etats-Unis.